Criblé de trous et les yeux bleus


Ballade sur l’estran par un un frisquet matin d’autome. Pas un souffle de vent. Le soleil encore timide semble nous promettre un peu de chaleur, mais pour plus tard dans la journée. Quelques Grèbes et quelques Harles tous huppés, quelques cormorans (grands ou huppés ?) et des goélands déjeunent devant nous, sur une mer lisse comme un miroir. Une Aigrette garzette les rejoindra bientôt.

Les naturalistes, quant à eux, s’activent, à genou dans la vase; ils retournent les rochers, admirant les algues et les animaux qui s’offrent à leur yeux, animés du secret espoir de découvrir l’espèce rare. Ici un syngnathe, là une jolie civelle, un blennie, un gobie, une étoile de mer ou une crevette, sans oublier les limaces et les galathées. 

Mais c’est la découverte d’ormeaux (Haliotis tuberculata), sous les rochers retournés, qui sera pour moi l’instant du jour. 

Ces coquillages sont très prisés des gastronomes et des guitaristes (ils sont délicieux et leur nacre est très recherchée pour les rosaces des guitares). 

En langage vernaculaire, on les nomme Oreille de mer, Cormier ou Oreille de Saint-Pierre, en raison de la forme de leur coquille qui rappelle celle de la conque d’une oreille. On les nomme aussi Truffe de mer. Dans la Manche, ils sont appelés gofiche ou goufique.

Leur coquille a donc une forme d’oreille. La face interne de cette coquille est superbement tapissée d’une nacre bleue irisée du plus bel effet.… Mais cette coquille, superbe, présente d’intrigantes perforations…  Et le mollusque qui l’habite a les yeux bleus.  Qui l’eût cru ? 

© Pascale Verrier

La question que  les béotiens se posèrent sur l’estran vient immédiatement à l’esprit du lecteur perplexe: à quoi diantre, servent donc ces trous dans la coquille des ormeaux nacrés aux yeux bleus ? 

Le sommet de la coquille est perforé d’une série d’orifices, parallèles au bord gauche, dont un certain nombre seulement reste ouvert. Ces orifices permettent la sortie du courant d’eau qui a circulé dans la cavité palléale, cavité dans laquelle se déversent l’urine et les gamètes du coquillage et où se trouvent les branchies. La circulation de l’eau permet le renouvellement de l’oxygène pour la respiration et l’évacuation des déchets et des gamètes. L’eau est mise en mouvement dans la cavité par des cellules ciliaires. De nouveaux orifices s’ouvrent au fur et à mesure de la croissance de la coquille, les anciens se bouchant pour former une rangée d’excroissances.

Étonnant, Non ?

DOCUMENTATION

  1. Haliotis tuberculata. Wikipédia
  2. Haliotis tuberculata. Doris
  3. Monographie et étude de la dynamique de population d’Haliotis tuberculata au Sénégal.- Thèse de Marc Lepetit. 2009

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