18 km de nature et d’histoire


En ce mercredi de juin de l’an de grâce 2023, sous la houlette bienveillante et attentive de Marc, notre guide des Corsaires malouins, nous randonnâmes sur 18 km, par une journée de printemps chaude et ensoleillée. Au cours de cette randonnée, qui nous offrit des paysages magnifiques, pour ne pas dire luxuriants, nous admirâmes des oiseaux nombreux et variés (Bergeronnettes grises, Hérons garde-bœufs, Buses variables, et autres Rouge-gorges), nous entendîmes roucouler la belle Tourterelle des bois et les Troglodytes mignons, et nous humâmes les senteurs des églantiers et des aubépines. Mais l’intérêt de cette randonnée, comme souvent en Bretagne, ne fut pas que bucolique ou naturaliste ! Il fut également historique.

L’étang de Bétineuc fut le point de départ. de notre randonnée. 

Qui pourrait penser que étang était, il y a un siècle, une grande prairie où venaient paître les vaches ? Qui s’imaginerait qu’il a été un terrain d’aviation allemand durant la seconde guerre mondiale et qu’il fut l’un des plus grands hippodromes de Bretagne ? Et pourtant beaucoup de gens du village de Saint-André-des-Eaux se souviennent, lorsqu’ils étaient enfants, avoir conduit les « bêtes à corne » dans la prairie. Chaque personne avait sa petite parcelle qui ne mesurait pas plus de dix ares en moyenne. En tout, il y en avait 255 réparties sur 50 hectares. Le foin était coupé le 24 juin, occasion pour tout le village, le soir venu, de célébrer la Saint-Jean. La prairie ainsi fauchée, pouvait servir aussi bien de champ de courses que de terrain d’aviation.

Les journaux de l’époque ne tarissaient pas d’éloges à son sujet. Pendant les fêtes du 22 août 1926 , l’après-midi, vers 14 heures, avaient lieu des courses de chevaux sur le magnifique hippodrome de Bétineuc. Une assistance nombreuse, évaluée à près de cinq mille personnes, se pressait le long de la piste. Le vendredi 7 et le samedi 8 septembre 1926, selon l’Union Malouine et Dinannaise,

« Plus de 8 000 personnes ont suivi les courses. .. Le record des entrées, nous a-t-on dit, a été battu sur le magnifique hippodrome, un des plus beaux de Bretagne ». Le 18 septembre 1927 (Éclaireur Dinannais)

Un article de Ouest-France du 7 septembre 1949 relate « Le magnifique succès de la fête aérienne d’Evran ». On pouvait y voir un « R. A15 » « Norécrin », trois « Stamp », un « Piper ». Ce fut l’occasion pour beaucoup d’effectuer leur baptême de l’air. 

En 1967 des sondages révélèrent la présence de sable et de gravier. La prairie laissa place alors à une carrière nommée « la sablière » Après son abandon, le département la racheta en 1979, avec la participation de la fédération de pêche. L’étang, fut aménagé alors petit à petit pour, donner ce qu’il est aujourd’hui

Depuis, la faune et la flore ont reconquis les lieux. L’érable, le hêtre, le sycomore, le chêne ont été plantés. Le long des berges, on observe me grande diversité de fleurs sauvages telles que la vesce à épi, la consoude officinale, l’achillée millefeuille, la fumeterre officinale, la lysimaque commune. Le canard colvert qui passe l’hiver dans ses eaux, le héron cendré, le martin pêcheur, le chardonneret élégant, le tarin des aulnes sont des oiseaux familiers de l’étang. Il n’est pas rare de voir un ragondin nageant d’une rive à l’autre ou un vison d’Amérique pointant le bout de son nez derrière un buisson. 

Le château de Beaumanoir

À Évran, l’actuel château de Beaumanoir construit en 1628 à quelques centaines de mètres, au sud-est de l’ancien manoir fortifié des de Beaumanoir (aujourd’hui disparu), est l’un des plus beaux châteaux de style Louis XIII que l’on peut voir en Bretagne. Les tours aux toitures en carène encadrent la porte monumentale d’inspiration renaissance italienne. Wikipédia nous en apprend davantage sur ce château spectaculaire.

Un premier château est construit par la famille de Beaumanoir au XIIe siècle, non loin d’Évran, à l’emplacement du Clos du Petit Bois sur les hauteurs qui dominent la vallée de la Rance, à 150 mètres du château actuel et en direction du hameau de Beaumanoir. Les guerres de la Ligue, à partir de 1590, lui sont fatales : elles entrainent sa décrépitude, puis sa disparition.

François Peschart, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi et conseiller au parlement de Bretagne construit le château actuel en 1628. Il semble qu’il ne soit pas dû, comme cela a été avancé, aux architectes Salomon de La Brosse et Thomas Poussin, mais qu’il soit l’œuvre de l’architecte lavallois Jacques Corbineau et de son fils Étienne.

La porte d’entrée et les deux tours carrées sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 21 novembre 1925 alors que les façades et toitures de l’ensemble des bâtiments sont classés par arrêté du 23 avril 1965.

Le château est un bâtiment à quatre corps entourant une cour d’honneur rectangulaire et flanquée de deux ailes perpendiculaires à usage de commun.

Au sud, la cour d’honneur est fermée par un mur où court un chemin de ronde à balustres accessible par deux escaliers latéraux. Dans l’épaisseur du mur, s’ouvre une porte monumentale d’inspiration Renaissance italienne. Ce portail, entouré de pilastres à bossages aplatis, comporte, à sa partie supérieure, l’architrave et un fronton courbe amortie sphères, supportés par une console de mâchicoulis. Dominant l’ensemble, une statuette d’Éros et au tympan du fronton, les armoiries de la famille de Langle-Beaumanoir.

Des figures de chérubins sont sculptées sur l’architrave. Le chemin de ronde est flanqué de deux tours carrées à toitures en carènes surmontées de lanternons. Au niveau du chemin de ronde, ces tours prennent appui sur des figures de cariatides, martelées en partie par la propriétaire des lieux, au XIXe siècle, offusquée, dit-on, par la vue de leurs opulentes poitrines.

La chapelle, située dans la tour orientale, est de forme octogonale. Sa voûte est soutenue par huit colonnes ioniques concentriques, en pierre de jauge du Quiou. Elle comporte un autel en chêne et un retable du XVIIe siècle. L’autel et le retable, ornés de feuilles d’acanthe, de chêne et de laurier, réunies en un bouquet sculpté, sont typiques du style Louis XIII.

À la base de la tour, se trouvait la crypte où étaient enterrés les membres de la famille de Langle-Beaumanoir qui occupa le château pendant près de deux siècles et demi, jusqu’en 1947. Le conseil général des Côtes-du-Nord, s’en porta acquéreur en 1963, le restaura alors qu’il menaçait ruine.

L’if remarquable de Saint-André des Eaux

Un if (Taxus baccarat) vieux de de 450 ans. 4,5 m de circonférence, 15 m d’envergure, et 14 m de haut. Telles sont les mensurations de cet arbre remarquable*, au port tourmenté, qui fait écho à la chapelle en restauration, dont il est contemporain. C’est un témoin de la vie passée de ce parvis de cimetière aujourd’hui abandonné et reconverti en chemin de balade. 

Centenaires, parfois millénaires, les arbres remarquables des Côtes d’Armor constituent un patrimoine naturel original. En collaboration avec l’association Vivarmor Nature, le Département a recensé ces arbres d’exception et vous propose de les (re)découvrir. Historiques, témoins du passé, associés à des cultes religieux ou païens, parfois colossaux, ces végétaux ont en commun d’être hors du commun. 

La chapelle de la Pitié de Saint-André-des-eaux

Edifiée entre le X et le XIIIe siècle, l’ancienne église de Saint-André-des-Eaux fut abandonnée vers 1893) En effet, l’insalubrité des lieux ,très souvent inondés par les crues de la Rance, dégrada progressivement l’édifice. Un nouveau lieu de culte fut alors édifié à l’intérieur du bourg. Aujourd’hui il ne reste que des ruines car, suite à l’abandon, s’ajouta la vente des murs de l’église, cette dernière servant de carrière. Sa démolition fut interrompue au début du XXe siècle. De l’édifice rectangulaire d’origine ne subsiste que la façade sud. De la nef ne restent que les vestiges d’un arc triomphal, jadis orné de fresques, dont l’une datait de la fin du XI° siècle. Cette dernière disparait avec une partie de pierres utilisées pour la construction du mur du cimetière et un préau à l’école communale. Une copie de la scène de crucifixion de style byzantin a pu être relevée et est conservée au musée national des Monuments français à Paris. Son porche est du début du XVe siècle, on peut encore voir d’importants vestiges de peintures murales romanes. A l’intérieur de cette église se trouvait le bras reliquaire, dit « de saintAndré ». Il contient en réalité les reliques de deux saints, saint Magne et saint Gonnery, dont les fragments d’os sont visibles au travers d’une petite fenêtre, dans le logement aménagé à l’intérieur du bras métallique. Il était de tradition, lors des périodes de sécheresse, de transporter ce reliquaire, en une procession solennelle, jusqu’à une mare qui, dit-on, ne tarissait jamais. Le reliquaire y était immergé en grande cérémonie, tandis que les habitants invoquaient ces saints pour que la pluie exauce leurs vœux. Wikipédia nous en dit plus sur cette chapelle

Ce fut une bien belle journée, en vérité !

Laisser un commentaire