Cœurs et cerveaux à gogo !


Le poulpe (Octopus vulgaris) se rencontre parfois sur l’estran, et plus souvent en plongée. C’est un animal étonnant, presque fascinant tant par son extraordinaire anatomie que par ses capacités physiques et cognitives. Le poulpe possède en effet 1 siphon, 3 cœurs, 9 cerveaux, 8 tentacules, son sang est bleu et il est capable de changer de couleurs à volonté ce qui lui confère de stupéfiantes compétences en camouflage. Au lieu d’un squelette rigide, il possède des réseaux compacts de tissus musculaires qui se raidissent et s’assouplissent lorsqu’ils bougent ou se déplacent, et ses 8 tentacules ont un nombre infini de degrés de liberté, sans jamais s’emmêler.

Le poulpe contrôle en effet ses huit tentacules grâce à un système nerveux partiellement décentré. Il possède un cerveau central situé entre ses yeux et contenant environ 180 millions de neurones. Des commandes peuvent être envoyées à chacun des 8 tentacules qui dispose d’un cerveau auxiliaire, plus petit et indépendant. À la réception de ces ordres, chaque tentacule recueille ses propres données sensorielles et de position, son cerveau périphérique les traite, puis émet ses propres ordres de déplacement en raidissant ou en relâchant différentes parties du membre, le tout sans consulter le cerveau central à l’étage. Tout en se déplaçant, le tentacule continue à collecter et à traiter les informations sensorielles, et toute information pertinente, comme l’emplacement de la nourriture, est renvoyée au cerveau central pour que celui-ci prenne des décisions plus importantes. 40 millions de neurones sont affectés à chaque tentacule.

Le sang du poulpe est de couleur bleue. L’oxygène, extrait de l’eau par les branchies, est transporté par l’hémocyanine, découverte en 1878 par le savant belge Léon Fredericq lors de son étude détaillée des poulpes. Chez l’homme, la métalloprotéine qui transporte l’oxygène (hémoglobine) est à base de fer, de couleur rouge, et on la trouve dans les globules rouges. Chez le poulpe, la métalloprotéine transportant l’oxygène est l’hémocyanine, à base de cuivre, de couleur bleue, et extracellulaire, dissoute dans l’hémolymphe. L’affinité de l’hémocyanine pour l’oxygène est supérieure à celle de l’hémoglobine, mais son efficacité globale comme transporteur d’oxygène est, dans la plupart des cas, plus faible que celle de l’hémoglobine. Elle est cependant supérieure dans les environnements froids. On relève ainsi, parmi les organismes qui utilisent l’hémocyanine comme transporteur d’oxygène, des crustacés vivant dans des eaux froides à faible pression partielle d’oxygène.

Le poulpe dispose d’un système circulatoire dans lequel le sang circule sous l’action d’un cœur principal ou « systémique » relayé par deux petits cœurs branchiaux qui pompent le sang oxygéné par les branchies. La fréquence cardiaque des poulpes est en moyenne de 40 à 50 battements par minute ; elle varie peu, même à l’effort. 

Le siphon du poulpe, ou hyponome, se situe entre la tête et le reste du corps. Ce tube musculaire serait le fruit de l’évolution du pied d’un ancêtre mollusque. Il participe à la locomotion en permettant les mouvements de pénétration et d’éjection rapide de l’eau (contrôlés par les contractions du manteau). Ces animaux peuvent diriger leurs siphons dans différentes directions pour modifier leur trajectoire. Le siphon des poulpes fonctionne sur le même principe que le moteur à réaction d’un hydrojet ou d’un avion.

Comme tous les céphalopodes, le poulpe est capable de changer de couleur pour se fondre dans son environnement par homochromie, il peut ainsi se jeter sur une proie par surprise ou se cacher de la vue de ses prédateurs. Voir le film ici

DOCUMENTATION

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