Un bien beau plumage, sans aucun ramage, hélas.

Le jour n’était pas levé depuis une heure, en ce froid matin de décembre; un pâle soleil peinait à chasser les lambeaux de brouillard s’accrochant gaillardement aux prairies et aux bois du parc de la Briantais, à Saint-Malo. Il était tôt, il faisait froid, mais nous partions, gaillards, à la chasse aux oiseaux dont on nous avait dit qu’ils seraient nombreux en ces lieux.

Point de fusil, fût-il à lunette, non plus que de gibecière. Nous n’étions armés, en sus de nos yeux encore embrumés de sommeil, que d’une paire de puissantes jumelles, car c’est une chasse aux images que nous avions organisée. Et notre butin fut mémorable.

Nous fûmes accueillis, en fanfare, par le chant de la Sitelle torchepot, qui nous accompagna souvent, mais que jamais nous n’eûmes l’heur d’apercevoir. Les Merles noirs sautillaient, sifflaient, et se gavaient goulûment de lombrics dodus. Après avoir admiré les Mésanges charbonnières et les Mésanges bleues, les Rouge-gorge familiers et les Pies bavardes, nous vîmes, pour la première fois, béotiens avides de merveilles, plein écran dans nos jumelles 16x, celles qui furent les héroïnes de notre matinée.

Laissez-moi vous présenter les Grives mauvis  (Tordus iliacus) ! 

Elles sont bien plus belles dans la nature que sur le papier

Silhouette de Merle noir, ou de Grive musicienne, même démarche, même comportement (en tout cas pour le béotien) c’est le plumage magnifique de l’oiseau qui nous arracha un cri d’admiration (intérieur, le cri, nous savons nous tenir sur le terrain) tant il nous submergea d’émotion. Rien de mieux que d’en lire la description détaillée et d’en regarder les images sur oiseaux.net ! Quelles merveilles que ce sourcil crème, ce plastron tacheté de fauve et ces flancs roux ! Toute la matinée elle nous régala de sa présence, même après l’avoir abandonnée pour cheminer en bord de mer, en compagnie des Goélands argentés, huîtriers pie, Aigrettes garzette, et autres Grands cormorans : elle était toujours là à notre retour, malicieuse, sur les chemins, et les pelouses, au grand dam des vers de terre dont j’imagine l’effroi.

S’il fut ici question de plumages munificents, il ne fut jamais question du moindre ramage. Jamais les grives, ni les musiciennes ni les mauvis, ne nous gratifièrent d’un quelconque chant. Seuls les merles, les mésanges et les sittelles s’essayèrent à de mélodieuses vocalises. Il faisait froid, il faisait faim, les grives n’étaient apparemment pas d’humeur. Une prochaine fois sans doute. Le film fut en couleurs, mais muet. Il nous a vraiment plu, vous l’avez compris !

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