Singulières halophytes

Les sorties d’exploration de l’estran sont, bien souvent, l’occasion de d’admirer des espèces remarquables ou d’apprendre des choses étonnantes. La nature sait nous émerveiller par ses merveilles comme par ses étrangetés.

Lors de notre dernière exploration, nous avons été présentés, dans les zones supralittorale et adlittorale, à des plantes capables de survivre et prospérer dans un milieu difficile car très riche en sel. On parle de plantes halophytes, adaptées aux milieux salés, car parfois immergées (lors des grandes marées) ou exposées au embruns.

Les plantes halophytes ont développé plusieurs mécanismes adaptatifs, (morphologiques, et physiologiques) leur permettant de survivre en milieux salés.

Voici quelques exemples de ces mécanismes physiologiques :

  • La sécrétion de sel : certaines plantes halophytes ont des glandes spécialisées qui leur permettent d’éliminer l’excès de sel. Ces glandes se trouvent sur les feuilles ou les tiges des plantes, et permettent de maintenir une concentration de sel acceptable dans les tissus de la plante.
  • L’accumulation de solutés : Les plantes halophytes peuvent accumuler des solutés compatibles dans leurs cellules pour réduire l’effet du sel sur leur métabolisme. Ces solutés comprennent des acides aminés, des sucres et des alcools organiques qui peuvent aider la plante à réguler son équilibre osmotique.
  • L’adaptation de la structure racinaire : Les racines des plantes halophytes sont souvent plus profondes et plus développées que celles des plantes non halophytes. Elles peuvent également avoir des poils racinaires plus courts et plus épais pour minimiser l’absorption de sel.
  • La capacité à résister au stress oxydatif : Les plantes halophytes sont souvent soumises à des niveaux élevés de stress oxydatif, en raison de l’accumulation de sel. Elles ont donc développé des systèmes enzymatiques spéciaux pour neutraliser les radicaux libres et protéger leur matériel génétique et leurs membranes cellulaires.
  • La tolérance à la sécheresse : Les plantes halophytes peuvent également survivre à des environnements salins en développant une tolérance à la sécheresse. Elles ont souvent des feuilles épaisses et charnues qui leur permettent de stocker de l’eau et de minimiser la perte d’eau par transpiration.
  • Réduction de la transpiration. Pour minimiser la perte d’eau causée par la transpiration, les halophytes réduisent la taille de leurs organes aériens, tels que feuilles et tige. Ces plantes ont des feuilles petites souvent modifiées en aiguilles ou en écailles. Elles ont une cuticule épaisse recouverte d’une couche cireuse afin de limiter la transpiration. Environ 90 % de l’eau perdue par une plante sort par les stomates, pores responsables des échanges d’O2 et de CO2 entre l’atmosphère et la feuille. La quantité de stomates se trouvant sur les feuilles des halophytes est donc grandement réduite pour limiter ces pertes. Les stomates peuvent également être situés dans des cryptes où l’air est moins souvent renouvelé. De la même façon, les feuilles peuvent être pubescentes ce qui limite la circulation d’air et minimise les échanges.
  • Forme des organes aériens et stockage de l’eau. Les halophytes sont caractérisés par des structures homologues à celles des plantes vivant dans les milieux arides (Xérophytes). En effet, elles possèdent souvent des organes aériens succulents (charnus). Les tissus qui présentent cette succulence sont créés par hypertrophie de certaines cellules du parenchyme, un tissu de réserve ou d’assimilation, qui devient capable se gorger d’eau lorsque la ressource est accessible. Ces feuilles succulentes peuvent donc emmagasiner de grandes réserves d’eau. Leur tige, souvent charnue, leur confère la même propriété de stockage de l’eau, permettant de diminuer la concentration interne en sel. Puisque les halophytes perdent beaucoup d’eau par transpiration et ce, proportionnellement à la surface de leurs tissus, et qu’un moyen de pallier cette perte est de faire des réserves d’eau, ces plantes ont avantage à avoir un ratio surface/volume très petit.
  • Contrôle de l’absorption des sels. Lorsque la concentration en sel est trop élevée dans l’environnement, la plante limite l’entrée des sels dans ses tissus via des membranes perméables sélectives. Ces membranes ne laissent pas entrer les sels dans le cytosol au delà d’un seuil adapté à la plante. Certaines plantes, comme le palétuvier rouge, possèdent des glandes situées sur leur épiderme qui ont pour but d’excréter les sels, surtout NaCl, par les feuilles afin de diminuer la concentration en ions à l’intérieur des tissus et de la ramener à l’équilibre. Chez la plupart des plantes, les sels en excès sont stockés dans des vacuoles afin de diminuer leur concentration dans le cytosol et les chloroplastes. Chez les soudes (Suaeda), les tissus contenant une trop grande concentration en sel noircissent et tombent. Cette forme de sénescence entraînent le remplacement des organes gorgés de sels par de nouveaux à même d’accomplir leur fonction.

En combinant ces mécanismes adaptatifs, les plantes halophytes peuvent survivre et prospérer dans des environnements extrêmement salins où les plantes ordinaires ne peuvent pas survivre.

Les plantes halophytes les plus communes, en Bretagne sont : 

Pour en savoir davantage sur les plantes halophytes : voir ici

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