Espèces exotiques envahissantes

De récentes lectures m’ont fait appréhender une des conséquences néfastes de la mondialisation sur la biodiversité : les espèces exotiques envahissantes. Ces espèces peuvent être animales ou végétales.

Voir cet article : Quelle est la pire des menaces qui pèse sur la biodiversité ?

Qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante ?
Une espèce exotique envahissante (EEE) est une espèce introduite par l’homme volontairement ou involontairement sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle, et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales.  
Toutes les espèces introduites ne sont pas envahissantes, schématiquement 1 espèce sur 1000 le devient.


Quatre étapes décrivent le processus invasif :

  1. L’introduction : une espèce arrive sur un territoire dont elle n’est pas originaire
  2. L’acclimatation : l’espèce survit sur son nouveau territoire
  3. La naturalisation : l’espèce se reproduit sur son nouveau territoire
  4. L’expansion : l’espèce colonise ce territoire et s’étend, au détriment d’espèces locales qu’elle va supplanter voire totalement éradiquer.

Ces étapes peuvent se dérouler sur un temps assez long, l’espèce restant « discrète » pendant une période donnée, puis connaître une phase rapide d’expansion à la faveur de modifications diverses (climat, ressources, etc.).
source


En Bretagne, la récente conférence d’un expert de FREDON, nous a appris que 6 espèces végétales exotiques peuvent être considérées comme envahissantes :

  1. Le séneçon en arbre (Baccharis halimifolia) : son pollen peut entraîner des symptômes allergiques (en septembre-octobre) et notamment une aggravation du rhume des foins. Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique a classé son pollen dans la catégorie « modéré » ce qui signifie que cette espèce ne doit pas être présente en trop grand nombre. Par ailleurs, Baccharis halimifolia augmente le risque d’incendie dans les friches car c’est un bon combustible. En effet, ses feuilles et son bois sécrètent une résine facilement inflammable.
  2. La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) : La berce du Caucase comporte un risque sanitaire grave. En effet, sa sève contient des substances photosensibles (appelées furanocoumarines) qui, quand elles entrent en contact avec la peau et que la personne atteinte s’expose au soleil, provoquent des brûlures pouvant être très conséquentes (jusqu’au troisième degré).
  3. Le datura stramoine (Datura stramonium) : Le datura stramoine pose d’importants problèmes sanitaires, car chaque partie de la plante (tige, feuille, fruit, graines, racine) est toxique. Poussant dans les cultures, il peut induire une baisse des rendements ainsi qu’une contamination des récoltes. Une fois ingéré, il peut provoquer une confusion mentale, des effets hallucinogènes, des amnésies… Les doses létales chez l’enfant de 2 à 5 g de graines et une dose létale chez l’adulte de 10 à 12 g de graines (1g ≈ 100 graines).
  4. Le raisin d’Amérique (Phytolacca americanum) : La plante est intégralement toxique. A partir d’une tasse d’infusion des feuilles ou de 10 baies ingérées (pour un adulte) les premiers symptômes apparaissent (diarrhée aiguë, vomissements, douleurs abdominales, tachycardie, vertiges).
    Sa toxicité est avérée pour les bovins, les porcs, les chevaux, les moutons, certains mollusques et certaines volailles (dinde notamment). Des cas d’empoisonnement ont été recensés pour des chevaux en forêt de Fontainebleau conduisant à la mort des animaux. Le pâturage est donc à proscrire comme moyen de gestion du phytolaque.
  5. Les grandes renouées asiatiques : Ces plantes sont une menace pour la faune et la flore. Il est très difficile de lutter contre elles et finissent par fermer le milieu et recouvrir intégralement des zones entières : la flore initialement présente, riche de sa diversité, disparait sous l’effet de l’ombrage créé. Les grandes renouées asiatiques sont des compétitrices redoutables notamment grâce à leurs propriétés allélopathiques : elles sont capables de produire des composés chimiques toxiques qui gardent à distance toutes les autres plantes et donc les animaux associés.  Il existe quatre renouées asiatiques invasives identifiées par le Conservatoire Botanique Nationale de Brest.
    1. La renouée du Japon (Reynoutria japonica)
    2. La renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis)
    3. La renouée de Bohême (Reynoutria bohemica) qui est un croisement des deux premières 
    4. La renouée à nombreux épis Polygonum polystachyum)
  6. L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) : Son pollen, responsable de nombreuses allergies respiratoires, pose un sérieux problème de santé publique.

S’agissant de la faune, de récentes lectures, m’ont fait découvrir quelques espèces exotiques envahissantes dans le règne animal. Il en est bien d’autres que celles que je cite.

  1. Le frelon asiatique : (Vespa velutina) :  Vespa velutina capture des abeilles domestiques (38,1 %), des mouches (29,9 %) et des guêpes sociales (19,7 %), ainsi qu’un large spectre d’autres arthropodes (au moins 159 espèces). Les proies varient également selon l’environnement du nid : les colonies urbaines chassent plus d’abeilles domestiques, tandis que les forestières attaquent davantage de guêpes sociales. Vespa velutina est un prédateur généraliste et opportuniste qui cible surtout les proies localement abondantes. Son impact sur la plupart des espèces sauvages resterait donc limité. source. Un apiculteur breton a inventé un piège à frelons asiatiques, tellement sélectif et efficace, qu’il a gagné une médaille d’or au Concours Lépine 2022.
  2. La fourmi électrique (Wasmannia auropunctata) :  C’est une espèce de fourmis invasives pouvant former des supercolonies, grâce à un mode de reproduction très particulier. (sexué et par clonage !).  Originaire de l’Amérique du sud, elle se trouve aujourd’hui sur la majorité des continents. Elle a été observé à Toulon en 2006. Sa piqûre est très douloureuse et elle menace la biodiversité. Cette espèce de fourmis est considérée comme l’une des plus envahissantes au monde. Et elle a été récemment placée sur la liste des espèces préoccupantes pour l’Union européenne. Parce que ses impacts écologiques et économiques sont majeurs.  source
  3. Humbertium covidum  : La science participative a permis de découvrir un ver plat déjà présent en Europe. Aperçu dans les Pyrennées-Atlantique et en Italie, Humbertium covidum est une nouvelle espèce exotique invasive dont les caractéristiques du génome ont pu être différenciées grâce aux techniques modernes de la biologie moléculaire. Cette découverte est une nouvelle illustration du phénomène moderne de mondialisation… Depuis une dizaine d’années, nous savons que d’autres vers plats ont envahi les jardins de France :  le ver plat de Nouvelle-Guinée (Platydemus manokwari), les vers géants à tête en forme de marteau (surtout Bipalium kewense) et le bizarrement nommé Obama nungara, qui, à lui tout seul a envahi plus de 70 départements métropolitains. Source

Le CENTRE DE RESSOURCES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES permettra aux lecteurs curieux d’en apprendre davantage sur les espèces exotiques envahissantes, nombreuses, végétales et animales qui menacent la biodiversité. 

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