Pollution : revers des feuilles urbaines

© Michel Arnould avec Dall-e

Une équipe de chercheurs norvégiens [1] vient de montrer que les arbres ne réduisent que très modestement (0,8%) la pollution en milieu urbain; ils pourraient même l’aggraver dans certains quartiers.

L’hypothèse selon laquelle la végétation améliore la qualité de l’air est très répandue dans les discours scientifiques, populaires et politiques. Cependant, des études expérimentales et de modélisation montrent que l’effet des espaces verts sur les concentrations de polluants atmosphériques en milieu urbain est très variable et lié au contexte.

Le lien entre la végétation et la qualité de l’air a été réexaminé en analysant les changements d’espaces verts urbains et les concentrations de polluants atmosphériques provenant de 2 615 stations de surveillance établies en Europe et aux États-Unis.

Entre 2010 et 2019, les stations ont enregistré une baisse des concentrations ambiantes de NO2, particules PM10 et PM2.5 (moyenne de -3,14 % par an), mais pas de O3 (+0,5 % par an), ce qui indique le succès général des récentes interventions politiques visant à restreindre les émissions anthropiques. 

L’effet de l’ensemble des espaces verts sur la pollution atmosphérique est faible et très variable, en particulier à l’échelle de la rue (rayon de 15 à 60 m) où la végétation peut restreindre la ventilation. Cependant, en analysant séparément les changements dans le couvert végétal, nous avons trouvé une une majoration de la pollution de l’air à l’échelle de l’arrondissement et de la ville (120 à 16 000 m), en particulier pour l’O3 et les PM. 

L’effet des espaces verts était plus faible que les effets de dépôt et de dispersion des polluants des facteurs météorologiques, notamment les précipitations, l’humidité et la vitesse du vent. Lorsque l’on fait la moyenne des échelles spatiales, une augmentation d’une SD des espaces verts a entraîné une diminution de 0,8 % (IC à 95 % : -3,5 à 2 %) de la pollution de l’air. 

Ces résultats suggèrent que si la végétalisation urbaine peut améliorer la qualité de l’air à l’échelle d’un quartier ou d’une ville, l’impact est modéré et peut même avoir des effets néfastes au niveau de la rue en fonction de facteurs aérodynamiques tels que le type de végétation et l’architecture urbaine.

Il faudra sans doute repenser les modalités de la végétalisation des villes : des plantes plus basses que les arbres seraient probablement plus efficaces, d’après Zander Venter et son équipe. L’idéal serait de planter des haies denses et continues, au milieu des rues (et pas sur les bords) ce qui posera, à l’évidence, de délicats problèmes d’aménagement urbain…

Il ne faut pas, cependant, jeter l’arbre avec l’eau de la forêt. L’arbre réduit efficacement la chaleur urbaine; il absorbe une partie de l’eau des fortes pluies, et il est excellent pour le moral du citadin. [2]

Bibliographie

  1. Reassessing the role of urban green space in air pollution control Zander S. Venter, Amirhossein Hassani , Erik Stange, Núria Castell. PNAS. Vol. 121 | No. 6
  2. https://www.treecitiesoftheworld.org/benefits.cfm

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