Espérances de vol

Au cours d’une belle randonnée en forêt, l’enfant demanda, ex abrupto à ses parents, les yeux brillants de curiosité et le coeur gonflé d’un fol espoir : «  Maman, Papa, combien de temps un oiseau vit-il  ? »  Silence et abîme de perplexité chez les parents, regard plongeant sur leurs souliers de randonnée, muets et incapables de donner le moindre début d’une quelconque réponse. 

Comment, en effet,  répondre avec justesse à cette question ô combien pertinente,  de l’espérance de vie des animaux sauvages ?  Contrairement à l’Homo sapiens sapiens qui dispose de registres d’état civil permettant de répondre à la question avec des chiffres, nul registre ne permet d’étayer la moindre réponse chez les animaux sauvages et donc chez les oiseaux.  Or, comme le disait si bien W. Edwards  Deming : «  Sans données, vous n’êtes qu’une personne de plus avec son opinion » 

Déçu, l’enfant s’en alla donc interroger son bot préféré, ChatGPT, sur la tablette déposée par le Père Noël au pied du sapin il y a quelques mois, et tapa fébrilement sur le clavier, sans détours :  « Quelle est l’espérance de vie des oiseaux ? ». En moins de temps que ne met la lumière pour courir de la Lune à la Terre, la réponse fusa sur l’écran scintillant : 

L’espérance de vie des oiseaux varie considérablement en fonction de l’espèce, de l’environnement et d’autres facteurs. En général, les oiseaux ont des durées de vie plus courtes que les humains, mais certaines espèces peuvent vivre jusqu’à plusieurs décennies. Les oiseaux de proie comme les aigles et les faucons ont tendance à vivre plus longtemps que les oiseaux chanteurs et les oiseaux de basse-cour, avec des durées de vie moyennes allant de 20 à 30 ans pour les grands rapaces à 5 à 10 ans pour les petits passereaux. Cependant, il existe des exceptions à cette règle générale. Par exemple, les perroquets sont connus pour leur longévité, avec certaines espèces pouvant vivre jusqu’à 80 ans en captivité. Les pingouins peuvent également vivre longtemps, avec une espérance de vie moyenne de 15 à 20 ans dans la nature. En fin de compte, il est important de se rappeler que l’espérance de vie des oiseaux varie considérablement en fonction de l’espèce, de l’environnement et d’autres facteurs, et qu’il n’y a pas de réponse unique à cette question.

La réponse du bot dépassait sans conteste le laconisme parental, mais elle ne satisfit pas totalement le jeune naturaliste en herbe. Il s’en fut donc quérir, dans la bibliothèque, le n°90 de l’excellente revue La Hulotte, qui de la page 22 à la page 42, lui proposa des chiffres, enfin, chiffres qui étaient, il le comprit aisément, des records, enregistrés en analysant les bagues posées sur des oiseaux sauvages. Il s’avisa qu’il ne s’agissait donc pas de documenter l’espérance de vie moyenne des espèces considérées, mais seulement de désigner des champions de survie, dans un monde  qu’il sait déjà impitoyable et cruel. Or il adore les champions, et les superhéros !  Quelle coïncidence !

Voici, ci-après, les chiffres donnés par la Hulotte : 

Espèce, poids moyen, record de longévité

  • Albatros royal, 8 kg, 62 ans
  • Puffin des anglais 450 g, 53 ans
  • Fulmar boréal, 800 g, 50 ans
  • Huîtrier pie, 540 g, 43 ans
  • Flamand rose, 3 kg, 40 ans
  • Cigogne blanche, 3,2 kg, 39 ans
  • Oie à bec court, 2,5 kg, 39 ans
  • Héron cendré, 1,5 kg, 35 ans
  • Canard siffleur, 500 g, 34 ans
  • Circaète Jean-le-Blanc, 1,7 kg, 33 ans
  • Océanite tempête, 25 g, 33 ans
  • Courlis cendré, 550 g, 32 ans
  • Aigle royal, 6,5 kg, 32 ans
  • Martinet noir : 45 g, 30 ans
  • Bernache cravant, 1,5 kg, 29 ans
  • Bondrée apivore, 750 g, 29 ans
  • Bécasseau variable, 48 g, 28 ans
  • Pygargue à tête blanche, 5 kg, 28 ans
  • Buse variable, 800 g, 28 ans
  • Canard pilet, 800 g, 27 ans
  • Hirondelle de cheminée, 19 g, 24 ans
  • Martin pêcheur, 40 g, 21 ans
  • Pie bavarde, 400 g, 21 ans
  • Moineau domestique, 30 g, 19 ans
  • Rouge-Gorge familier, 18 g, 18 ans
  • Mésange charbonnière, 18 g, 15 ans
  • Pouillot véloce, 8 g, 12 ans
  • Pouillot finis, 8 g, 11 ans

L’enfant remercia en son for intérieur, sa géniale grand-mère qui lui avait offert l’intégrale des numéros de la Hulotte, et le non moins génial rédacteur de cette revue, alliant information scientifique, humour et iconographie de génie. 

BIBLIOGRAPHIE

Une réflexion sur “Espérances de vol

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