Quand la nature murmure…


Nous étions 15, ce matin, à nous élancer sur ce joli petit chemin de la rive droite du Frémur.
Le temps était beau, il faisait doux, la lumière était idéale, et les premiers paysages nous ravissaient déjà.
Nous entamions d’un pas alerte notre première randonnée furtive, curieux d’une expérience nouvelle.

Nous marchâmes deux heures durant, dans le plus complet silence, à l’affût des sons qui nous seraient offerts. La première impression ressentie fut celle de la singularité, pour ne pas dire de l’étrangeté, de la situation.

Tandis que nous avancions à pas de loup, nous perçûmes le clapotis de la mer sur les rochers en contrebas, le vent chuinter à nos oreilles, ou bruisser dans les grands arbres et les buissons. Quelques petits rus et le Frémur nous régalèrent de leurs gouleyants écoulements. Nous entendîmes, étonnés, le va-et-vient de notre souffle et le bruit cadencé de nos pas. Premiers étonnements. Un sentiment de sérénité et de bien-être.

Nous entendîmes les bourdonnements des premiers insectes volants de la saison, enjambâmes deux planquées silencieuses de chenilles processionnaires du pin sur le chemin, et nous nous délectâmes des concerts vocaux que nous offrirent les oiseaux. Les plus enthousiastes furent les pouillots véloces, les rouges-gorges, les mésanges et les troglodytes. Mais plus de 20 espèces de ces joyeux volatiles entonnèrent leurs mélodie au sein de l’orchestre symphonique, sous l’apparente direction, tout là-haut, de l’alouette des chants champs.

Le cliquetis des drisses sur les mâts des voiliers, puis la cloche de Lancieux qui nous rappela l’heure avec douceur et élégance, furent les premières notes de la partition de l’Homme. Espoir…
Las, ne lésinant pas sur les moyens, comme à son habitude,  Sapiens enchaîna avec conviction et opiniâtreté de ses instruments favoris: hélicoptère, avion, voitures, camions, camionnettes et outils de jardin nous firent un tonitruant tintamarre, manière polie de ne pas évoquer une abominable cacophonie. Nous n’en fûmes pas surpris…

Nous sûmes apprécier non seulement les magnifiques paysages que cette promenade nous offrit, mais également et pour la 1re fois sans doute, les paysages sonores qui nous furent généreusement offerts.

Cette expérience de marche en silence fut un vrai moment de joie, amplifiée par la présence silencieuse des autres marcheurs, une manière inédite de savourer l’instant présent avec une acuité rare, et surtout d’apprécier la nature mieux que nous ne le faisons jamais lors de nos balades habituelles, pendant lesquelles nos discussions nous égarent si loin de ce présent que nous ne goûtons que trop peu.

Ceux et celles d’entre vous qui marchèrent en silence au bord du Frémur ce matin sont chaleureusement invités à laisser leurs commentaires personnels ci-dessous afin de diversifier les témoignages.

Documentation

  1. Histoire naturelle du silence. Jérôme Sueur. Actes Sud
  2. Qui donc chante ici ? Article de ce blogue pour identifier les oiseaux qui chantent

3 réflexions sur “Quand la nature murmure…

  1. Une belle expérience ! Je pensais que cela relèverait du défi en groupe mais pas du tout ,tout le monde a aussitôt joué le jeu .Nous qui vivons dans des environnements de sur informations,de pollution sonore visuelle c’est s’offrir un temps d écoute privilégié avec la nature et avec soi même..Une hommage a dame nature.A refaire.

    Aimé par 1 personne

  2. Bonjour Michel et un grand merci pour cette expérience très intéressante ! Tout est dit dans ton résumé tellement bien rédigé et dans lequel je me retrouve totalement !Quelle belle osmose avec la nature dans cette forme de pleine conscience qui dirigeait chacun de nos pas ! Prise de conscience agissant sur ce qui nous entoure mais aussi sur nous-même et donc sur les réactions de notre propre corps : olfactives, visuelles, auditives…et du bien-être que cela peut apporter. Renforcement de cette conscience que la nature est précieuse mais aussi très fragile : en temps ordinaire, aurais-je vu ce pèlerinage de chenilles processionnaires? Pire: j’aurais pu les écraser…Moi qui ai l’habitude d’écouter et de diriger, aurais-je seulement entendu à sa juste valeur cette symphonie d’oiseaux ? Prise de conscience des pouvoirs de la nature : l’apaisement, la communion avec les animaux, les plantes, les éléments…notre adaptation humaine de ce qui est aussi leur territoire, nous rappelant qu’il ne faut pas l’oublier !Tellement de richesses et de bienfaits qu’il faut apprendre à respecter encore et encore plus.. Et tant d’autres exemples… En résumé, le simple fait de revenir à Sapiens après une telle expérience ne fait que conforter l’envie de recommencer !Et mieux encore: je me rends compte là qu’il y a une filière de mon métier que j’aurais dû explorer plus attentivement : être preneuse de sons dans la nature !Dans une prochaine vie 🙂

    A très bientôt et bonne journée à toi,Marie.

    Yahoo Mail : Recherchez, organisez, maîtrisez

    Aimé par 1 personne

  3. Pour moi, marcher en silence permet de mieux se connecter à la nature et de mieux en profiter. Je suis partant pour en refaire, voire même un soir de pleine lune, afin d’avoir en plus les étoiles, les phares et les feux des navires.

    J’aime

Laisser un commentaire