Le chiroptère antédiluvien du Wyoming

Des scientifiques viennent de découvrir le magnifique fossile de la plus ancienne chauve-souris connue. Cette espèce de chiroptère vivait durant l’Eocène (Il y a environ 51 millions d’années) dans une région lacustre du Wyoming aux USA. Il s’agit d’une nouvelle espèce : Icaronycteris gunnelli. 

Le résumé de cet article de PLOS ONE raconte cette découverte : 

Les dépôts de Fossil Lake de la Green River Formation, dans le Wyoming, un remarquable Lagerstätte du début de l’Éocène (51,98 ±0,35 Ma), ont produit près de 30 fossiles de chauves-souris au cours des 50 dernières années. Cependant, la diversité s’est limitée jusqu’à présent à seulement deux espèces de chauves-souris. Nous décrivons ici une nouvelle espèce d’Icaronycteris basée sur deux squelettes articulés découverts dans l’American Fossil Quarry au nord-ouest de Kemmerer, Wyoming. La situation stratigraphique relative de ces fossiles indique qu’il s’agit des plus anciens squelettes de chauve-souris retrouvés à ce jour dans le monde. L’analyse phylogénétique des chauves-souris fossiles de l’Éocène et des taxons vivants place la nouvelle espèce au sein de la famille Icaronycteridae, comme sœur d’Icaronycteris index, et indique en outre que les deux familles de chauves-souris archaïques de la rivière Verte (Icaronycteridae et Onychonycteridae) forment un clade distinct des lignées connues de chauves-souris archaïques de l’Ancien Monde. Nos analyses n’ont trouvé aucune preuve qu’Icaronycteris menui (France) ou I. sigei (Inde) appartiennent à ce clade ; par conséquent, nous les retirons d’Icaronycteridae. Dans l’ensemble, nos résultats indiquent que les chauves-souris de la rivière Verte représentent une diffusion distincte des chiroptères basaux, et apportent un soutien supplémentaire à l’hypothèse d’une diffusion rapide des chauves-souris sur plusieurs continents au début de l’Éocène.

Bibliographie

  1. The oldest known bat skeletons and their implications for Eocene chiropteran diversification. Tim B. Rietbergen , Lars W. van den Hoek Ostende, Arvid Aase, Matthew F. Jones, Edward D. Medeiros, Nancy B. Simmons. PLOS ONE, April 12, 2023. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0283505

Patagium et respiration

J’apprends, émerveillé, que le patagium d’une chauve-souris participe à la respiration de l’animal  : en effet, certaines parties de ce patagium, dépourvues de pores et de poils, ont un flux sanguin accru majorant les échanges gazeux lorsque la chauve-souris bat des ailes, ce qui augmenterait de plus de 10 % l’apport total en O2 !  Pour un amniote, ce niveau d’échange de gaz à travers la peau est sans précédent et contribue probablement à alimenter ses puissants muscles de vol.

L’article source, en anglais est là, la traduction du résumé est proposée ci-après :

La structure de la peau des ailes et du tronc d’Epomophorus wahlbergi a été étudiée en vue de comprendre les adaptations possibles des échanges gazeux et  de la thermorégulation. La peau du corps comporte un épiderme, un derme avec des follicules pileux et des glandes sudoripares et un hypoderme chargé de graisse. En revanche, la peau des ailes est constituée d’un mince épiderme bicouche séparé par du tissu conjonctif et dépourvue de follicules pileux et de glandes sudoripares. Les ailes mesuraient de 18 à 24 cm chacune, avec environ 753 cm2 de surface exposée à l’air. L’épiderme de la peau du corps était épais (61 ± 3 µm, SEM), le stratum corneum en occupant à lui seul un tiers (21 ± 3 µm). En revanche, l’épiderme du patagium était plus fin (9,8 ± 0,7 µm), avec un stratum corneum mesurant 4,1 ± 0,3 µm (41 %). Les capillaires de la peau en réseau couraient au milieu du noyau de tissu conjonctif, avec une distance de diffusion surface-capillaire résultante de 26,8 ± 3,2 µm. Le taux de consommation d’oxygène (V̇O2) des ailes seules et de l’animal entier, mesuré sous anesthésie légère à des températures ambiantes de 24 ºC et 33 ºC, était en moyenne de 6 % et 10 % du total, respectivement. Le taux de production de dioxyde de carbone présentait des valeurs similaires. La capacité de diffusion de la membrane du patagium a été estimée à 0,019 ml O2 min-1 mmHg-.
Nous concluons que chez Epomophorus wahlbergi, le patagium présente des modifications structurelles autorisant une contribution substantielle à l’échange gazeux total.

Pour ce qui me concerne, j’en suis tout ébaubi  !