Les pionniers de l’extrême !


Ils sont partout. Ni plantes, ni animaux, ils ne possèdent ni racines, ni feuilles, ni tiges. Leurs formes, leurs couleurs, et leurs habitats sont innombrables. Ils sont là depuis la nuit des temps. Ce sont des pionniers d’une exceptionnelle résistance. Ascétiques, ils se nourrissent de trois fois rien. Mais qui sont-ils donc ? 

Lichens, qu’êtes-vous donc ?

Les lichens sont des organismes formés par la symbiose entre un champignon et une algue. Ils génèrent un appareil végétatif composé à 90 % par le champignon, le thalle, qui se développe lentement à la surface de supports variés, y compris dans des milieux souvent hostiles, sols, rochers, branches, murs, tuiles, où ils peuvent être exposés à la sécheresse et souvent à de fortes températures. En fait les lichens poussent dans tous les milieux (sauf en haute mer), sur les tissus des animaux vivants, et même en zones très polluées. Par leur capacité à vivre en conditions extrêmes, les lichens peuvent coloniser des substrats pauvres en substances nutritives et sont considérés comme de véritables pionniers.

La symbiose lichénique est plus complexe que ce que l’on croyait jusqu’alors : la structure du thalle montre non seulement la présence de deux partenaires de base (un champignon + une algue verte ou/et une cyanobactérie) mais aussi celle de nombreuses bactéries et d’un champignon unicellulaire découverts récemment.

Pour faire simple, disons que le champignon fournit le support et la protection, les sels minéraux (extraits de l’eau atmosphérique ou de l’eau de ruissellement), et la réserve d’humidité qui limite la dessiccation du thalle; l’algue fournit les nutriments carbonés issus de la photosynthèse chlorophyllienne (des sucres, de l’amidon chez la plupart des espèces, réserve lipidique chez les Trentepohliales), 20 à 30 % des nutriments étant en moyenne rétrocédés au champignon.  Cet échange de bons procédés pourrait être trivialement résumé d’une phrase : « Passe-moi le sel, je te passe le sucre ». Les lichens ont aussi la possibilité de dissoudre des éléments minéraux du substrat en excrétant, par l’intermédiaire du champignon, des acides organiques.

Il existe plus de 20 000 espèces de lichens, qui résultent de l’association de plus de 1 500 espèces de champignons et de 100 espèces d’algues. Les champignons impliqués dans la symbiose lichénique appartiennent principalement à la division des ascomycètes, mais aussi à celle des basidiomycètes. Les algues sont soit des algues vertes, soit des cyanobactéries, soit les deux. 

Lichens, il paraît que vous savez évaluer la pollution de l’air ?

  • Nylander, lichénologue finlandais, dès la fin du XIXe siècle, par des observations réalisées à Paris sur les arbres du Jardin du Luxembourg fut le premier à émettre l’idée que les lichens étaient sensibles à la pollution atmosphérique. La disparition des lichens s’est avérée être le résultat de la présence du dioxyde de soufre (SO2), émis par la combustion du charbon et le développement industriel de l’époque.
  • Diverses méthodes basées sur l’observation de lichens ont vu le jour permettant de détecter l’effet de la pollution atmosphérique et d’en cartographier les effets.
  • Depuis les années 89-90, la diminution des émissions de SO2 a permis le retour des lichens sensibles à ce polluant. Mais d’autres polluants persistent comme les oxydes d’azote qui entraînent la propagation d’espèces lichéniques dites nitrophiles.
  • Les lichens sont capables d’accumuler divers polluants tels que les métaux, des éléments organiques, des radioéléments, etc. et peuvent être utilisés comme capteurs de polluants de l’atmosphère, de l’eau ou du sol pour des analyses.
  • Des normes ont été mises au point pour la bioindication lichénique et la préparation des échantillons à des fins d’analyse.
  • Les lichens constituent d’excellents modèles biologiques pour l’évaluation des risques environnementaux et sanitaires.

Lichens  ! Que savez-vous faire d’autre ? 

  • Les lichens produisent également des molécules ayant des propriétés antibactériennes, antifongiques, antivirales, antitumorales et immunomodulatrices. Ces molécules sont donc potentiellement utiles pour la médecine et la pharmacologie.
  • Les lichens, déjà connus comme fixateurs de parfum depuis le Moyen-Age, sont encore très utilisés en parfumerie. Deux espèces corticoles, Pseudevernia furfuracea, Evernia prunastri (appelées improprement « mousse de chêne »), qui doivent leurs propriétés de fixateurs à leur forte teneur en acide atranorique, sont récoltées en grande quantité, essentiellement en Europe centrale et importées à Grasse. Les parfumeries locales en extraient un concentré appelé « absolu mousse de chêne » qui entre dans la constitution de nombreux parfums. Chaque année, 6000 à 8000 tonnes de lichens sont récoltés dans le sud de la France, au Maroc et dans d’autres pays. Ces prélèvements intensifs menacent la survie des espèces. L’idéal serait de les remplacer par des produits de synthèse mais jusqu’à présent nul n’a su reproduire leur nature biochimique complexe.
  • Dès l’Antiquité, divers colorants ont été extraits de lichens comme les orseilles tirés des Roccella qui donnent des teintes rouges. D’autres lichens donnent des teintes brunes à rouges (Umbilicaria pustulata), jaunes (Letharia vulpina, Flavoparmelia caperata), jaune orangé à roses (Xanthoria parietina…), vertes (divers Cladonia)… Rappelons que la liqueur dite de « tournesol » qui vire au rouge ou au bleu selon l’acidité ou la basicité de la solution à tester est extraite de différents lichens (Roccella, Dendrographa…). Malgré l’usage de colorants chimiques, certains tweeds irlandais sont encore colorés à l’aide de lichens.

Il est tant de choses à raconter sur les lichens ! Si vous désirez faire plus ample connaissance avec ces organismes étonnants, je vous propose 3 documents ci-dessous ! Bonne lecture !

Documentation

  1. Lichens, de surprenants organismes pionniers. Encyclopédie de l’environnement
  2. Lichens et qualité de vie de l’environnement. Encyclopédie de l’environnement
  3. Les lichens. Wikipédia

Manger des épinards ? Faux le fer !


Pendant une randonnée, une amie nous expliqua que pour lutter contre sa fatigue hivernale, elle consommait beaucoup d’épinards, réputés, nous rappela-t-elle, pour leur teneur en fer. 

Or l’on sait, en 2024, que les épinards sont à peine plus riches en fer (1,3 g/100 ml) que la laitue (0,98 gl) et qu’ils le sont deux fois moins que l’oseille (2,4 g) !  Il est possible de confirmer ces informations sur l’excellente base de données Ciqual, de l’ANSES,  qui donne 3,61 mg de fer pour 100 g d’épinards crus. Il semble, si l’on est végétarien et que l’on a besoin de fer, qu’il vaille mieux manger du thym séché qui contient 234 mg de fer pour 100 g voire du basilic ou de la menthe séchés !  Vérifier ici

Comment le mythe selon lequel les épinards sont riches en fer est-il devenu une légende académique et urbaine ? Trois hypothèses principales prévalent dans la littérature : 

  1. Gustav von Bunge (1844-1920), un scientifique suisse de la fin du XIXe siècle, aurait commis une erreur de décimale qui a conduit à une surestimation décuplée de la teneur en fer. 
  2. Emil von Wolff (1818-1896), scientifique allemand, aurait commis une erreur décimale dans sa compilation des teneurs en minéraux des légumes et des plantes, ce qui a conduit à une surestimation décuplée de la teneur en fer des épinards. 
  3. Dans les premiers travaux de biochimie, la teneur en fer présentée en poids sec a été confondue avec le poids frais des plantes.

L’affaire paraissait complexe, presque inextricable, jusqu’à la publication d’un article magistral, s’appuyant sur de nombreuses références de la littérature, tentant d’expliquer la construction du mythe et sa pérennité. [1]. En voici, ci-après, quelques extraits.

L’affirmation selon laquelle les épinards contiennent beaucoup de fer est l’un des mythes les plus célèbres de la science. Au cours des dernières décennies, cette erreur précoce est devenue largement connue du public et plusieurs théories ont été avancées pour expliquer la naissance de cette idée fausse. La plus célèbre, connue sous de nombreuses formes et rapportée dans de nombreux livres et revues scientifiques, est qu’une simple erreur décimale s’est produite. Plus récemment, on a prétendu que l’histoire de l’erreur décimale était elle-même un mythe et que Popeye, contrairement à la croyance populaire, ne mangeait pas d’épinards en raison de leur teneur en fer.

Malheureusement, on ne sait pas grand-chose sur la manière dont les légendes universitaires urbaines et les croyances populaires erronées en médecine et en sciences naturelles se développent et sur la manière dont les faits et les erreurs sont popularisés. 

C’est pourquoi une recherche bibliographique intensive a été effectuée, couvrant tous les articles scientifiques, de magazines et de journaux, les manuels, les encyclopédies et la littérature grise liés au sujet et pouvant être localisés. 

Les résultats de cette recherche bibliographique ont révélé un puzzle de citations d’une histoire complexe sur la façon dont le mythe des épinards riches en fer est né bien plus tôt qu’on ne le pensait et comment il a été rapporté et popularisé dans la littérature. Il s’agissait au départ d’une simple note secondaire dans l’une des disputes scientifiques, culturelles, philosophiques et religieuses les plus virulentes du XIXe siècle. Elle a également révélé une série d’erreurs aux multiples facettes et une série d’interactions à plusieurs niveaux entre des scientifiques de différentes disciplines et des journalistes, qui ont finalement conduit à promouvoir les épinards comme étant riches en fer après que l’on ait découvert que c’était exagéré, et plus tard à déboulonner ce mythe, tout en introduisant simultanément de nouvelles couches à la légende

Bref, il est clair que les épinards ne sont pas riches en fer, et l’origine de cette légende relève d’une association d’erreurs, d’approximations, et de manipulations. La base de données CIQUAL de l’ANSES permet de déterminer la composition précise d’un grand nombre d’aliments, et de rechercher les aliments les plus riches en fer, en calcium, en vit C, etc. Un outil fort utile !

Documentation

  1. Spinach in Blunderland: How the myth that spinach is rich in iron became an urban academic legend. Mielewczik, Michael & Moll, Janine. (2019). Voir l’article en 🇬🇧
  2. Ciqual, LA base de données de composition des aliments de l’ANSES. Voir ici

Ortie subvertie !



Elle est de toutes nos sorties dans la nature, randonnées, ou observations naturalistes. Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, elle est présente, dans les fossés ou sur les talus, dans les friches, les parcs et les jardins. Nous avons tous, une fois dans notre vie, expérimenté son brûlant contact. Vous aurez deviné que nous brosserons aujourd’hui, à gros traits malhabiles, le portrait de l’ortie. 

En Europe de l’Ouest, les deux espèces les plus courantes de ces plantes de la famille des Urticacées, et du genre Urtica, sont la grande ortie (Urtica dioica, cinquante centimètres à un mètre, vivace) et l’ortie brûlante (Urtica urens, moins de cinquante centimètres, annuelle).

Loin de se résumer à ses compétences urticantes, l’ortie est une plante qui mérite notre considération, car elle est à bien des égards fort étonnante, pour ne pas dire épatante.

En préambule, je la trouve élégante, ses feuilles dentelées et élancées composant de luxuriants tapis végétaux. Maquillée de givre, par les frais matins d’hiver, elle brille de de mille feux !

Ses pouvoirs urticants sont connus de tous. Les poils urticants, qui recouvrent presque toutes les feuilles et la tige contiennent un mélange d’histamine, d’acétylcholine et de sérotonine qui irrite la peau au moindre contact de la plante. De l’acide formique (l’arme de défense des fourmis et des abeilles) est également présent dans ce cocktail chimique, mais il joue un rôle mineur dans la réaction cutanée de l’agresseur agressé.

Les propriétés nutritionnelles de l’ortie sont moins connues. La soupe d’ortie était, autrefois, un mets de choix pour les plus modestes, mais n’est plus guère consommée de nos jours. L’ortie n’est pas référencée dans la base Ciqual de l’ANSES, mais différentes sources laissent à penser que l’ortie contient de nombreux nutriments intéressants  :

  • Des minéraux et oligo-éléments (silice, potassium, calcium, fer, magnésium, manganèse, soufre, zinc, etc.).
  • Des vitamines (vitamine A, vitamines du groupe B, vitamine C, vitamine E, vitamine F, vitamine K, vitamine P).
  • Des protéines (30 % de sa masse sèche) composées de 18 acides aminés différents (sur les 20 existants), dont les 8 acides aminés essentiels (isoleucine, leucine, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine, tryptophane et valine). A titre de comparaison, les céréales sont toutes déficientes en lysine (certaines également en tryptophane), tandis que les légumineuses sont déficientes en méthionine.

L’ortie a des compétences écosytémiques : sur les sols retournés, certains gravats et sédiments riches en matière organique, sur les sols violemment remués, très déstructurés et sur les sols et friches pollués par les nitrates, les orties, après les coquelicots, comptent parmi les toutes premières plantes à couvrir le sol, et jouent un rôle important dans le cycle de l’azote en prélevant une partie des nitrates.

⚠️ Mais ATTENTION, il arrive qu’elles accumulent, dans leurs tissus, les polluants dont l’homme arrose les campagnes, les métaux lourds en particulier. Par conséquent, pour confectionner une délicieuse soupe d’ortie, évitons de faire notre marché au bord d’une route ou d’une décharge.

Les massifs d’orties constituent un habitat propice aux insectes et contribuent à la biodiversité. Protégés par leur petite taille et leur carapace, les insectes sont nombreux à apprécier les orties. Une trentaine d’espèces ne vivent quasiment qu’à ses côtés, notamment les paons du jour, vulcains, petites tortues, cartes géographiques ou robert-le-diable. Les chenilles de ces papillons se nourrissent de feuilles d’orties. Les dégâts occasionnés sont, modérés, et ne menacent aucunement la plante.

L’ortie est une des alliées du jardinier : quand elle se décompose, elle libère de l’azote, le fer et le potassium, les mettant à disposition des micro-organismes du sol et des végétaux. Ainsi, l’ortie constitue-t-elle un précieux engrais (purin d’ortie ou broyât séché).

Verrez-vous, comme ce fut le cas pour moi, l’ortie d’un œil nouveau, après avoir pris connaissance des vertus de cette plante ? Elle est, certes, brûlante, mais elle est aussi épuratoire, nourrissante et fertilisante ! Vos commentaires seront les bienvenus !

Sources

  1. La Grande ortie. BNF – Gallica
  2. Petite ethnobotanique de l’ortie. Aymeric de Kérimel
  3. L’herbier d’Halbran. Les poils urticants de l’ortie
  4. Les nombreuses vertus de l’ortie. Salamandre
  5. Mise en valeur du potentiel nutritionnel et thérapeutique de l’ortie dioïque. Hegel, 2016

Stupéfiants champignons !

© Michel Arnould – 2023


Ce matin, nous avions rendez-vous en forêt de Coëtquen pour une sortie naturaliste organisée par l’antenne Rance-Émeraude de l’association Bretagne-Vivante, et intitulée sobrement : « A la découverte du règne des Fungi ». 

Trois experts naturalistes se mirent à la disposition des 40 personnes présentes. Par un temps radieux et délicieusement frais, bercés par le chant des merles, des mésanges et des sittelles, tandis que se levaient les premiers rayons d’un soleil automnal illuminant d’or et de cuivre les frondaisons des arbres qui chuintaient dans le vent, nous écoutâmes, passionnés, un premier exposé sur la biodiversité, et les menaces qui pèsent sur elle, du fait des activités humaines. 

Puis on nous expliqua (ou on nous rappela) que les champignons ne sont pas des plantes. 

Le taxon « champignon » est devenu ambigu et considéré par la science actuelle comme obsolète car il ne désigne pas un groupe monophylétique. Il a en effet été divisé en eumycètes, oomycètes, chytridiomycètes et mycétozoaires. Les cellules des mycètes sont, pourvues d’une paroi chitineuse ou cellulosique et se nourrissent par l’absorption des molécules organiques directement dans le milieu. Les cellules des champignons sont dépourvues de chlorophylle et de plastes; ces organismes sont donc dits hétérotrophes pour le carbone ; en effet, on distingue les organismes capables de fabriquer leur propre matière à partir de carbone atmosphérique, (les autotrophes) et les hétérotrophes, qui utilisent de la matière organique pour fabriquer la leur. Le pissenlit est autotrophe, grâce à la photosynthèse, quand le renard est hétérotrophe.

Les champignons n’appartiennent donc pas au règne des plantes. Leur appareil végétatif est un thalle : ce sont donc des thallophytes qui adoptent un mode de vie filamenteux (l’ensemble des filaments appelés hyphes formant le mycélium). 

Présents dans le registre fossile depuis 450 millions d’années, soit le Silurien, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques en eaux douce, saumâtre et même marine (1500 espèces au moins, qui ont un rôle écologique important ; via des symbioses avec des algues parfois).

Après ces explications phylogénétiques, on nous expliqua l’anatomie du champignon (des champignons que l’on observe le plus fréquemment, s’entend) et ses éléments caractéristiques : la volve, le pied, l’anneau, les lames et enfin le chapeau. Il nous fut rappelé que les champignons que nous voyons ne sont que les organes reproducteurs (on les nomme sporophores) du mycélium, qui dispose ses réseaux sous-terrains sur des dizaines de kilomètres, que les lames, sous le champignon produisent les spores dispersées par le vent pour assurer la reproduction !

Pour identifier les champignons il faut suivre une démarche rigoureuse, basée sur des clés d’identification permettant de réduire, au fil du cheminement diagnostique, le nombre de possibles puis, in fine, ne conserver qu’un nom. Il faut rappeler qu’il ne saurait être question de faire une collecte de champignons à des fins culinaires avec la seule aide de ces clés. Seules une longue expérience et une pratique assidue permettent d’identifier correctement les champignons sans risque d’erreur.

Une longue balade en forêt, dans différents biotopes (forêt d’épineux, forêt de feuillus, prairies) permit de récolter, d’observer et admirer de très nombreux spécimens, de formes et de couleurs variées, souvent superbes, que les experts présents se firent un plaisir d’identifier : bolets, cortinaires, russules, coprins, entolomes, inocybes et lactaires ! Rien de moins !

Ce fut une bien jolie balade. La nature est généreuse pour qui sait prendre le temps de l’admirer !

Une petit anecdote pour terminer : saviez-vous que le plus grand être vivant du monde est un champignon et qu’il se nomme Armillaria solidipes. Le plus grand spécimen mesure 8,9 km2 . Situé dans l’Oregon aux États-Unis, il est âgé de 2 400 ans.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Guide des champignons – France et Europe. Guillaume Eyssartier & Pierre Roux. Voir ici
  2. L’origine du Monde. Marc-André Sélosse. Voir ici
  3. Chapeau, les champignons. Voir ici
  4. Les champignons redécouverts. Phillipe Silas & Fabienne Malagnac. Voir ici
  5. Le monde caché. Merlin Sheldrake. Voir ici

Actualités naturalistes

Avant la rentrée, je vous propose, amis naturalistes, de lire quelques informations rafraîchissantes ! 

Un nouveau site internet « la forêt et nous » vient d’être mis en ligne  pour les élèves, leurs enseignants, et le grand public. Au menu,  des quiz, des fiches, des livrets et des vidéos pour mieux comprendre la forêt. Ce site est proposé par Teragir, une association d’éducation au développement durable de référence reconnue d’intérêt général et qui porte La Forêt et nous en partenariat avec de grands acteurs institutionnels pour intensifier l’éducation à la forêt en France, plus particulièrement auprès des jeunes de 3 à 18 ans. C’est ici que commence la visite !


Nouvelle publication, passionnante de  l’Inventaire National du Patrimoine Naturel  sur les  habitats marins benthiques de métropole ! Sous la coordination de PatriNat et avec le soutien du Life Marha, les habitats ont été décrits sur la base des descriptions existantes dans d’autres typologies complétées avec les connaissances disponibles, ou entièrement rédigées, par les experts scientifiques. Chaque fiche permet notamment d’identifier pour chaque unité décrite : les facteurs abiotiques, les caractéristiques stationnelles, la potentielle variabilité spatiale ou temporelle, les espèces caractéristiques, les confusions possibles avec d’autres unités, ainsi que diverses informations sur le statut de conservation, la répartition géographique ou encore les tendances évolutives…

Il y a deux documents : l’un pour la Méditerranée, l’autre pour la Manche, la Mer du Nord et l’Atlantique. Ils devraient intéresser tous les naturistes intéressés par l’estran !

SOURCEhttps://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/15064/les-habitats-marins-benthiques-de-metropole-ont-enfin-leurs-papiers-d-identite


Bien qu’ils soient plus agressifs pour défendre leur territoire quelles moineaux des campagnes, les moineaux mâles vivant dans les zones urbaines consacrent davantage de temps à visiter le nid et nourrir leurs petits, ce qui surprend les scientifiques qui pensaient que plus d’agressivité signifierait moins de temps passé avec les poussins.

Les chercheurs pensent qu’en raison d’une pression de prédation moindre en ville par rapport à la campagne, les oiseaux se reproduisent avec plus de succès, et que cela accroit les visites au nid des  du moineaux des villes mâles.  « Contre toute attente, nous avons constaté qu’ils visitaient les nids plus fréquemment et qu’ils étaient de meilleurs parents que les mâles des zones rurales » dit l’auteur de la publication. dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution, qui a porté sur six sites du sud-ouest de la Virginie (USA) caractérisés par un accroissement urbain récent, et ce au cours de quatre saisons de reproduction.

SOURCE :  Indirect effects of urbanization: consequences of increased aggression in an urban male songbird for mates and offspring. Front. Ecol. Evol., 22 August 2023 Sec. Urban Ecology  Volume 11 – 2023 | https://doi.org/10.3389/fevo.2023.1234562

Une friture d’orobanches, ca vous branche ?

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J’ai fait leur connaissance, un beau jour d’été, au cours d’une sortie botanique dédiée aux orchidées. Je n’en avais jamais entendu parler auparavant, ni ne les avais jamais remarquées. Elles sont pourtant connues depuis l’antiquité, elles sont fréquemment observées et elles peuvent même se manger. Qui donc sont-elles ? Les orobanches !

UN PEU DE BOTANIQUE…

Les orobanches sont des plantes herbacées de petite taille (10 à 60 cm), sans chlorophylle, de la famille des Orobanchacées comprenant environ 150 espèces originaires des régions tempérées de l’hémisphère nord.  On les reconnaît aisément à leur tige écaillée, dressée, de couleur jaune paille complètement dépourvue de chlorophylle, généralement non ramifiée, aux feuilles en forme d’écailles triangulaires. Cette tige porte de petites fleurs bilabiées jaunes, blanches ou bleues groupées en épi terminal de 10 à 20 fleurs (à l’exception d’Orobanche uniflora aux fleurs solitaires). En dehors de la période de floraison, aucune partie de ces plantes n’est visible à la surface du sol. Les fleurs apparaissent tardivement et marquent la fin de la vie de la plante. Généralement, les orobanches fleurissent au début du printemps.

Ces plantes psammophytes (adaptée aux milieux sableux) sans chlorophylle dépendent entièrement de plantes-hôtes pour les éléments nutritifs dont elles ont besoin : ce sont des holoparasites. Les semences d’orobanches émettent après la germination une pousse à l’aspect de racine qui se fixe sur les racines des plantes-hôtes les plus proches, et dès lors la plante reçoit l’eau et les éléments nutritifs de la plante-hôte.

Certaines espèces sont très spécialisées et dépendent d’une seule espèce-hôte, tandis que d’autres sont capables de parasiter plusieurs espèces ou genres. Plusieurs espèces d’orobanches sont des nuisances pour les plantes de grande culture dont elles affectent le rendement : L’orobanche du chanvre, Orobanche ramosa, parasite, entre autres, le tournesol, les pommes de terre, aubergines, poivrons, haricots, choux, piments céleris. O. cumana est une autre espèce d’orobanche parasitant le tournesol.

UN PEU D’HISTOIRE…

Leur nom vient du grec ancien ὀροβάγχη, orobágkhê, composé de ὄροβος [órobos, sorte d’ers ou de vesce] et de ἄγχω, [ágkhô, étrangler, étouffer] en raison du parasitisme de ces plantes. En d’autres termes, les orobanches sont des plantes qui “étouffent” les légumes. Pline l’Ancien, au premier siècle, écrivit : « Nous avons appelé orobanche une herbe qui tue l’ers et les légumes. D’autres la nomment cynomorion, à cause de sa ressemblance avec les parties génitales du chien. La tige n’a point de sang; les feuilles sont rougeâtres. On la mange ou crue ou cuite sur le plat, quand elle est tendre.»

Théophraste, philosophe de la Grèce antique né vers 372 av. J.-C. à Eresós (Lesbos) et mort vers 288 av. J.-C. à Athènes, élève d’Aristote était botaniste et naturaliste, polygraphe et alchimiste: il caractérisa et décrivit les orobanches. Dioscoride, quant à lui,  était un médecin et botaniste grec qui vécut entre les années 20 et 40 après J.-C., probablement à Anazarbe en Cilicie, une région située dans le sud de la Turquie actuelle . Il est connu pour son ouvrage « De Materia Medica », qui comprenait des informations sur les plantes médicinales et leurs utilisations, ainsi que des descriptions de diverses espèces animales et minérales. Cette œuvre était considérée comme une référence en matière de botanique et de médecine jusqu’à la Renaissance, et a été traduite en plusieurs langues européennes. Dioscoride a traité des orobanches, fournissant des détails sur leur description, leurs propriétés médicinales et les avantages potentiels de leur culture.

UN PEU DE CUISINE…

Au début du XIXe siècle, L.-C.-A. Frémont, rédigea une longue note sur l’orobanche de Dioscoride, contenant sa description, ses propriétés, les avantages qu’on peut retirer de sa culture, la preuve que cette plante n’est point parasite, des conjectures sur l’orobanche de Théophraste, et contesta les écrits de ces auteurs antiques, lesquels, d’après lui confondaient cuscutes et orobanches. Une chose cependant sur laquelle tous s’accordent est le fait que l’orobanche est comestible. La note de Frémont ayant même pour objectif d’en inciter la culture à grande échelle. Plus près de nous, François Couplan, spécialiste des plantes sauvages comestibles, nous dit qu’à l’île d’Yeux on suçait les pousses d’orobanches pour leur goût sucré. En Europe on fait blanchir certaines espèces à l’eau bouillante salée et on les consomme au printemps comme les asperges. Dans les Pouilles on les manges frites après les avoir fait bouillir puis tremper dans l’eau une journée entière…

Ressources documentaires

  1.  Discoride, médecin et botaniste grec.
  2. Théophraste. Wikipédia
  3. Frémont L.-C.-A. Note sur l’orobanche de Dioscoride, contenant sa description, ses propriétés, les avantages qu’on peut retirer de sa culture, la preuve que cette plante n’est point parasite, des conjectures sur l’orobanche de Théophraste, etc., Edition originale : 1807
  4. Les orobanches. Wikipédia

Les sécheresses

L’article qui suit a été publié sous la forme d’un fil sur Twitter, le 21 mai 2023, par le Dr Magali REGHEZZA-ZITT, Maître de conférences en géographie à l’Ecole normale supérieure de Paris et Membre du Haut conseil pour le climat. @MagaliRegheza. Elle m’a, très gentiment, autorisé à publier son travail et je l’en remercie chaleureusement !

Marre d’entendre « c’est bon, il pleut, il n’y a plus de risques de sécheresse » ? Pour comprendre les liens entre précipitations, températures et risques, et distinguer les différents types de sécheresses et ne plus confondre (aléa) sécheresse et (risque de) pénurie, suivez le fil.

1er type de sécheresse : la sécheresse météorologique

La sécheresse météorologique correspond à un déficit pluviométrique. Il ne pleut pas ou pas suffisamment, par rapport aux moyennes (les normales). Attention : Le terme « normale » est statistique, pas normatif. C’est une valeur de référence.

2e type de sécheresse : la sécheresse hydrologique

La sécheresse météorologique ne doit pas être confondue avec la sécheresse hydrologique. Cette dernière désigne le déficit de débit des cours d’eau, des niveaux bas des nappes ou des retenues. Le niveau de l’eau dans les nappes est mesuré par des piézomètres. 

Pour mémoire, les nappes phréatiques sont des réserves naturelles d’eaux souterraines. L’eau s’accumule et circule dans certaines roches du sous-sol, dites aquifères (étymologiquement qui portent l’eau), suffisamment poreuses et/ou fissurées pour que l’eau puisse y circuler.

Pour que ces nappes se rechargent, il faut que la végétation ne soit pas en période de croissance ou de transpiration. Sinon, c’est elle qui capte l’eau de pluie. La période de recharge s’étend « normalement » de septembre à mars. Avec le changement climatique, c’est plutôt d’octobre à février.

Une nappe peut « déborder ». Les inondations par remontées de nappes peuvent être terriblement destructrices.  Par exemple, la Somme en 2001.

Le manteau neigeux est une réserve d’eau douce importante, retenue entre novembre et mai. Au printemps, le débit des cours d’eau est alimenté par la pluie et la fonte des neiges.

L’étiage correspond à des débits exceptionnellement faibles. Il ne doit pas être confondu avec les basses eaux saisonnières habituelles. On parle d’assec quand le cours d’eau est… à sec. Étiages et assecs ont des impacts destructeurs pour la faune et la flore aquatique.

3e type de sécheresse ; la sécheresse édaphique ou agricole

Quand le sol sur les premiers mètres est sec, c’est la sécheresse édaphique ou agricole. Elle est causée par le déficit de précipitations, mais aussi la chaleur, qui augmente l’évaporation et la transpiration des plantes. 

De l’humidité des sols dépendent la croissance et la santé des végétaux et les organismes des sous-sols. Tous les milieux sont concernés (forêts, prairies, etc.). L’agriculture y est particulièrement sensible.

ATTENTION aux inondations en période de sécheresse, en cas de pluies intenses.

  • La perméabilité des sols varie selon leur nature & l’occupation humaine
  • une croûte de battance peut se former à cause de la sécheresse.

L’eau ne s’infiltre plus : elle ruisselle

AU TOTAL

Ce n’est pas parce qu’il pleut, qu’il n’y a pas de sécheresse. Ce n’est pas non plus parce qu’il pleut, que la disponibilité de la ressource ne diminue pas. Et ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de sécheresse, qu’il n’y a pas de risque de pénurie. En revanche, il y a des liens entre les différents types de sécheresses.

Sécheresse n’est pas pénurie.

La pénurie est déséquilibre entre l’offre (ressource disponible et accessible) et la demande (besoin en eau). Si elle est associée à l’aléa sécheresse, le risque dépend de la sévérité & la durée de la sécheresse, et des besoins, usages, et pratiques

82 % des eaux douces utilisées en France proviennent en grande majorité des fleuves, des rivières et des lacs. Ces « eaux de surface » sont plus faciles et moins chères à prélever. 

Mais les nappes sont la principale source d’eau potable en France : 62 % provient des eaux souterraines et 38 % des eaux de surfaces (torrents, rivières, lacs…).

Les champs captants sont protégés, car si la quantité et/ou la qualité font défaut, on a un risque de pénurie

ATTENTION ⚠️

  • Prélèvements = quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel puis rejetée après utilisation (donc à nouveau disponible.
  • Consommation = quantité d’eau prélevée et consommée. Elle ne peut pas être renvoyée directement dans la nature après usage.

Prenons l’exemple de la Méditerranée.

Des moyennes annuelles cachent des différences fortes dans la répartition saisonnière ou le type de pluies : il pleut pleut à Nice (740mm) qu’à Paris (637mm), mais à Nice, c’est sur 89 jours (27 j d’orages en moyenne) contre 111 j à Paris. 

Le climat méditerranéen est caractérisé par des étés secs & chauds auxquels les sociétés se sont adaptées. Mais  désormais, on a des périodes sans pluies « anormalement » longues, qui constituent un écart fort par rapport à la moyenne des épisodes météorologiques secs estivaux.

Dans un climat qui change, il y aura moins de pluie l’été, et il fera plus chaud.

Pour l’hiver, pas encore de signal robuste sur les pluies au moins avant 2050, mais les hiver seront en moyenne + doux, donc la végétation + précoce et la saison de recharge réduite. 

Avec l’ augmentation des températures, arbres et plantes puisent davantage d’eau par leurs racines, ce qui réduitla quantité d’eau pouvant s’infiltrer dans le sol. Elles transpirent plus, ce qui n’est pas compensé par une augmentation des pluies.

Dans le sud, s’ajoute la diminution des pluiesmoyennes très marquées en été.

BILAN 👇

Protéger la ressource en eau, en quantité et en qualité, et garantir un accès équitable à cette dernière est l’un des grands défis de l’adaptation des prochaines années. Rien n’est perdu, à condition d’agir rapidement en évitant les maladaptations

Singulières halophytes

Les sorties d’exploration de l’estran sont, bien souvent, l’occasion de d’admirer des espèces remarquables ou d’apprendre des choses étonnantes. La nature sait nous émerveiller par ses merveilles comme par ses étrangetés.

Lors de notre dernière exploration, nous avons été présentés, dans les zones supralittorale et adlittorale, à des plantes capables de survivre et prospérer dans un milieu difficile car très riche en sel. On parle de plantes halophytes, adaptées aux milieux salés, car parfois immergées (lors des grandes marées) ou exposées au embruns.

Les plantes halophytes ont développé plusieurs mécanismes adaptatifs, (morphologiques, et physiologiques) leur permettant de survivre en milieux salés.

Voici quelques exemples de ces mécanismes physiologiques :

  • La sécrétion de sel : certaines plantes halophytes ont des glandes spécialisées qui leur permettent d’éliminer l’excès de sel. Ces glandes se trouvent sur les feuilles ou les tiges des plantes, et permettent de maintenir une concentration de sel acceptable dans les tissus de la plante.
  • L’accumulation de solutés : Les plantes halophytes peuvent accumuler des solutés compatibles dans leurs cellules pour réduire l’effet du sel sur leur métabolisme. Ces solutés comprennent des acides aminés, des sucres et des alcools organiques qui peuvent aider la plante à réguler son équilibre osmotique.
  • L’adaptation de la structure racinaire : Les racines des plantes halophytes sont souvent plus profondes et plus développées que celles des plantes non halophytes. Elles peuvent également avoir des poils racinaires plus courts et plus épais pour minimiser l’absorption de sel.
  • La capacité à résister au stress oxydatif : Les plantes halophytes sont souvent soumises à des niveaux élevés de stress oxydatif, en raison de l’accumulation de sel. Elles ont donc développé des systèmes enzymatiques spéciaux pour neutraliser les radicaux libres et protéger leur matériel génétique et leurs membranes cellulaires.
  • La tolérance à la sécheresse : Les plantes halophytes peuvent également survivre à des environnements salins en développant une tolérance à la sécheresse. Elles ont souvent des feuilles épaisses et charnues qui leur permettent de stocker de l’eau et de minimiser la perte d’eau par transpiration.
  • Réduction de la transpiration. Pour minimiser la perte d’eau causée par la transpiration, les halophytes réduisent la taille de leurs organes aériens, tels que feuilles et tige. Ces plantes ont des feuilles petites souvent modifiées en aiguilles ou en écailles. Elles ont une cuticule épaisse recouverte d’une couche cireuse afin de limiter la transpiration. Environ 90 % de l’eau perdue par une plante sort par les stomates, pores responsables des échanges d’O2 et de CO2 entre l’atmosphère et la feuille. La quantité de stomates se trouvant sur les feuilles des halophytes est donc grandement réduite pour limiter ces pertes. Les stomates peuvent également être situés dans des cryptes où l’air est moins souvent renouvelé. De la même façon, les feuilles peuvent être pubescentes ce qui limite la circulation d’air et minimise les échanges.
  • Forme des organes aériens et stockage de l’eau. Les halophytes sont caractérisés par des structures homologues à celles des plantes vivant dans les milieux arides (Xérophytes). En effet, elles possèdent souvent des organes aériens succulents (charnus). Les tissus qui présentent cette succulence sont créés par hypertrophie de certaines cellules du parenchyme, un tissu de réserve ou d’assimilation, qui devient capable se gorger d’eau lorsque la ressource est accessible. Ces feuilles succulentes peuvent donc emmagasiner de grandes réserves d’eau. Leur tige, souvent charnue, leur confère la même propriété de stockage de l’eau, permettant de diminuer la concentration interne en sel. Puisque les halophytes perdent beaucoup d’eau par transpiration et ce, proportionnellement à la surface de leurs tissus, et qu’un moyen de pallier cette perte est de faire des réserves d’eau, ces plantes ont avantage à avoir un ratio surface/volume très petit.
  • Contrôle de l’absorption des sels. Lorsque la concentration en sel est trop élevée dans l’environnement, la plante limite l’entrée des sels dans ses tissus via des membranes perméables sélectives. Ces membranes ne laissent pas entrer les sels dans le cytosol au delà d’un seuil adapté à la plante. Certaines plantes, comme le palétuvier rouge, possèdent des glandes situées sur leur épiderme qui ont pour but d’excréter les sels, surtout NaCl, par les feuilles afin de diminuer la concentration en ions à l’intérieur des tissus et de la ramener à l’équilibre. Chez la plupart des plantes, les sels en excès sont stockés dans des vacuoles afin de diminuer leur concentration dans le cytosol et les chloroplastes. Chez les soudes (Suaeda), les tissus contenant une trop grande concentration en sel noircissent et tombent. Cette forme de sénescence entraînent le remplacement des organes gorgés de sels par de nouveaux à même d’accomplir leur fonction.

En combinant ces mécanismes adaptatifs, les plantes halophytes peuvent survivre et prospérer dans des environnements extrêmement salins où les plantes ordinaires ne peuvent pas survivre.

Les plantes halophytes les plus communes, en Bretagne sont : 

Pour en savoir davantage sur les plantes halophytes : voir ici

Ecoutez crier les carottes !

Intéressant et amusant article que celui-là !

Les plantes stressées « crient » – et certains animaux peuvent probablement les entendre. Source

Les plantes ne souffrent pas en silence. Au contraire, lorsqu’elles ont soif ou sont stressées, elles émettent des « sons aériens », selon une étude publiée aujourd’hui dans Cell1.

Les plantes qui ont besoin d’eau ou dont les tiges ont été récemment coupées produisent jusqu’à environ 35 sons par heure, ont constaté les auteurs. En revanche, les plantes bien hydratées et non coupées sont beaucoup plus silencieuses, n’émettant qu’un seul son par heure.

La raison pour laquelle vous n’avez probablement jamais entendu une plante assoiffée faire du bruit est que les sons sont ultrasoniques – environ 20-100 kilohertz. Cela signifie qu’ils sont si aigus que très peu d’êtres humains pourraient les entendre. Certains animaux, en revanche, peuvent probablement les entendre. Les chauves-souris, les souris et les papillons de nuit pourraient potentiellement vivre dans un monde rempli de sons de plantes, et des travaux antérieurs de la même équipe ont montré que les plantes réagissaient également aux sons émis par les animaux.

Des cultures qui pleurent

Pour écouter les plantes, Lilach Hadany, de l’université de Tel-Aviv en Israël, et ses collègues ont placé des plants de tabac (Nicotiana tabacum) et de tomate (Solanum lycopersicum) dans de petites boîtes équipées de microphones. Les microphones ont capté tous les bruits émis par les plantes, même si les chercheurs ne pouvaient pas les entendre. Les bruits étaient particulièrement évidents pour les plantes stressées par un manque d’eau ou une coupe récente. Si les sons sont abaissés et accélérés, « c’est un peu comme du pop-corn – des clics très courts », explique M. Hadany. « Ce n’est pas un chant.

Les plantes n’ont pas de cordes vocales ni de poumons. Selon M. Hadany, la théorie actuelle sur la façon dont les plantes produisent des bruits est centrée sur leur xylème, les tubes qui transportent l’eau et les nutriments de leurs racines à leurs tiges et à leurs feuilles. L’eau dans le xylème est maintenue ensemble par la tension superficielle, tout comme l’eau aspirée par une paille. Lorsqu’une bulle d’air se forme ou se rompt dans le xylème, elle peut produire un petit bruit sec ; la formation de bulles est plus probable en cas de stress dû à la sécheresse. La formation de bulles est plus probable en cas de stress dû à la sécheresse. Mais le mécanisme exact doit faire l’objet d’études plus approfondies, explique Hadany.

L’équipe a mis au point un modèle d’apprentissage automatique permettant de déduire si une plante a été coupée ou si elle est soumise à un stress hydrique à partir des sons qu’elle émet, avec une précision d’environ 70 %. Ce résultat suggère un rôle possible pour la surveillance audio des plantes dans l’agriculture et l’horticulture.

Pour tester la praticité de cette approche, l’équipe a essayé d’enregistrer des plantes dans une serre. À l’aide d’un programme informatique formé pour filtrer les bruits de fond provenant du vent et des climatiseurs, les plantes ont pu être entendues. Les études pilotes menées par les auteurs suggèrent que les plants de tomates et de tabac ne sont pas aberrants. Le blé (Triticum aestivum), le maïs (Zea mays) et les raisins de cuve (Vitis vinifera) font également du bruit lorsqu’ils ont soif.

Des graminées qui jacassent ?

Auparavant, l’équipe de M. Hadany avait également étudié si les plantes pouvaient « entendre » les sons et avait constaté que les oenothères (Oenothera drummondii) libéraient un nectar plus sucré lorsqu’elles étaient exposées au bruit d’une abeille en vol.

Les bruits des plantes sont-ils donc une caractéristique importante des écosystèmes, influençant le comportement des plantes et des animaux ? Selon Graham Pyke, biologiste retraité de l’université Macquarie de Sydney, en Australie, spécialisé dans les sciences de l’environnement, les preuves ne sont pas encore claires.

Il n’est pas convaincu que les animaux écoutent les gémissements des plantes stressées. « Il est peu probable que ces animaux soient réellement capables d’entendre le son à de telles distances », déclare-t-il. Il pense que les sons sont trop faibles. D’autres recherches devraient permettre d’en savoir plus. Mais Pyke se dit tout à fait prêt à accepter que les plantes « couinent » lorsqu’elles sont stressées.

Etonnant, non ?

Plant atlas 2020 : L’inventaire qui décoiffe !

Au Royaume-uni 🇬🇧, la nouvelle version — datée de 2020 — du « Plant Atlas » (Atlas botanique) vient de sortir, inventaire exhaustif de la flore britannique, dressé grâce à 26 millions de données patiemment et savamment collectées pendant 20 ans par 8500 naturalistes bénévoles.

Le document est en anglais: voici la traduction en français (réalisée par mes soins) du résumé de ce travail colossal et fort instructif tant pas les données collectées que par l’évolution de ces dernières depuis 1950.


Les plantes sont essentielles à la survie de l’homme, mais nous les considérons souvent comme banales. Heureusement, en Grande-Bretagne, nous avons une communauté florissante de botanistes qui ne se contentent pas d’apprécier les fleurs sauvages, mais passent du temps à inventorier les endroits où elles poussent.  Cette tradition remonte au XVIe siècle et, grâce aux efforts de ces botanistes, la Grande-Bretagne possède l’une des flores les mieux étudiées au monde.

Depuis les années 1950, la Botanical Society of Britain and Ireland (BSBI) est le moteur de la botanique dans la région. Elle a été la première à utiliser la « cartographie à densité de points » et a coordonné des enquêtes nationales extrêmement marquantes sur les plantes à fleurs et les fougères dans les années 1950 et 1990. 

Le travail de terrain nécessaire pour la rédaction del’Atlas des plantes 2020, la troisième enquête de ce type, s’est déroulé entre 2000 et 2019 et est le plus complet jamais entrepris, impliquant plus de 8 500 bénévoles qui sont sortis par tous les temps pour inventorier les plantes à fleurs, les fougères et les charophytes présentes dans la quasi-totalité des 3 893 mailles de 10 × 10 km qui couvrent la Grande-Bretagne et l’Irlande. Les résultats ont été publiés sur un site web et dans un livre en deux volumes.

Le présent rapport fournit un résumé de l’étude Plant Atlas 2020 pour la Grande-Bretagne ; un rapport séparé est disponible pour l’Irlande. Au cours de cette enquête, les volontaires ont effectué 178 000 journées d’enregistrement et soumis plus de 26 millions d’enregistrements. Ce faisant, ils ont enregistré 3 445 espèces végétales différentes, dont 1692 sont indigènes à la Grande-Bretagne et, surtout, 1753 non-indigènes qui ont été délibérément ou accidentellement introduites dans la nature par l’homme. Cette découverte surprenante signifie qu’il y a aujourd’hui plus de plantes introduites qui poussent dans la nature en Grande-Bretagne que de plantes indigènes, dont beaucoup proviennent de jardins et se répandent ensuite pour établir des populations autonomes.

La comparaison des résultats de l’Atlas des plantes 2020 avec ceux de ses prédécesseurs montre que la répartition des espèces a changé depuis les années 1950 ; le plus frappant est que l’on estime que les aires de répartition connues de 53% de toutes les plantes indigènes et de 62 % des introductions anciennes (connues sous le nom d’archéophytes) ont diminué, tandis que les aires de répartition connues de 58% des introductions modernes (connues sous le nom de néophytes) ont diminué. Les raisons de ces changements sont complexes, mais le facteur le plus important pour les espèces dont on estime qu’elles ont décliné depuis les années 1950 a été la perte et la conversion d’habitats semi-naturels causées par des changements dans l’utilisation des sols. L’intensification des cultures arables, qui a conduit à un déclin substantiel de nombreuses plantes associées à l’agriculture, est la principale cause de ces changements.

 De même, les plantes des prairies et des landes qui poussent sur des sols infertiles ont subi un déclin marqué en raison de la conversion de leurs habitats en terres arables ou en prairies agricoles plus productives, et nombre d’entre elles ont également disparu à la suite de la réduction ou de l’élimination du bétail et de la succession subséquente de prairies hautes, de broussailles ou de zones boisées. Le drainage des habitats humides, tels que les prairies de fauche humides et les marais de pâturage, les tourbières et les marais, a également eu un impact sur de nombreuses espèces, en particulier dans les basses terres où les pressions exercées par l’agriculture et une population humaine croissante ont été les plus fortes. De nombreuses plantes des plans d’eau, des rivières et des canaux ont également régressé, principalement en raison de l’eutrophisation causée par le ruissellement des nutriments provenant des terres agricoles, mais aussi en raison des perturbations accrues causées par les activités humaines.

En comparaison, la répartition des plantes associées aux zones boisées est restée relativement inchangée, bien que certains spécialistes des zones plus ouvertes aient régressé en raison de l’arrêt de la gestion traditionnelle telle que le taillis. Les espèces des forêts de conifères ont augmenté en raison de l’expansion considérable de la sylviculture commerciale, ce qui a entraîné le déclin des plantes spécialistes des landes et des tourbières, en particulier dans les régions montagneuses du nord et de l’ouest de la Grande-Bretagne.

D’une manière générale, les plantes des habitats des hautes terres ont connu des changements de répartition moins graves que celles des basses terres, bien que de nombreux spécialistes des landes et des tourbières aient décliné en raison du brûlage, du drainage, du surpâturage et de la déforestation. Les espèces qui poussent à haute altitude dans les montagnes ont pour la plupart conservé leur répartition, bien que le surpâturage par les moutons et les cerfs ait restreint de nombreuses plantes arctiques-alpines à des corniches inaccessibles ; le déclin de certaines plantes montagnardes associées à des plaques de neige suggère que certaines espèces réagissent également aux changements écologiques provoqués par le changement climatique, plus particulièrement à la réduction de la couverture neigeuse et à l’augmentation de la concurrence.

Dans l’ensemble, trois grandes tendances se dégagent des changements décrits ci-dessus :

  • Les plantes indigènes adaptées à des conditions infertiles et à une faible concurrence, ainsi que les introductions anciennes (connues sous le nom d’archéophytes) associées aux terres cultivées, ont connu les déclins les plus importants depuis les années 1950. Cela est dû en grande partie aux modifications des pratiques agricoles, même si l’eutrophisation due à d’autres sources humaines, telles que la pollution atmosphérique, a dû également jouer un rôle.
  • Certaines espèces méridionales ont étendu leur aire de répartition vers le nord au cours des dernières décennies, tandis que certaines espèces septentrionales à la limite méridionale de leur aire de répartition en Grande-Bretagne ont reculé. Ces deux tendances sont en corrélation avec le réchauffement de notre climat, et plus particulièrement avec des hivers plus doux ; les plantes distribuées au sud survivent plus au nord en raison de la réduction de la fréquence et de la sévérité des gelées hivernales, tandis que certaines plantes distribuées au nord se retirent vers des terrains plus élevés en raison de la réduction de la couverture neigeuse et de la concurrence accrue avec des plantes aimant davantage la chaleur à des altitudes plus basses.
  • Un nombre croissant d’introductions modernes (connues sous le nom de néophytes) s’établissent dans la nature en Grande-Bretagne, dans certains cas avec l’aide du changement climatique. Bien que la majorité d’entre elles soient des ajouts bénins aux flores locales, un petit nombre d’entre elles sont devenues envahissantes, perturbant le fonctionnement des écosystèmes et supplantant les espèces indigènes.

Si les tendances générales pour la Grande-Bretagne sont claires, il existe de nettes différences dans la manière dont la répartition des plantes a évolué en Angleterre, au Pays de Galles et en Écosse. Sans surprise, les changements les plus marqués ont eu lieu en Angleterre, où les pressions exercées par les activités humaines ont été les plus fortes, en particulier dans les régions de plaine. 

  • Ces pressions ont été moins ressenties au Pays de Galles en raison de la plus grande étendue relative des habitats de montagne gérés de manière extensive. Par conséquent, de nombreux déclins sont moins prononcés et, dans certains cas, des augmentations de la répartition des espèces ont été observées, ce qui va à l’encontre des tendances observées dans d’autres parties de la Grande-Bretagne. 
  • En Écosse, les résultats sont plus mitigés

L’Atlas des plantes 2020 est une réalisation étonnante qui met en évidence le rôle crucial des bénévoles dans l’approfondissement des connaissances et de la compréhension de la flore britannique. Le message général est clair : notre flore indigène a beaucoup diminué par rapport à la situation enregistrée par nos prédécesseurs dans les années 1950.

Il est besoin d’un plan d’action holistique pour inverser ce déclin afin que la flore puisse être restaurée et s’épanouir au profit de la génération actuelle et des générations futures. Les éléments présentés ici seront essentiels pour contribuer à l’élaboration de ce plan de conservation des plantes, qui devrait se concentrer sur le renforcement de la protection des zones riches en espèces, l’extension de la zone d’habitat de haute qualité disponible pour les plantes et les autres espèces sauvages, et la réduction des pratiques néfastes d’utilisation des sols. Mais le plus important est de mettre les plantes au cœur des initiatives de conservation.

Planifier et gérer toutes les mesures de conservation en gardant les plantes à l’esprit permettra non seulement d’inverser les déclins, mais aussi d’apporter des avantages plus larges à d’autres espèces sauvages et à la reconstitution de la nature en général. Ces mesures doivent s’accompagner d’une surveillance et d’une recherche plus efficaces et, surtout, d’un travail de sensibilisation au rôle vital que jouent les plantes dans notre vie quotidienne.

Voici les rapports résumés sur l’Angleterre et sur l’Irlande.
Les cartes interactives du site valent également le détour !
Bonne lecture !