Stupéfiants champignons !

© Michel Arnould – 2023


Ce matin, nous avions rendez-vous en forêt de Coëtquen pour une sortie naturaliste organisée par l’antenne Rance-Émeraude de l’association Bretagne-Vivante, et intitulée sobrement : « A la découverte du règne des Fungi ». 

Trois experts naturalistes se mirent à la disposition des 40 personnes présentes. Par un temps radieux et délicieusement frais, bercés par le chant des merles, des mésanges et des sittelles, tandis que se levaient les premiers rayons d’un soleil automnal illuminant d’or et de cuivre les frondaisons des arbres qui chuintaient dans le vent, nous écoutâmes, passionnés, un premier exposé sur la biodiversité, et les menaces qui pèsent sur elle, du fait des activités humaines. 

Puis on nous expliqua (ou on nous rappela) que les champignons ne sont pas des plantes. 

Le taxon « champignon » est devenu ambigu et considéré par la science actuelle comme obsolète car il ne désigne pas un groupe monophylétique. Il a en effet été divisé en eumycètes, oomycètes, chytridiomycètes et mycétozoaires. Les cellules des mycètes sont, pourvues d’une paroi chitineuse ou cellulosique et se nourrissent par l’absorption des molécules organiques directement dans le milieu. Les cellules des champignons sont dépourvues de chlorophylle et de plastes; ces organismes sont donc dits hétérotrophes pour le carbone ; en effet, on distingue les organismes capables de fabriquer leur propre matière à partir de carbone atmosphérique, (les autotrophes) et les hétérotrophes, qui utilisent de la matière organique pour fabriquer la leur. Le pissenlit est autotrophe, grâce à la photosynthèse, quand le renard est hétérotrophe.

Les champignons n’appartiennent donc pas au règne des plantes. Leur appareil végétatif est un thalle : ce sont donc des thallophytes qui adoptent un mode de vie filamenteux (l’ensemble des filaments appelés hyphes formant le mycélium). 

Présents dans le registre fossile depuis 450 millions d’années, soit le Silurien, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques en eaux douce, saumâtre et même marine (1500 espèces au moins, qui ont un rôle écologique important ; via des symbioses avec des algues parfois).

Après ces explications phylogénétiques, on nous expliqua l’anatomie du champignon (des champignons que l’on observe le plus fréquemment, s’entend) et ses éléments caractéristiques : la volve, le pied, l’anneau, les lames et enfin le chapeau. Il nous fut rappelé que les champignons que nous voyons ne sont que les organes reproducteurs (on les nomme sporophores) du mycélium, qui dispose ses réseaux sous-terrains sur des dizaines de kilomètres, que les lames, sous le champignon produisent les spores dispersées par le vent pour assurer la reproduction !

Pour identifier les champignons il faut suivre une démarche rigoureuse, basée sur des clés d’identification permettant de réduire, au fil du cheminement diagnostique, le nombre de possibles puis, in fine, ne conserver qu’un nom. Il faut rappeler qu’il ne saurait être question de faire une collecte de champignons à des fins culinaires avec la seule aide de ces clés. Seules une longue expérience et une pratique assidue permettent d’identifier correctement les champignons sans risque d’erreur.

Une longue balade en forêt, dans différents biotopes (forêt d’épineux, forêt de feuillus, prairies) permit de récolter, d’observer et admirer de très nombreux spécimens, de formes et de couleurs variées, souvent superbes, que les experts présents se firent un plaisir d’identifier : bolets, cortinaires, russules, coprins, entolomes, inocybes et lactaires ! Rien de moins !

Ce fut une bien jolie balade. La nature est généreuse pour qui sait prendre le temps de l’admirer !

Une petit anecdote pour terminer : saviez-vous que le plus grand être vivant du monde est un champignon et qu’il se nomme Armillaria solidipes. Le plus grand spécimen mesure 8,9 km2 . Situé dans l’Oregon aux États-Unis, il est âgé de 2 400 ans.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Guide des champignons – France et Europe. Guillaume Eyssartier & Pierre Roux. Voir ici
  2. L’origine du Monde. Marc-André Sélosse. Voir ici
  3. Chapeau, les champignons. Voir ici
  4. Les champignons redécouverts. Phillipe Silas & Fabienne Malagnac. Voir ici
  5. Le monde caché. Merlin Sheldrake. Voir ici

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