Cale sèche en bois

Une randonnée sur la commune du Minihic-sur-Rance nous mena devant une curiosité historique, fruit de l’alliance de la mer et du génie des hommes qui ne manqua pas de nous intéresser, car elle est, à l’évidence, chargée d’histoire !

Au siècle dernier, tout le littoral de l’anse de la Landriais au Minihic sur Rance était occupé par des chantiers navals, des hangars de construction et des concessions sur le domaine maritime servant à établir les parcs à bois. Les bois destinés à la construction navale doivent en effet, avant d’être mis en œuvre, perdre leur sève pendant plusieurs années dans l’eau de mer. À la Landriais, il ne se construisait pas de grands navires comme les terres-neuvas, mais une quantité de petits bateaux adaptés à la pêche ou au transport dans la Rance maritime : des gabares pour Pleudihen, des carrelets pour la Hisse, des chippes lançonnières pour Saint-Suliac ainsi que des petits canots et plus tard des doris en grand nombre. On y fit aussi des chalands pour le canal et des bisquines pour Cancale.

La cale sèche, en bois, du chantier Lemarchand

Les constructions navales de la Landriais créées en 1850 par Louis Saubost prirent de l’importance à partir de 1880. Cette année là le constructeur abandonne son affaire à son gendre François Lemarchand, capitaine au long cours, homme intelligent et entreprenant qui modernisa l’outillage et les méthodes de travail. La grande pêche à Terre-Neuve crée alors une demande importance en matière de construction et de réparation de navires. Saint-Malo dispose de cales de construction en quantité suffisante mais n’a rien en matière de réparation. Lemarchand sait que l’ampleur de la marée lui permet d’amener presqu’en haut de grève, devant son chantier, un bateau de 4 mètres de tirant d’eau.

Il décide d’y construire une cale sèche qui fera 45 m de long, 10 m de large, 5 m de hauteur, fermée du côté du large par des portes similaires à celles d’une écluse. Commencée en 1905, la cale fut mise en service dès 1910 et fonctionna une trentaine d’année.

À marée haute, les hommes du chantier faisaient entrer le navire qui la mer baissant, venait reposer par sa quille sur la pile de tins, pendant qu’ils l’accoraient sur les parois de la cale. Les portes étaient alors fermées et calfatées et ils pouvaient travailler au sec sur le bateau.

La restauration de l’ouvrage d’art

Créée en 1990, l’Association des Amis de la Baie de la Landriais s’est donnée pour tâche prioritaire de restaurer la cale sèche afin que soit préservé le souvenir d’un ouvrage dont il n’existe plus aucun autre exemplaire sur nos côtes et peut être au monde. Les travaux de restauration ont débuté en 1996 et l’inauguration a eu lieu 12 années plus tard en 2008. Ces travaux ont été réalisés suivant les plans du professeur Jean Le Bot, avec l’aide financière de la fondation Langlois, de la direction Régionale des affaires culturelles (DRAC), du Conseil Général d’Ille et Vilaine, de la fondation du Patrimoine, du Mécénat privé et de tous les membres bénévoles de l’association.

DOCUMENTATION

  1. Les « cales sèches » ou formes de radoub 
  2. Histoire de la construction navale en Bretagne nord
  3. Les gabariers de la Rance.
  4. Les chalands de la Rance

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