Eau courante et algues à tous les étages

© M. Arnould

Quel monde fascinant que celui de l’estran ! Alternativement subermergé et émergé, les conditions de vie des habitants qu’il héberge ne sont sont guère confortables, qui fluctuent gravement au gré des marées et de la météo. Lorsque le visiteur parvient à l’étage supra-littoral de l’estran, l’une des premières choses qu’il y remarque sont les lichens et les algues qui peignent le sable et les rochers.

Wikipédia nous explique ce que sont les algues :  des organismes vivants capables de produire de la photosynthèse oxygénique et dont le cycle de vie se déroule généralement en milieu aquatique. Elles constituent une part très importante de la biodiversité et la base principale des chaînes alimentaires des eaux douces, saumâtres et marines.  Les algues ne constituent pas un groupe évolutif unique, mais rassemblent toute une série d’organismes pouvant appartenir à des groupes phylogénétiques très différents. De fait, les algues ont souvent été définies par défaut, par simple opposition aux végétaux terrestres ou aquatiques pluricellulaires.

Malgré les incertitudes quant aux organismes qui devraient être considérés comme des algues, un inventaire établi en 2012, d’après la base de données AlgaeBase (qui inclut 15 phyla et 64 classes mais ne prend pas en compte les quelque 200 000 espèces de diatomées (microalgues siliceuses), recense plus de 170 000 espèces d’algues différentes.

Les algues se répartissent du haut en bas de l’estran en fonction :

  • De leur équipement pigmentaire.
  • De leur capacité à résister à la déshydratation le temps d’une basse mer. 
  • De leur exposition aux vagues, en mode plus ou moins battu.
  • De l’amplitude des marées
  • De la configuration de l’estran.
  • De la luminosité liée à l’orientation de l’estran.

Les algues capables de résister à la dessiccation et à l’exposition à l’air se trouveront dans la zone supérieure de l’estran. Les algues qui ont besoin d’un environnement humide se trouvent dans la zone inférieure. Certaines algues préfèrent être immergées dans l’eau en permanence, tandis que d’autres peuvent survivre dans des zones intertidales. Les algues ont une tolérance variable selon les espèces aux facteurs environnementaux tels que la salinité, la température et la qualité de l’eau. Certaines algues peuvent tolérer des conditions environnementales extrêmes et vivre dans des zones où d’autres organismes ne le peuvent pas.

En fin de compte, la répartition des algues le long de l’estran dépend d’une combinaison complexe de ces facteurs et peut varier en fonction des conditions locales de chaque environnement. Le tableau ci-dessous est une bonne synthèse des modalités de répartition des algues sur l’estran.

Source du tableau

Laissez-moi faire les présentations de tous ces habitants. Un clic sur l’hyperlien de chacune de ces algues ou de ces lichens vous donnera accès à une photographie de l’espèce et à l’ensemble des caractéristiques de l’espèce.

  • Verrucaria maura désormais nommée Hydropunctaria maura ou Verrucaire noire, en terme vernaculaire, est un lichen encroûtant de la famille des Verrucariaceae. Il s’agit d’une espèce strictement maritime vivant dans l’étage supralittoral, juste au-dessus de la limite supérieure de l’estran. De couleur noire, ce lichen forme à ce niveau une ceinture caractéristique sur les rivages marins de nombreuses régions du monde. Son aspect rappelle des dépôts dus à une sinistre marée noire. Sur les zones côtières, la zone noire dominée par Hydropunctaria maura souligne le niveau des plus hautes mers et marque le passage au milieu terrestre.
  • Lichina pygmaea est également un lichen
Source

Les algues vertes sont un ensemble d’algues dont les pigments photosynthétiques principaux sont les chlorophylles a et b, elles sont généralement de couleur verte.

Les algues brunes, nommées Phaeophyceae ou Phéophycées, sont une classe d’algues de l’embranchement des Ochrophyta. Ce sont des algues qui utilisent comme pigment collecteur de lumière de la chlorophylle c combinée à un pigment brun, la fucoxanthine. Leur taille varie de l’échelle microscopique à plusieurs dizaines de mètres. 

Les algues rouges (division des Rhodophyta), sont un grand taxon d’algues pour la plupart marines et pour la plupart multicellulaires (la plupart sont sessiles, c’est-à-dire qu’elles se développent fixées sur un substrat quelconque). Elles sont caractérisées par une composition pigmentaire avec un seul type de chlorophylle, la chlorophylle a, des caroténoïdes et des pigments caractéristiques, les phycobiliprotéines. 

BIBLIOGRAPHIE

  • Algues, l’autre forêt. Epsiloon n°20, février 2023. Les scientifiques commencent à peine à saisir l’ampleur de ce monde englouti : prodigieux refuges de biodiversité et pièges à carbone hors normes, les forêts marines n’ont rien à envier aux jungles terrestres. Au point de susciter déjà les mêmes convoitises.
  • Les forêts de macroalgues sont un écosystème majeur sur la planète : Les habitats de macroalgues sont considérés comme les plus étendus et les plus productifs de tous les écosystèmes végétaux côtiers. Contrairement à l’attention croissante portée à leur contribution à l’exportation et à la séquestration du carbone, la compréhension de leur étendue et de leur production à l’échelle mondiale est limitée et est restée mal évaluée pendant des décennies. Nous présentons ici une première évaluation de l’étendue et de la production mondiales des habitats de macroalgues, basée sur des distributions modélisées et observées et sur la production primaire nette (PPN) à travers les types d’habitats.
  • Les algues ont un rôle important dans le stockage du carbone : Les algues brunes convertissent chaque année des gigatonnes de dioxyde de carbone en hydrates de carbone, dont le polysaccharide complexe de la matrice extracellulaire, le fucoidan. En raison de sa persistance dans l’environnement, le fucoïdane est potentiellement une voie de piégeage du carbone marin. Les taux de sécrétion de fucoïdane par les algues brunes restent inconnus en raison de la difficulté d’identifier et de quantifier des polysaccharides complexes dans l’eau de mer. Nous avons adapté les techniques de chromatographie d’échange d’anions, de dosage immuno-enzymatique et de dosage biocatalytique à base d’enzymes pour la détection et la quantification du fucoïdane. Nous avons constaté que l’algue brune Fucus vesiculosus sur la côte de la mer Baltique, au sud-ouest de la Finlande, sécrète 0,3 % de sa biomasse sous forme de fucoïdane par jour. Les concentrations de fucoïdan dissous dans l’eau de mer adjacente aux algues ont atteint jusqu’à 0,48 mg L-1. Le fucoïdane s’est accumulé pendant les incubations de F. vesiculosus, significativement plus à la lumière qu’à l’obscurité. L’estimation maximale par hydrolyse acide a indiqué une sécrétion de fucoïdane à un taux de 28 à 40 mg C kg-1 h-1, représentant 44 à 50 % de tout le carbone organique dissous exsudé. Composée uniquement de carbone, d’oxygène, d’hydrogène et de soufre, la sécrétion de fucoïdane ne consomme pas de nutriments, ce qui permet la séquestration du carbone indépendamment de la croissance des algues. Extrapolées sur une année, les algues séquestrent plus de carbone dans le fucoïdan sécrété que dans leur biomasse. L’utilité globale de la sécrétion de fucoïdane est une voie alternative pour l’élimination du dioxyde de carbone par les algues brunes sans qu’il soit nécessaire de récolter ou d’enfouir la biomasse des algues.
  • Une tentative japonaise d’utiliser ces écosystèmes en crédit carbone : Le concept de « carbone bleu » et le rôle du carbone bleu stocké dans les écosystèmes côtiers peu profonds dans l’atténuation du changement climatique ont attiré l’attention du monde entier. Outre les écosystèmes typiques du carbone bleu, tels que les mangroves, les marais intertidaux et les prairies sous-marines, les lits de macroalgues et la culture de macroalgues sont également de plus en plus reconnus comme des puits potentiels de carbone bleu. Des politiques et des méthodologies efficaces sont importantes pour la conservation et l’expansion des puits de carbone bleu, ainsi que pour la réduction du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère qui en découle. L’une des méthodes les plus efficaces est le système de crédits compensatoires de carbone. Toutefois, à ce jour, presque tous les systèmes de crédits ont été mis en œuvre pour les mangroves et les marais salants. Aucun n’a été mis en œuvre pour les prairies marines, les lits de macroalgues et la culture de macroalgues, bien que leur potentiel d’absorption de CO2 soit important. Nous examinons ici trois projets de crédits compensatoires de carbone bleu pour les prairies sous-marines, les lits de macroalgues et la culture de macroalgues mis en œuvre au Japon. Nous présentons les projets de crédits compensatoires de carbone bleu (1) de la ville de Yokohama, le premier au monde ; (2) de la ville de Fukuoka, le deuxième projet de ce type au Japon ; et (3) le premier projet de démonstration du gouvernement national japonais. En outre, nous soulignons leurs caractéristiques en les comparant à d’autres projets de compensation de carbone bleu. Enfin, nous discutons de la nécessité d’accélérer les projets de crédits compensatoires de carbone bleu et les initiatives connexes à l’avenir.

Terminons cet article par une poésie de Victor Hugo. Puisse-t-elle adoucir — ainsi l’espère l’auteur —l’aridité apparente de l’exposé (si je puis dire, s’agissant d’un billet sur les algues marines…)

A celle qui est voilée
Victor Hugo

Tu me parles du fond d’un rêve
Comme une âme parle aux vivants.
Comme l’écume de la grève,
Ta robe flotte dans les vents.
Je suis l’algue des flots sans nombre,
Le captif du destin vainqueur ;
Je suis celui que toute l’ombre
Couvre sans éteindre son coeur.
Mon esprit ressemble à cette île,
Et mon sort à cet océan ;
Et je suis l’habitant tranquille
De la foudre et de l’ouragan.
Je suis le proscrit qui se voile,
Qui songe, et chante, loin du bruit,
Avec la chouette et l’étoile,
La sombre chanson de la nuit.
Toi, n’es-tu pas, comme moi-même,
Flambeau dans ce monde âpre et vil,
Ame, c’est-à-dire problème,
Et femme, c’est-à-dire exil ?
Sors du nuage, ombre charmante.
O fantôme, laisse-toi voir !
Sois un phare dans ma tourmente,
Sois un regard dans mon ciel noir !
Cherche-moi parmi les mouettes !
Dresse un rayon sur mon récif,
Et, dans mes profondeurs muettes,
La blancheur de l’ange pensif !
Sois l’aile qui passe et se mêle
Aux grandes vagues en courroux.
Oh, viens ! tu dois être bien belle,
Car ton chant lointain est bien doux ;
Car la nuit engendre l’aurore ;
C’est peut-être une loi des cieux
Que mon noir destin fasse éclore
Ton sourire mystérieux !
Dans ce ténébreux monde où j’erre,
Nous devons nous apercevoir,
Toi, toute faite de lumière,
Moi, tout composé de devoir !
Tu me dis de loin que tu m’aimes,
Et que, la nuit, à l’horizon,
Tu viens voir sur les grèves blêmes
Le spectre blanc de ma maison.
Là, méditant sous le grand dôme,
Près du flot sans trêve agité,
Surprise de trouver l’atome
Ressemblant à l’immensité,
Tu compares, sans me connaître,
L’onde à l’homme, l’ombre au banni,
Ma lampe étoilant ma fenêtre
A l’astre étoilant l’infini !
Parfois, comme au fond d’une tombe,
Je te sens sur mon front fatal,
Bouche de l’Inconnu d’où tombe
Le pur baiser de l’Idéal.
A ton souffle, vers Dieu poussées,
Je sens en moi, douce frayeur,
Frissonner toutes mes pensées,
Feuilles de l’arbre intérieur.
Mais tu ne veux pas qu’on te voie ;
Tu viens et tu fuis tour à tour ;
Tu ne veux pas te nommer joie,
Ayant dit : Je m’appelle amour.
Oh ! fais un pas de plus ! Viens, entre,
Si nul devoir ne le défend ;
Viens voir mon âme dans son antre,
L’esprit lion, le coeur enfant ;
Viens voir le désert où j’habite
Seul sous mon plafond effrayant ;
Sois l’ange chez le cénobite,
Sois la clarté chez le voyant.
Change en perles dans mes décombres
Toutes mes gouttes de sueur !
Viens poser sur mes oeuvres sombres
Ton doigt d’où sort une lueur !
Du bord des sinistres ravines
Du rêve et de la vision,
J’entrevois les choses divines… –
Complète l’apparition !
Viens voir le songeur qui s’enflamme
A mesure qu’il se détruit,
Et, de jour en jour, dans son âme
A plus de mort et moins de nuit !
Viens ! viens dans ma brume hagarde,
Où naît la foi, d’où l’esprit sort,
Où confusément je regarde
Les formes obscures du sort.
Tout s’éclaire aux lueurs funèbres ;
Dieu, pour le penseur attristé,
Ouvre toujours dans les ténèbres
De brusques gouffres de clarté.
Avant d’être sur cette terre,
Je sens que jadis j’ai plané ;
J’étais l’archange solitaire,
Et mon malheur, c’est d’être né.
Sur mon âme, qui fut colombe,
Viens, toi qui des cieux as le sceau.
Quelquefois une plume tombe
Sur le cadavre d’un oiseau.
Oui, mon malheur irréparable,
C’est de pendre aux deux éléments,
C’est d’avoir en moi, misérable,
De la fange et des firmaments !
Hélas ! hélas ! c’est d’être un homme ;
C’est de songer que j’étais beau,
D’ignorer comment je me nomme,
D’être un ciel et d’être un tombeau !
C’est d’être un forçat qui promène
Son vil labeur sous le ciel bleu ;
C’est de porter la hotte humaine
Où j’avais vos ailes, mon Dieu !
C’est de traîner de la matière ;
C’est d’être plein, moi, fils du jour,
De la terre du cimetière,
Même quand je m’écrie : Amour !
Victor Hugo, Les contemplations

Rois et reines du vivant

D’après Carl Woese, enrichi par G. Lecointre et H. Leguyader, P. Lopez-Garcìa et D. Moreira

Le récent couronnement du roi d’Angleterre, Charles III, a fait la une des journaux télévisés et des magazines. Mais le règne d’un Homo Sapiens paraît bien futile et bien dérisoire. L’Ecclésiaste se s’exclamait-il pas, il y a plusieurs siècles que « Tout n’est que vanité et poursuite de vent» ?

Quel profit l’homme retire-t-il des peines qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va ; une génération lui succède ; la terre cependant reste à sa place. Le soleil se lève ; le soleil se couche ; puis il regagne en hâte le point où il doit se lever de nouveau. Tantôt soufflant vers le sud, ensuite passant au nord, le vent tourne, tourne sans cesse, et revient éternellement sur les cercles qu’il a déjà tracés. Tous les fleuves se jettent dans la mer, et la mer ne regorge pas, et les fleuves reviennent au lieu d’où ils coulent pour couler encore. Tout est difficile à expliquer ; l’homme ne peut rendre compte de rien ; l’œil ne se rassasie pas à force de voir ; l’oreille ne se remplit pas à force d’entendre.
Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui est arrivé arrivera encore. Rien de nouveau sous le soleil. Quand on vous dit de quelque chose : « Venez voir, c’est du neuf », n’en croyez rien ; la chose dont il s’agit a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés. Les hommes d’autrefois n’ont plus chez nous de mémoire ; les hommes de l’avenir n’en laisseront pas davantage chez ceux qui viendront après eux.

Récemment je me suis abonné à l’excellente revue naturaliste « Salamandre », et après une sortie d’exploration sur l’estran, qui m’a beaucoup intéressé, j’ai décidé d’approfondir mes maigres connaissances sur le sujet par la lecture d’une série de 9 articles traitant spécifiquement des algues. Et c’est ainsi que j’ai découvert, dès le 1er chapitre, qu’il existait pas moins de 3 domaines et de 9 règnes dans la classification moderne du vivant, quand j’en été resté à mes cours de sciences naturelles, et à la classification traditionnelle de Linné (1735) qui reconnaissait deux règnes (végétal / animal) avec un doute sur la place des champignons, ni animaux, ni végétaux.

Trois domaines :
1. Les ARCHÉES : procaryotes unicellulaires avec histones, premiers unicellulaires apparus il y a 3 milliards d’années
2. Les BACTÉRIES : procaryotes unicellulaires sans histones
3. Les EUCARYOTES : organismes unicellulaires ou multicellulaires dont les cellules possèdent un noyau et des organites.

Archées et bactéries représentent 80% de la biomasse de la Terre !
Les eucaryotes sont divisés en 9 règnes (image ci-dessus) et on remarquera que les champignons et les animaux font partie du même règne, celui des Opisthocontes.

Merci à la Salamandre de ce résumé clair et concis sur le sujet complexe et un peu abscons de la taxonomie du vivant.

L’étoile du shérif ⭐️

L’estran. Un monde d’apparence minérale et pourtant grouillant de vie pour qui veut bien y consacrer un peu de temps et de curiosité. Un monde extrême qui met au défi tous les êtres vivants, animaux, algues, lichens, de survivre à ses conditions fluctuantes et violentes. 

Pourtant, nous avons vu, dans un précédent billet, que les habitants de l’estran sont nombreux, pour ne pas dire innombrables !
24 phylum, des algues aux poissons, en passant par les les tuniciers ou les phoronidiens ! Et combien d’espèces ? Ils sont innumérables pour le béotien, et leurs identités sont fort difficiles à appréhender. Car, si certaines espèces ont eu l’heur de se voir attribuer un nom vernaculaire (coucou le bigorneau, l’étrille, le dormeur, l’huître et la moule, le cormaillot, les patelles et les balanes !) la plupart ne disposent que d’une appellation scientifique, toujours en latin, s’il vous plaît ! C’est très chic, mais évidemment fort difficile à mémoriser. 

Nous avons fait la connaissance, récemment, d’un joli petit échinoderme qui se croyait à l’abri d’un petit rocher que l’un d’entre nous, plus curieux que les autres, retourna. Son nom vernaculaire est étoile de shérif, ou astérie pentagonale. Son nom latin est Asterina gibbosa. C’est une étoile de mer, de petite taille, fort jolie au demeurant. Sa robe peut être verte, violette, rouge, orange, jaune ou brune, unie ou marbrée.  « La nôtre » était verte avec de petits éclats jaunes, fort seyants. Ce que notre guide nous appris sur le mode de déplacement de cet animal ne manquant pas de nous interloquer.

Les étoiles de mer, en effet, se déplacent en rampant sur leurs nombreux pieds ambulacraires, rien de bien stupéfiant, me direz-vous ! Mais votre curiosité ne manquera pas d’être férocement piquée si je vous dis que ces déplacements mobilisent en même temps un système hydraulique et un système chimique associant successivement colle et dissolvant, !

La chimie d’abord !

Les pieds ambulacraires de l’anémone , appelés podia (podion au singulier) sont les organes locomoteurs de l’étoile de mer. Au centre de la face inférieure du disque central se trouve la bouche, où se rejoignent les « sillons ambulacraires » des bras. Chacun de ces sillons radiaux porte entre 2 et 4 rangées de podia. Contrairement à une idée très répandue (et longtemps admise par les scientifiques), les extrémités des podia ne sont pas des ventouses : ils ne sont généralement pourvus d’aucun système de succion, et ne disposent pas d’une cavité à vide. Leur pouvoir adhérant est dû à la sécrétion d’une puissante colle sécrétée par des cellules spécialisées. Lors du détachement, ces cellules sécrètent un dissolvant, qui dissout la structure collante et permet la libération du podion. L’extrémité distale du podion n’est donc en fait un simple élargissement qui sert à augmenter la surface d’adhésion au substrat (elle est d’ailleurs généralement plate et pas concave).  L’adhésion par colle plutôt que par succion constitue un avantage indéniable, car elle permet d’escalader des parois rugueuses, quand les ventouses ne peuvent coller que sur des surfaces parfaitement lisses. La colle particulièrement efficace que sécrètent les échinodermes est étudiée par des ingénieurs, en vue d’en tirer des applications industrielles sur le modèle du biomimétisme.

L’hydraulique ensuite !

Ces podia sont mobilisés, non par des muscles, mais par un système hydraulique : Le corps de l’étoile de mer renferme un système de chambres remplies d’eau de mer, le système aquifère ou ambulacraire, qui communique avec le milieu extérieur par un ou plusieurs pores aquifères. Ces pores sont regroupés sur la plaque aquifère ou « madréporique » qui permet de faire varier la pression hydraulique du système. Par des changements de pression dans ces chambres, ce système permet les mouvements des podia.

Ces sillons ambulacraires sont protégés de part et d’autre par une rangée de plaques armées de piquants. Les podia assurent une lente reptation ou le glissement sur les surfaces dures, le retournement si nécessaire, ou l’enfouissement pour les espèces qui vivent enterrées dans le sédiment. Voici une Vidéo montrant le déplacement d’une étoile de mer.  

Etonnant, non ?

BIBLIOGRAPHIE

  1. Les échinodermes. Université Catholique de Louvain. voir ici 
  2. Les astéries. Wikipédia
  3. Les podia. Wikipédia

Singulières halophytes

Les sorties d’exploration de l’estran sont, bien souvent, l’occasion de d’admirer des espèces remarquables ou d’apprendre des choses étonnantes. La nature sait nous émerveiller par ses merveilles comme par ses étrangetés.

Lors de notre dernière exploration, nous avons été présentés, dans les zones supralittorale et adlittorale, à des plantes capables de survivre et prospérer dans un milieu difficile car très riche en sel. On parle de plantes halophytes, adaptées aux milieux salés, car parfois immergées (lors des grandes marées) ou exposées au embruns.

Les plantes halophytes ont développé plusieurs mécanismes adaptatifs, (morphologiques, et physiologiques) leur permettant de survivre en milieux salés.

Voici quelques exemples de ces mécanismes physiologiques :

  • La sécrétion de sel : certaines plantes halophytes ont des glandes spécialisées qui leur permettent d’éliminer l’excès de sel. Ces glandes se trouvent sur les feuilles ou les tiges des plantes, et permettent de maintenir une concentration de sel acceptable dans les tissus de la plante.
  • L’accumulation de solutés : Les plantes halophytes peuvent accumuler des solutés compatibles dans leurs cellules pour réduire l’effet du sel sur leur métabolisme. Ces solutés comprennent des acides aminés, des sucres et des alcools organiques qui peuvent aider la plante à réguler son équilibre osmotique.
  • L’adaptation de la structure racinaire : Les racines des plantes halophytes sont souvent plus profondes et plus développées que celles des plantes non halophytes. Elles peuvent également avoir des poils racinaires plus courts et plus épais pour minimiser l’absorption de sel.
  • La capacité à résister au stress oxydatif : Les plantes halophytes sont souvent soumises à des niveaux élevés de stress oxydatif, en raison de l’accumulation de sel. Elles ont donc développé des systèmes enzymatiques spéciaux pour neutraliser les radicaux libres et protéger leur matériel génétique et leurs membranes cellulaires.
  • La tolérance à la sécheresse : Les plantes halophytes peuvent également survivre à des environnements salins en développant une tolérance à la sécheresse. Elles ont souvent des feuilles épaisses et charnues qui leur permettent de stocker de l’eau et de minimiser la perte d’eau par transpiration.
  • Réduction de la transpiration. Pour minimiser la perte d’eau causée par la transpiration, les halophytes réduisent la taille de leurs organes aériens, tels que feuilles et tige. Ces plantes ont des feuilles petites souvent modifiées en aiguilles ou en écailles. Elles ont une cuticule épaisse recouverte d’une couche cireuse afin de limiter la transpiration. Environ 90 % de l’eau perdue par une plante sort par les stomates, pores responsables des échanges d’O2 et de CO2 entre l’atmosphère et la feuille. La quantité de stomates se trouvant sur les feuilles des halophytes est donc grandement réduite pour limiter ces pertes. Les stomates peuvent également être situés dans des cryptes où l’air est moins souvent renouvelé. De la même façon, les feuilles peuvent être pubescentes ce qui limite la circulation d’air et minimise les échanges.
  • Forme des organes aériens et stockage de l’eau. Les halophytes sont caractérisés par des structures homologues à celles des plantes vivant dans les milieux arides (Xérophytes). En effet, elles possèdent souvent des organes aériens succulents (charnus). Les tissus qui présentent cette succulence sont créés par hypertrophie de certaines cellules du parenchyme, un tissu de réserve ou d’assimilation, qui devient capable se gorger d’eau lorsque la ressource est accessible. Ces feuilles succulentes peuvent donc emmagasiner de grandes réserves d’eau. Leur tige, souvent charnue, leur confère la même propriété de stockage de l’eau, permettant de diminuer la concentration interne en sel. Puisque les halophytes perdent beaucoup d’eau par transpiration et ce, proportionnellement à la surface de leurs tissus, et qu’un moyen de pallier cette perte est de faire des réserves d’eau, ces plantes ont avantage à avoir un ratio surface/volume très petit.
  • Contrôle de l’absorption des sels. Lorsque la concentration en sel est trop élevée dans l’environnement, la plante limite l’entrée des sels dans ses tissus via des membranes perméables sélectives. Ces membranes ne laissent pas entrer les sels dans le cytosol au delà d’un seuil adapté à la plante. Certaines plantes, comme le palétuvier rouge, possèdent des glandes situées sur leur épiderme qui ont pour but d’excréter les sels, surtout NaCl, par les feuilles afin de diminuer la concentration en ions à l’intérieur des tissus et de la ramener à l’équilibre. Chez la plupart des plantes, les sels en excès sont stockés dans des vacuoles afin de diminuer leur concentration dans le cytosol et les chloroplastes. Chez les soudes (Suaeda), les tissus contenant une trop grande concentration en sel noircissent et tombent. Cette forme de sénescence entraînent le remplacement des organes gorgés de sels par de nouveaux à même d’accomplir leur fonction.

En combinant ces mécanismes adaptatifs, les plantes halophytes peuvent survivre et prospérer dans des environnements extrêmement salins où les plantes ordinaires ne peuvent pas survivre.

Les plantes halophytes les plus communes, en Bretagne sont : 

Pour en savoir davantage sur les plantes halophytes : voir ici

Les zozios péjaliques

Dis papi, c’est quoi des zozios péjaliques ? 🙄

Que voilà une question intéressante, mon petit-fils ! Merci de me l’avoir posée, me donnant ainsi l’opportunité de questionner à mon tour mon robot conversationnel préféré, ChatGPT : « Que sont les oiseaux pélagiques et quelles sont leurs spécificités anatomiques et physiologiques ? Quelles sont les principales espèces d’oiseaux pélagiques ? » ai-je demandé, sans autre forme de procès. La réponse a fusé, claire et limpide, laissant pressentir que, bientôt, les enfants n’auront plus besoin de leur grand-père pour obtenir les réponses à leurs questions. O tempora, O Mores.

Les oiseaux pélagiques sont des oiseaux marins qui passent la majorité de leur vie en haute mer, loin des côtes. Ils sont bien adaptés à la vie sur l’océan et ont des caractéristiques anatomiques et physiologiques spécifiques qui leur permettent de survivre dans cet environnement.
Les oiseaux pélagiques ont des ailes longues et étroites qui leur permettent de voler sur de longues distances avec peu d’effort. Leurs corps sont également profilés pour minimiser la résistance au vent, ce qui leur permet de voler plus efficacement. Certains oiseaux pélagiques, comme les puffins, ont également des ailes qui leur permettent de plonger sous l’eau pour chercher de la nourriture.
Les oiseaux pélagiques ont également des adaptations physiologiques pour survivre dans l’environnement marin. Par exemple, ils ont des glandes spéciales au-dessus de leurs yeux qui leur permettent d’éliminer l’excès de sel de leur corps, car l’eau de mer est très salée. Ils ont également des systèmes digestifs qui leur permettent de digérer les aliments riches en graisses et en protéines, comme le poisson, de manière efficace.
Enfin, les oiseaux pélagiques ont souvent des comportements sociaux complexes pour aider à leur survie dans un environnement difficile. Par exemple, certaines espèces se rassemblent en grands groupes pour chercher de la nourriture et se défendre contre les prédateurs, tandis que d’autres espèces nichent en colonies sur des îles éloignées pour se protéger des prédateurs terrestres.
En résumé, les oiseaux pélagiques sont des oiseaux marins adaptés à la vie en haute mer, avec des caractéristiques anatomiques et physiologiques spéciales qui leur permettent de survivre dans cet environnement.


Les Procellaridae (Puffins, Océanites, Fulmars, Pétrels, Albatros) et les Frégatidés sont les principaux oiseaux pélagiques

Source ChatGPT 4

VOUS AVEZ DIT PÉLAGIQUES ?

Les réponses de ce bot ne cessent de m’épater !

L’affaire est entendue : « pelagikos » signifiant « de la mer » en grec, les oiseaux pélagiques sont donc des oiseaux vivant en haute mer, loin des côtes. Contrairement à nos Laridés (goélands, mouettes et sternes) ou à nos Sulidés (Fous de Bassan) qui vivent sur les bords de mer, les oiseaux pélagiques passent l’essentiel de leur existence en pleine mer, milieu hostile pour ne pas dire extrême, grâce à des adaptations anatomiques et physiologiques ad hoc.

  1. Leur plumage imperméable et leurs pattes palmées leur permettent de se poser en mer et de nager, voire de plonger.
  2. Ils ont des glandes à sel dont la fonction est l’excrétion du sel qu’ils absorbent en quantité quand ils pêchent et que leurs reins, seuls, ne peuvent excréter.
  3. Leur alimentation est très spécialisée : Les ressources alimentaires, capturées à la surface de l’eau, ou en plongée pour certaines espèces, sont constituées d’animaux marins, généralement de petite taille : poissons, mollusques, crustacés, plancton, déchets organiques des cétacés. Ces ressources se répartissent de manière hétérogène sur les océans, en fonction de la topographie des fonds marins, des courants marins, des saisons, etc.
  4. Leurs ailes se sont adaptées ainsi que leurs techniques de vol  : Les oiseaux pélagiques doivent, en effet, pour trouver leur nourriture, sur de grandes distances. Beaucoup ont de longues ailes fines, et une grande envergure, et sont adaptés à de longs déplacements même par vent fort.
  5. Pour se reproduire, il leur faut aller à terre déposer leurs œufs. Ils se regroupent dans de grandes colonies sur des sites protégés des prédateurs terrestres : îles abandonnées ou falaises inaccessibles.

LE PLUMAGE DES OISEAUX DE MER

Comme tous les oiseaux d’eau, mais plus que les espèces continentales en raison de leur présence sur toutes les mers du globe, y compris dans les régions polaires, les oiseaux marins, organismes homéothermes, sont soumis au fort pouvoir de refroidissement de l’eau. Ainsi, le plus petit oiseau de mer est l’Océanite tempête qui pèse 23 grammes, un poids inférieur étant incompatible avec la thermorégulation (règle de Bergmann). Leur capacité à coloniser les espaces océaniques, à y survivre et à s’alimenter sous l’eau dépend étroitement de leur aptitude à résister aux fortes contraintes thermiques que suppose la vie dans ces milieux. L’étanchéité du plumage leur est donc essentielle. Elle interdit à l’élément liquide d’entrer directement en contact avec la peau. Mieux, elle ménage entre la surface des plumes et le corps une couche d’air qui, avec le duvet, assure au mieux l’isolation thermique de l’animal en même temps qu’elle contribue de manière essentielle à sa flottabilité.

La question de l’imperméabilité du plumage de certains oiseaux de mer, comme le Cormoran, a longtemps été débattue. À l’issue de leurs séances de pêche, ces oiseaux aquatiques passent en effet de longs moments sur des reposoirs, les ailes étalées ; leur plumage est visiblement mouillé et ce comportement a par conséquent légitimement été interprété comme une phase de séchage. De nombreuses hypothèses ont été émises pour tenter d’expliquer cet apparent paradoxe que constitue un oiseau aquatique au plumage non étanche. Des erreurs aujourd’hui démenties ont même été colportées à ce sujet — et restent répandues — comme la prétendue absence de glande uropygienne chez ces oiseaux ou son atrophie. Ce n’est qu’en 2005 que l’énigme a été résolue. Le plumage des cormorans est bien imperméable, ce qui est somme toute logique pour une espèce plongeuse. En revanche, les plumes sont constituées d’une couche externe mouillable, et d’une couche interne qui ne l’est pas. Le plumage n’est donc mouillé qu’en surface : pas plus que chez les autres oiseaux aquatiques, l’eau ne franchit la barrière du plumage ni n’envahit donc la couche d’air isolante.

LE VOL PLANÉ DYNAMIQUE DES ALBATROS

Par leur surface alaire époustouflante (jusqu’à 3,5 m d’envergure !) et leurs longues ailes étroites, les albatros peuvent profiter des courants aériens générés au-dessus des vagues par la friction entre l’air et l’eau, ils surfent en quelque sorte. Au cours de leur “vol plané dynamique” ils gagnent de l’altitude en se laissant porter par les ascendances puis ils modifient l’angle d’attaque de leurs ailes afin de planer sur une longue distance. Ils peuvent ainsi voler plusieurs jours, donnant de rares coups d’ailes pour corriger une trajectoire par exemple. Ils peuvent également utiliser des vents de travers pour augmenter leur vitesse horizontale. Cette technique de vol économe en énergie n’a qu’un inconvénient, le vol n’est pas possible sans vent. Les albatros ne sont pas les seuls oiseaux à tirer parti de ces courants aériens marins : les puffins et les pétrels sont des habitués de cette technique qui n’est possible que grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : morphologie des ailes, compétence à naviguer dans les vents, et capacité à maintenir une vitesse de vol optimale. Lorsqu’ils planent, les albatros maintiennent une vitesse de vol constante grâce à leur sensibilité à la turbulence atmosphérique. Ils sont capables de détecter les variations de vitesse de l’air et d’ajuster leur angle d’attaque en conséquence pour maintenir une vitesse de vol optimale. Pour minimiser les pertes d’énergie en vol, ils réduisent la traînée en pliant légèrement leurs ailes et en maintenant une posture aérodynamique. Ils peuvent également ajuster leur position par rapport au vent pour minimiser la résistance aérodynamique.

En résumé, le vol plané dynamique des albatros est une technique de vol complexe qui combine la morphologie des ailes, la navigation dans les vents et la capacité à maintenir une vitesse de vol optimale pour parcourir de longues distances avec un minimum d’effort. Cette technique est un exemple remarquable d’adaptation au milieu marin et à ses conditions souvent difficiles.

Pour en savoir davantage consultez la 2e référence de la bibliographie ci-dessous.

GLANDES À SEL ET ALIMENTATION

Les oiseaux marins vivent dans un milieu particulier, très riche en sel. Pêcher leurs proies en pleine mer implique qu’ils ingèrent quotidiennement de grandes quantités de sel que leurs reins ne sont pas capables d’évacuer en totalité. Aussi, possèdent-ils une “glande à sel” située au-dessus de chaque œil, extrayant du sang circulant le sel en excès pour assurer, avec les reins le maintien d’une natrémie stable et adaptée. Le sel est ensuite évacué par les narines.

Ils ont également un système digestif adapté pour digérer les aliments riches en graisses et en protéines qu’ils consomment, tels que les poissons, les calmars et les crustacés. En outre, leur métabolisme est adapté pour fonctionner efficacement pendant de longues périodes sans nourriture.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Les oiseaux de mer. Wikipedia
  2. Flying at No Mechanical Energy Cost : Disclosing the Secret of Wandering Albatrosses. Gottfried Sachs, Johannes Traugott, Anna P. Nesterova, Giacomo Dell’Omo, Franz Kümmeth, Wolfgang Heidrich, Alexei L. Vyssotski , Francesco Bonadonna. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0041449 PLOS ONE, September 5, 2012
  3. Vidéo : Leçon de vol des jeunes albatros
  4. Vidéo : Dynamique du vol de l’Albatros
  5. Salt glands in marine birds: what triggers secretion and what makes them grow?

POESIE

Nous avons commencé la rédaction de ce billet par la sollicitation d’un robot conversationnel. Achevons notre rédaction, cher petit-fils, par un poème de Charles Baudelaire qui avait fort bien observé les albatros !

L’Albatros.

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire

Stupéfiants oiseaux !


Allumons le feu dans les yeux des enfants (et des adultes aussi) !

Dans le but, certes un peu vaniteux, d’émerveiller mon petit-fils, j’ai décidé de me lancer dans une quête gourmande de chiffres étonnants. Les enfants, s’ils n’aiment pas vraiment le calcul pour la plupart, sont friands de chiffres, surtout, surtout, surtout s’il s’agit de chiffres de records. Si on s’y prend habilement, le silence se fait, les yeux brillent, les mâchoires de décrochent, et, alors, le Papi peut légitimement bomber le torse !

Décrire l’avifaune en chiffres est une tâche aisée à l’heure de l’internet. Pour ceux qui veulent passer pour des puits de science aux yeux de leur descendance, et permettre, conséquemment à ladite descendance de briller dans la cour de récréation, voici quelques chiffres, dont certains, vous le constaterez, décoiffent grave comme disent les jeunes ! 


D’aucuns prétendent que les oiseaux seraient apparus sur Terre avant nous, les humains…

Le plus ancien représentant connu du groupe apical des oiseaux (qui regroupe leur ancêtre commun et tous ses descendants, actuels ou non) est Asteriornis maastrichtensis, qui vivait (son nom l’indique auront remarqué les plus attentifs lecteurs) au Maastrichtien (66,8–66,7 millions d’années). Quatre lignées distinctes d’oiseaux ont survécu à l’extinction du Crétacé-Paléogène il y a 66 millions d’années, donnant naissance aux autruches et apparentés (Palaeognathae), aux canards et apparentés (Ansériformes), aux oiseaux terrestres (Galliformes) et aux oiseaux modernes (Neoaves). En comparaison, les plus anciens fossiles connus d’Homo sapiens sont vieux de seulement 300 000 ans ! Nous, Homo sapiens sapiens, sommes des gamins, à l’évidence trop turbulents : des garnements finalement  ! 
Pour en savoir plus…


Combien les oiseaux comptent-ils d’individus ?

  • Sur la planète : une équipe de chercheurs australiens estime qu’il y avait, en l’an de grâce 2021,  pas moins de 50 milliards d’oiseaux sur notre planète, se distribuant en 9700 espèces, 250 familles, et 41 ordres ! Source.
  • En France, la dernière évaluation est de 412 espèces d’oiseaux pouvant être observées.
  • En Bretagne l’ornithologue est susceptible de rencontrer par moins de 242 espèces différentes. (source)


Pour en savoir plus…


Combien de temps les oiseaux peuvent-ils survivre dans ce monde de brutes ? 

  • Chez les oiseaux sauvages, c’est un Albatros royal (Diomedea epomophora) qui détient le record du monde de longévité : 62 ans.
  • Cookie, Cacatoès rosalbin (Eolophus roseicapilla) domestique vécut quant à elle jusqu’à l’âge vénérable de 83 ans, ce qui fait d’elle l’oiseau ayant vécu le plus longtemps au monde. Mais dans son salon, elle n’était menacée ni par des prédateurs, ni par des chasseurs, ni par des câbles à haute-tension, ni par des éoliennes, ni par des aéronefs. Facile dans ces conditions de vivre longtemps, n’est-ce pas?!

Ce ne sont là, évidemment que des records, dans ce monde impitoyable, aux innombrables dangers où rôdent de redoutables prédateurs. Pour en savoir plus… 


Quelles distances les oiseaux migrateurs peuvent-ils parcourir en une année ? 

Les oiseaux sont de grands et d’infatigables voyageurs : La Sterne arctique (Sterna paradisaea) est , avec le Puffin fuligineux, l’oiseau qui réalise les plus longues migrations au monde; elle peut voler jusqu’à 38000 km/an et 800000 km au cours de sa vie (20 fois le tout de la planète !) .


Qui sont les oiseaux les plus riquiquis et les plus maousse costauds ? 

  • Le Colibri d’Elena (Mellisuga helenae), qui vit sur l’île de Cuba, détient le titre d’l’oiseau le plus léger du monde, pesant moins de 2 grammes. Le plus petit passereau de France est le Roitelet à Triple bandeau, (Regulus ignicapilla)qui pèse en moyenne 4 à 7 grammes.
  • L’Outarde kori (Ardeotis kori), qui vit en Afrique de l’est et du sud, est l’oiseau volant le plus lourd du monde, qui peut peser jusqu’à 19 Kg  !
  • L’Autruche d’Afrique (Struthio camelus) qui ne peut que courir, sans jamais voler,  est le plus gros oiseau de la planète, mesurant  2 mètres de haut et pesant jusqu’à moyenne 150 kg !

Qui fut le plus grand oiseau de l’Histoire ? (pas au sens de ses exploits, mais de sa taille !)

Le plus grand oiseau du monde qui ait jamais existé se nomme Pelagornis sandersi. Ses restes ont été trouvés en Argentine. Son envergure était de 7,5 mètres, et il devait peser entre 25 et 40 kg ! Pourtant il volait, s’élançant de sites élevés avant de planer. C’était il y a y a 25 millions d’années. 


Autre chose d’exceptionnel à signaler ?

Oui, le Martinet noir (Apus apus) : Excellent voilier, le martinet peut atteindre des vitesses de 200 km/h sur de courtes distances et passer 10 mois/an dans les airs sans se poser une seule fois. Source. Mais, d’aucuns prétendent que le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) aurait été flashé à la vitesse faramineuse de 389 km/h en piqué ! source C’est de la folie !


Je résume : les oiseaux vivent sur la planète depuis 66 millions d’années. Les 50 milliards d’individus se distribuent en 9700 espèces, pèsent entre 2 grammes et 150 kilos, vivent entre quelques jours et plus de 80 ans, peuvent voler 38000 km en une année ou 10 mois sans se poser, ou à plus de 300 km/h. En outre, certains d’entre eux ont mesuré jusqu’à 7,5 m d’envergure !

Des chiffres qui donnent le tournis, non ? 

50 milliards d’oiseaux sur terre !


En novembre 2022, l’ONU estimait qu’il y avait 8 milliards d’Homo sapiens sapiens sur la Terre. C’est considérable !  Il y en avait 2 milliards en 1930 !

En parallèle, une équipe de chercheurs australiens estime qu’il y aurait sur notre planète par moins de 50 milliards d’oiseaux, répartis en 9700 espèces, 250 familles, et 41 ordres !

Notre planète compte donc 6 fois plus d’oiseaux que d’êtres humains ! 

Cette première estimation globale des populations aviaires à l’échelle de la planète est le fruit d’un travail qui a combiné des données de recensements et des modèles mathématiques. L’article sur lequel s’appuie cette information, est le suivant : 

Global abundance estimates for 9,700 bird species. Corey T Callaghan, Shinichi Nakagawa, William K Cornwell. Proc Natl Acad Sci USA. 2021 May 25;118(21):e2023170118. DOI: 10.1073/pnas.2023170118

L’infographie, remarquable, qui illustre ce travail est l’œuvre de Léa Desrayaud. Elle figure page 28 du numéro 2 d’excellente revue Epsiloon, datée d’août 2021. La distribution des oiseaux par famille est passionnante  !  Ce travail me laisse sans voix, je vous laisse l’admirer !

Oh, les oiseaux peuvent parfaire votre cerveau !


Tous les ornithologues ont entendu parler d’Audubon.

Ils savent qu’Audubon n’est pas le nom d’une de ces délicieuses liqueurs apéritives dont les français ont le secret. Ils savent qu’Audubon, Jean-Jacques de son prénom, fut un éminent naturaliste, peintre et ornithologue. Il était également, hélas, un excellent chasseur. Il constitua le premier inventaire de l’avifaune des Etats-Unis . Il faut avoir lu sa biographie et avoir admiré ses illustrations, fruits d’un grand talent, et… d’innombrables carnages !

Une société savante d’ornithologie américaine se revendique d’Audubon, au moins par son nom : la « National Audubon Society »  protège les oiseaux et leurs lieux de vie, dans toute l’Amérique, en s’appuyant sur la science, la loi, l’éducation et la préservation des biotopes.

C’est sur le site de la National Audubon Society que j’ai trouvé un très intéressant article, en anglais évidemment, qui explique que l’observation assidue des oiseaux (leur morphologie, leurs chants, leur vol, leurs comportements, leur mode de vie) semble entraîner des remaniements anatomiques et fonctionnels du cerveau des observateurs (neuroplasticité) et améliorer certaines compétences, mnésiques, et cognitives, et peut-être aussi améliorer certaines compétences diagnostiques chez les médecins pratiquant l’ornithologie. L’auteur de cet article ajoute, malicieuse, que pratiquer l’ornithologie est également un excellent remède contre l’anxiété, surtout en période de révisions et d’examens !

Voici la traduction française de cet article. Sa référence est la 1re de la bibliographie

Oui, l’observation des oiseaux modifie notre cerveau ! 

Les neuroscientifiques qui étudient le fonctionnement de la mémoire humaine et de l’apprentissage se tournent souvent vers les ornithologues pour leurs travaux.

La plupart des médecins en formation ne commencent pas un nouveau semestre en s’attendant à faire de l’ornithologie. Mais après sa première année d’études à la Harvard Medical School, Lynn Hur est devenue accro. « C’est devenu l’une de mes activités préférées », dit-elle.

Lynn Hur a découvert ce hobby grâce à Rose H. Goldman, professeure agrégée, qui intègre module d’ornithologie dans son cours de médecine afin d’aider les étudiants à affiner leurs compétences en matière de diagnostic clinique. En cours magistral, par exemple, Mme Goldman demande aux étudiants de faire la différence entre une grande aigrette et une aigrette neigeuse en se concentrant sur des détails tels que la taille, la forme du bec et la couleur des pattes qui distinguent ces oiseaux blancs et élancés. Avant que les cours deviennent virtuels pendant la pandémie, Mme Goldman, passionnée d’ornithologie, emmenait également ses élèves en sortie ornithologique.

À première vue, les cardinaux et les carcinomes n’ont rien en commun. Mais Mme Goldman estime que le processus consistant à distinguer des oiseaux similaires n’est pas si différent de l’examen des subtilités de l’éruption cutanée d’un patient pour déterminer s’il convient de traiter un eczéma ou de faire une biopsie à la recherche d’un cancer de la peau. « Personnellement, j’ai l’impression que mon sens de l’observation et ma mémoire se sont vraiment améliorés grâce à l’ornithologie. Mais je n’ai aucun moyen de le prouver », précise Mme Goldman.

Avec pédagogieinhabituelle, Mme Goldman touche à quelque chose que les neuroscientifiques connaissent bien : L’acquisition d’une expertise approfondie dans un domaine peut modifier l’échafaudage mental et littéralement recâbler le cerveau. Pour mieux comprendre ce processus, les chercheurs sur le cerveau et la mémoire se tournent depuis longtemps vers les ornithologues (et parfois les étudiants en médecine) comme groupe de référence pour les tests, même dans le cadre de recherches cognitives fondamentales.

Il y a à peine trente ans, la plupart des neuroscientifiques théorisaient que la capacité de l’homme à distinguer des visages similaires était en quelque sorte spéciale. Ils pensaient même que notre cerveau disposait d’une zone spécifique dédiée au traitement des visages. Mais lorsqu’Isabel Gauthier, alors jeune spécialiste des neurosciences cognitives à l’université de Yale et aujourd’hui à l’université Vanderbilt, s’est mise à la recherche de cette région légendaire à la fin des années 1990, elle a rapidement découvert que cette « zone des visages » du cerveau était en fait constituée de plusieurs secteurs impliqués dans la reconnaissance.

En étudiant le cerveau d’ornithologues expérimentés à l’aide d’un appareil d’IRM fonctionnelle récemment inventé, elle et ses collègues ont constaté que ces zones n’étaient pas uniquement dédiées au tri des informations faciales : Un oiseau et un visage amical peuvent activer les mêmes régions du cerveau. « Les visages ne sont pas spéciaux », explique Mme Gauthier. « Il s’agit d’un cas d’expertise. Il s’avère que l’on peut affiner sa capacité à distinguer des objets d’apparence similaire, qu’il s’agisse de visages, de voitures, d’affections cutanées ou d’oiseaux. Tout ce qu’il faut, c’est de l’exposition et de la pratique. »

Cette observation a permis d’ouvrir la voie à de nouvelles pistes de recherche sur la perception et la cognition, et les ornithologues ont continué à y participer. Selon Thomas Palmeri, un autre neuroscientifique de l’université Vanderbilt qui a recruté des volontaires par l’intermédiaire de l’American Ornithological Society et des sections locales d’Audubon, les ornithologues sont d’excellents sujets, car il est facile de trouver des passionnés ayant des niveaux de compétence très variés, et ils sont plus enclins à participer à des enquêtes de type science communautaire.

Dans le cadre de ses travaux sur l’expertise visuelle et la récupération de la mémoire, Palmeri a soumis ses sujets à une série de tests d’identification des oiseaux. Il a utilisé les données pour construire des modèles informatiques qui simulent les processus de prise de décision en temps réel dans le cerveau humain. Ce qui est utile, dit-il, c’est que tous les oiseaux partagent le même ensemble de caractéristiques – plumes, becs, deux pieds, deux ailes – mais qu’ils sont encore incroyablement variés. Pour identifier une fauvette ou un faucon spécifique, un ornithologue peut repérer et synthétiser ses marques, sa silhouette, sa forme, ses mouvements et ses sons en quelques secondes. « Il ne s’agit pas seulement d’identifier un oiseau, un oiseau, un oiseau », explique Palmeri. « Il s’agit d’identifier une espèce spécifique et même une sous-espèce.

Le développement de ce type d’expertise perceptive modifie les schémas d’activation des cellules cérébrales, ou neurones, selon les conclusions de Gauthier. Plus une personne apprend et s’entraîne, plus un signal circule entre les neurones, et le chemin devient plus facile à parcourir, comme un sentier de randonnée bien tracé. Ce phénomène, appelé neuroplasticité, pourrait permettre aux experts de distinguer les objets plus rapidement, en les considérant comme un tout et en ignorant les éléments distrayants ou superficiels.

Glory Kim, étudiante à l’école de médecine dentaire de Harvard et autre ancienne participante aux sorties ornithologiques de Goldman, se souvient d’avoir expérimenté ce phénomène de première main. « À un moment donné, lorsque vous voyez un oiseau, vous rassemblez automatiquement tous les indices contextuels et votre cerveau converge très rapidement vers ce qu’il est », explique-t-elle.

Au fil du temps, l’expertise peut même modifier la structure du cerveau lui-même. Certaines parties du cortex cérébral peuvent devenir légèrement plus épaisses à mesure que les connaissances visuelles et auditives d’une personne s’approfondissent. Selon Erik Wing, neuroscientifique à l’Institut de recherche Rotman au Canada, les experts peuvent ainsi plus facilement ajouter de nouvelles informations à leur répertoire mental.

Wing, lui-même ornithologue, étudie l’influence de ces changements sur la mémoire. Dans une recherche publiée en 2022, Wing a recruté des ornithologues de différents niveaux d’expérience et leur a demandé d’identifier des images d’oiseaux familiers et non familiers. Les résultats ont montré que la connaissance à long terme des espèces aviaires aidait les gens à se souvenir plus facilement des nouveaux oiseaux. Par exemple, un ornithologue expérimenté de Boston visitant San Francisco pourrait ne pas être familier avec les espèces locales au début. Mais grâce à leur échafaudage neuronal, les experts auront relativement plus de facilité à apprendre, et pourraient même mieux retenir leurs connaissances en vieillissant, explique Wing.

Les étudiants en médecine de la classe de Goldman peuvent-ils donc améliorer leurs compétences diagnostiques en observant les oiseaux ? C’est possible, mais la corrélation n’est pas directe. « Ce n’est pas parce qu’une personne est très douée pour les oiseaux qu’elle le sera aussi pour les voitures », explique Gauthier.

Cependant, ouvrir ce guide de terrain pourrait aider à découvrir des compétences innées en matière de perception. Par exemple, une personne qui a un don pour l’ornithologie peut aussi être douée dans un domaine de diagnostic visuel, comme la dermatologie ou la radiologie. Et vice versa : quelqu’un qui gravite naturellement vers l’aspect visuel de la médecine pourrait être un ornithologue chevronné. Les recherches de Wing suggèrent également que le développement des cadres et des outils nécessaires à l’observation des oiseaux aide une personne à affiner sa concentration dans d’autres domaines. « Si l’on s’entraîne à accorder son attention à différentes caractéristiques plus ou moins diagnostiques », explique Wing, « c’est, je pense, une chose précieuse ».

Quoi qu’il en soit, Kim et Hur, étudiants à Harvard, continuent d’apprécier l’ornithologie depuis le cours de Goldman. Pour l’un comme pour l’autre, c’est devenu un exutoire indispensable pour faire face au stress de l’école de médecine et de la pandémie. Ils ont même commencé à partager leur hobby avec leurs camarades de classe en codirigeant un club d’ornithologie étudiant. Bien qu’elle ne puisse pas toujours s’échapper dans les bois, Hur essaie de s’adonner à l’ornithologie autant qu’elle le peut. « Je suis actuellement dans une période chargée de ma formation médicale », dit-elle. « Mais j’ai toujours mes jumelles dans mon sac à dos.»

BIBLIOGRAPHIE

  1. Yes Birds can change your brain. Joanna Thompson Audubon.org. Mars 2023
  2. Expertise for cars and birds recruits brain areas involved in face recognition. I Gauthier, P Skudlarski, J C Gore, A W Anderson. Nat Neurosci. 2000 Feb;3(2):191-7. doi: 10.1038/72140
  3. The structure of prior knowledge enhances memory in experts by reducing interference. Erik A. Wing, Jennifer D. Ryan, and Asaf Gilboa, PNAS,  03/2022 https://doi.org/10.1073/pnas.2204172119

Le chiroptère antédiluvien du Wyoming

Des scientifiques viennent de découvrir le magnifique fossile de la plus ancienne chauve-souris connue. Cette espèce de chiroptère vivait durant l’Eocène (Il y a environ 51 millions d’années) dans une région lacustre du Wyoming aux USA. Il s’agit d’une nouvelle espèce : Icaronycteris gunnelli. 

Le résumé de cet article de PLOS ONE raconte cette découverte : 

Les dépôts de Fossil Lake de la Green River Formation, dans le Wyoming, un remarquable Lagerstätte du début de l’Éocène (51,98 ±0,35 Ma), ont produit près de 30 fossiles de chauves-souris au cours des 50 dernières années. Cependant, la diversité s’est limitée jusqu’à présent à seulement deux espèces de chauves-souris. Nous décrivons ici une nouvelle espèce d’Icaronycteris basée sur deux squelettes articulés découverts dans l’American Fossil Quarry au nord-ouest de Kemmerer, Wyoming. La situation stratigraphique relative de ces fossiles indique qu’il s’agit des plus anciens squelettes de chauve-souris retrouvés à ce jour dans le monde. L’analyse phylogénétique des chauves-souris fossiles de l’Éocène et des taxons vivants place la nouvelle espèce au sein de la famille Icaronycteridae, comme sœur d’Icaronycteris index, et indique en outre que les deux familles de chauves-souris archaïques de la rivière Verte (Icaronycteridae et Onychonycteridae) forment un clade distinct des lignées connues de chauves-souris archaïques de l’Ancien Monde. Nos analyses n’ont trouvé aucune preuve qu’Icaronycteris menui (France) ou I. sigei (Inde) appartiennent à ce clade ; par conséquent, nous les retirons d’Icaronycteridae. Dans l’ensemble, nos résultats indiquent que les chauves-souris de la rivière Verte représentent une diffusion distincte des chiroptères basaux, et apportent un soutien supplémentaire à l’hypothèse d’une diffusion rapide des chauves-souris sur plusieurs continents au début de l’Éocène.

Bibliographie

  1. The oldest known bat skeletons and their implications for Eocene chiropteran diversification. Tim B. Rietbergen , Lars W. van den Hoek Ostende, Arvid Aase, Matthew F. Jones, Edward D. Medeiros, Nancy B. Simmons. PLOS ONE, April 12, 2023. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0283505

L’extraordinaire de l’estran ordinaire

© Michel Arnould


Il se prénommait Prosper. L’important n’était pas qui il était, ni comment il se nommait, mais bien ce qu’il faisait là, sur cette plage battue par le vent, à la basse mer. Les goélands argentés ricanaient en le regardant de haut, avec ses bottes et sa loupe, à l’évidence fort incongrues sur cette grève  ! 

Lorsque Prosper, donc, arriva sur l’estran pour une 3e exploration naturaliste, encadré par les experts et les animateurs de Bretagne Vivante, son oeil curieux  et vigilant ne manqua pas d’être immédiatement attiré, par les habitants pléthoriques des rochers (Balanes et Patelles) et par ceux de la plage, ces vers arénicoles (Arenicola marina) qui font d’étranges petites dépressions et petits tas de sable intriguant les enfants curieux venus bâtir des châteaux. 

Il fut ensuite fort ébaubi par l’enthousiasme des naturalistes qui, au détour d’une flaque, au fond d’une crevasse ou sous un rocher, découvraient un animalcule que nul béotien n’aurait jamais vu tout seul, avant de déclamer avec ferveur le nom scientifique (en latin bien sûr) de leur extraordinaire trouvaille : Colpomenia peregrina, Patella vulgata, Nucella lapillus, Corystes cassivelaunus, Elysia Viridis ! Bienvenue à tous !

L’élève estranologue comprit rapidement qu’il lui faudrait d’abord apprendre à regarder avec soin, à éduquer et entraîner son oeil, avec patience et opiniâtreté, pour découvrir les merveilles de ce microcosme, qui, à l’évidence ne se révèlent pas au premier venu, en tout cas pas au passant pressé.

Il comprit ensuite que l’identification de ces nombreux êtres vivants ne se ferait pas en un jour, ni en un mois ni même en une année. Il comprit aussi qu’il lui faudrait venir et revenir rendre visite, avec patience et assiduité, qu’il faudrait, finalement, aimer ce petit monde pour le bien appréhender ! Longue est la liste des embranchements visibles sur l’estran : la tâche de les connaître tous est incommensurable pour ne pas dire surhumaine !

Prosper accepta humblement et sagement son ignorance (sur ce sujet comme tant d’autres d’ailleurs) et décida, dans un lâcher prise admirable de se contenter d’admirer ces habitants de l’estran, leur éclectisme, leur richesse, et, souvent leur extrême beauté ! Et, le moins que l’on puisse dire est que Dame Nature se montra bien généreuse cette après-midi-là !

Il put admirer deux jolis coquillages, de la famille des mollusques :
1. La Pourpre petite pierre (Nucella lapidus) un carnivore qui se nourrit d’autres mollusques et de crustacés comme les balanes dans les parties moyenne et basse de l’estran; cette espèce, sensible à la pollution, est une espèce-sentinelle, utilisée comme bio indicateur en France par l’Ifremer notamment.
2 La Littorine des rochers (Littorina saxatilis) : joli petit gastéropode citron, herbivore, se régalant d’algues microscopiques à la surface des rochers (comme les diatomées), des fucus spiralés, des pelvéties et de divers détritus d’algues qu’il broute au moyen de sa radula râpeuse.

Chemin faisant, Prosper découvrit qu’il n’était nul besoin de voyager en Polynésie ou dans l’Océan Indien, pour rencontrer des récifs ! Certes les récifs qui se dévoilèrent au gré du jusant, n’avaient rien de coralliens, mais tout de même ! Les Hermelles (Sabellaria alveolata) sont des vers marins, long de quatre centimètres, tubicoles, capables de produire des « pseudorécifs », dont certains, en baie du Mont-Saint-Michel sont remarquables comme en atteste ce document remarquable.

Dans une petite flaque d’eau de mer, illuminée fort à propos par les rayons du soleil, Prosper put admirer une belle anémone de mer (Anemonia viridis), animal de l’embranchement des Cnidaires, classe des Zoantharia et ordre des Actinaria, aux bras vert émeraude en proximal et  violets en discal, fort élégants dans le courant, mais volontiers urticants si on les touche. Il se contenta, sagement, de les observer et prit garde de ne pas les toucher.

Soudain, brisant l’harmonie du bruit des vagues et du vent conjugués, un naturaliste héla véhémentement la petite troupe, manifestement excité par une jolie découverte ! Un Crabe masqué !  (Corystes cassivelaunus) Corystes présente la particularité d’avoir joint ses deux antennes en une espèce de schnorchel lui permettant de « respirer » une fois enseveli sous le sable où il se cache, en marche arrière et avec brio ! Apprendre l’étymologie du nom scientifique de de crustacé instilla un soupçon de de mystère à cette étonnante découverte :  Corystes vient du grec et signifie « armer », quand le nom d’espèce, cassivelaunus, est le nom latinisé par César d’un glorieux chef de Grande-Bretagne. Quand l’histoire rejoint la science naturaliste !

Mais l’émerveillement le plus marquant de cette sortie — le croirez-vous ? — fut cette première rencontre de Prosper avec Elysia viridis : une limace de mer vert émeraude, fort jolie au demeurant, et à la physiologie stupéfiante! Jugez donc : Elysia viridis, limace suceuse de sève, est une espèce de limace de mer verte de petite taille, un mollusque gastéropode opisthobranche marin de la famille des Plakobranchidae. Cette limace de mer ressemble à un nudibranche, mais elle n’est pas étroitement liée à ce clade de gastéropodes. Il s’agit plutôt d’un sacoglosse. Elle vit dans la zone intertidale et jusqu’à une profondeur d’environ 5 m et elle peut atteindre une longueur totale de 30 mm. Son corps est lisse, vert ou brun brillant, avec des taches iridescentes et deux ailes qui s’étendent sur les côtés. Une limace ailée ! Premier étonnement !
Notre ami Proper resta bouche bée quand on lui expliqua que cet animal vit dans une relation « endosymbiotique subcellulaire avec des chloroplastes » fournis par une algue. Cela mérite une petite explication : Elysia mange de l’algue Codium fragile. Les chloroplastes de cette algue sont ensuite intégrés à l’intérieur des cellules de la limace… dans un état fonctionnel… donnant à Elysia, un animal, des capacités de photosynthèse ! (On parle de kleptoplastie). Une limace ailée capable de photosynthèse ! Qui eût cru cela possible ?

Décidément, l’estran ordinaire recèle bien des mystères et des merveilles extraordinaires !

Affaire à suivre, à l’évidence !

Espérances de vol

Au cours d’une belle randonnée en forêt, l’enfant demanda, ex abrupto à ses parents, les yeux brillants de curiosité et le coeur gonflé d’un fol espoir : «  Maman, Papa, combien de temps un oiseau vit-il  ? »  Silence et abîme de perplexité chez les parents, regard plongeant sur leurs souliers de randonnée, muets et incapables de donner le moindre début d’une quelconque réponse. 

Comment, en effet,  répondre avec justesse à cette question ô combien pertinente,  de l’espérance de vie des animaux sauvages ?  Contrairement à l’Homo sapiens sapiens qui dispose de registres d’état civil permettant de répondre à la question avec des chiffres, nul registre ne permet d’étayer la moindre réponse chez les animaux sauvages et donc chez les oiseaux.  Or, comme le disait si bien W. Edwards  Deming : «  Sans données, vous n’êtes qu’une personne de plus avec son opinion » 

Déçu, l’enfant s’en alla donc interroger son bot préféré, ChatGPT, sur la tablette déposée par le Père Noël au pied du sapin il y a quelques mois, et tapa fébrilement sur le clavier, sans détours :  « Quelle est l’espérance de vie des oiseaux ? ». En moins de temps que ne met la lumière pour courir de la Lune à la Terre, la réponse fusa sur l’écran scintillant : 

L’espérance de vie des oiseaux varie considérablement en fonction de l’espèce, de l’environnement et d’autres facteurs. En général, les oiseaux ont des durées de vie plus courtes que les humains, mais certaines espèces peuvent vivre jusqu’à plusieurs décennies. Les oiseaux de proie comme les aigles et les faucons ont tendance à vivre plus longtemps que les oiseaux chanteurs et les oiseaux de basse-cour, avec des durées de vie moyennes allant de 20 à 30 ans pour les grands rapaces à 5 à 10 ans pour les petits passereaux. Cependant, il existe des exceptions à cette règle générale. Par exemple, les perroquets sont connus pour leur longévité, avec certaines espèces pouvant vivre jusqu’à 80 ans en captivité. Les pingouins peuvent également vivre longtemps, avec une espérance de vie moyenne de 15 à 20 ans dans la nature. En fin de compte, il est important de se rappeler que l’espérance de vie des oiseaux varie considérablement en fonction de l’espèce, de l’environnement et d’autres facteurs, et qu’il n’y a pas de réponse unique à cette question.

La réponse du bot dépassait sans conteste le laconisme parental, mais elle ne satisfit pas totalement le jeune naturaliste en herbe. Il s’en fut donc quérir, dans la bibliothèque, le n°90 de l’excellente revue La Hulotte, qui de la page 22 à la page 42, lui proposa des chiffres, enfin, chiffres qui étaient, il le comprit aisément, des records, enregistrés en analysant les bagues posées sur des oiseaux sauvages. Il s’avisa qu’il ne s’agissait donc pas de documenter l’espérance de vie moyenne des espèces considérées, mais seulement de désigner des champions de survie, dans un monde  qu’il sait déjà impitoyable et cruel. Or il adore les champions, et les superhéros !  Quelle coïncidence !

Voici, ci-après, les chiffres donnés par la Hulotte : 

Espèce, poids moyen, record de longévité

  • Albatros royal, 8 kg, 62 ans
  • Puffin des anglais 450 g, 53 ans
  • Fulmar boréal, 800 g, 50 ans
  • Huîtrier pie, 540 g, 43 ans
  • Flamand rose, 3 kg, 40 ans
  • Cigogne blanche, 3,2 kg, 39 ans
  • Oie à bec court, 2,5 kg, 39 ans
  • Héron cendré, 1,5 kg, 35 ans
  • Canard siffleur, 500 g, 34 ans
  • Circaète Jean-le-Blanc, 1,7 kg, 33 ans
  • Océanite tempête, 25 g, 33 ans
  • Courlis cendré, 550 g, 32 ans
  • Aigle royal, 6,5 kg, 32 ans
  • Martinet noir : 45 g, 30 ans
  • Bernache cravant, 1,5 kg, 29 ans
  • Bondrée apivore, 750 g, 29 ans
  • Bécasseau variable, 48 g, 28 ans
  • Pygargue à tête blanche, 5 kg, 28 ans
  • Buse variable, 800 g, 28 ans
  • Canard pilet, 800 g, 27 ans
  • Hirondelle de cheminée, 19 g, 24 ans
  • Martin pêcheur, 40 g, 21 ans
  • Pie bavarde, 400 g, 21 ans
  • Moineau domestique, 30 g, 19 ans
  • Rouge-Gorge familier, 18 g, 18 ans
  • Mésange charbonnière, 18 g, 15 ans
  • Pouillot véloce, 8 g, 12 ans
  • Pouillot finis, 8 g, 11 ans

L’enfant remercia en son for intérieur, sa géniale grand-mère qui lui avait offert l’intégrale des numéros de la Hulotte, et le non moins génial rédacteur de cette revue, alliant information scientifique, humour et iconographie de génie. 

BIBLIOGRAPHIE

Ecoutez crier les carottes !

Intéressant et amusant article que celui-là !

Les plantes stressées « crient » – et certains animaux peuvent probablement les entendre. Source

Les plantes ne souffrent pas en silence. Au contraire, lorsqu’elles ont soif ou sont stressées, elles émettent des « sons aériens », selon une étude publiée aujourd’hui dans Cell1.

Les plantes qui ont besoin d’eau ou dont les tiges ont été récemment coupées produisent jusqu’à environ 35 sons par heure, ont constaté les auteurs. En revanche, les plantes bien hydratées et non coupées sont beaucoup plus silencieuses, n’émettant qu’un seul son par heure.

La raison pour laquelle vous n’avez probablement jamais entendu une plante assoiffée faire du bruit est que les sons sont ultrasoniques – environ 20-100 kilohertz. Cela signifie qu’ils sont si aigus que très peu d’êtres humains pourraient les entendre. Certains animaux, en revanche, peuvent probablement les entendre. Les chauves-souris, les souris et les papillons de nuit pourraient potentiellement vivre dans un monde rempli de sons de plantes, et des travaux antérieurs de la même équipe ont montré que les plantes réagissaient également aux sons émis par les animaux.

Des cultures qui pleurent

Pour écouter les plantes, Lilach Hadany, de l’université de Tel-Aviv en Israël, et ses collègues ont placé des plants de tabac (Nicotiana tabacum) et de tomate (Solanum lycopersicum) dans de petites boîtes équipées de microphones. Les microphones ont capté tous les bruits émis par les plantes, même si les chercheurs ne pouvaient pas les entendre. Les bruits étaient particulièrement évidents pour les plantes stressées par un manque d’eau ou une coupe récente. Si les sons sont abaissés et accélérés, « c’est un peu comme du pop-corn – des clics très courts », explique M. Hadany. « Ce n’est pas un chant.

Les plantes n’ont pas de cordes vocales ni de poumons. Selon M. Hadany, la théorie actuelle sur la façon dont les plantes produisent des bruits est centrée sur leur xylème, les tubes qui transportent l’eau et les nutriments de leurs racines à leurs tiges et à leurs feuilles. L’eau dans le xylème est maintenue ensemble par la tension superficielle, tout comme l’eau aspirée par une paille. Lorsqu’une bulle d’air se forme ou se rompt dans le xylème, elle peut produire un petit bruit sec ; la formation de bulles est plus probable en cas de stress dû à la sécheresse. La formation de bulles est plus probable en cas de stress dû à la sécheresse. Mais le mécanisme exact doit faire l’objet d’études plus approfondies, explique Hadany.

L’équipe a mis au point un modèle d’apprentissage automatique permettant de déduire si une plante a été coupée ou si elle est soumise à un stress hydrique à partir des sons qu’elle émet, avec une précision d’environ 70 %. Ce résultat suggère un rôle possible pour la surveillance audio des plantes dans l’agriculture et l’horticulture.

Pour tester la praticité de cette approche, l’équipe a essayé d’enregistrer des plantes dans une serre. À l’aide d’un programme informatique formé pour filtrer les bruits de fond provenant du vent et des climatiseurs, les plantes ont pu être entendues. Les études pilotes menées par les auteurs suggèrent que les plants de tomates et de tabac ne sont pas aberrants. Le blé (Triticum aestivum), le maïs (Zea mays) et les raisins de cuve (Vitis vinifera) font également du bruit lorsqu’ils ont soif.

Des graminées qui jacassent ?

Auparavant, l’équipe de M. Hadany avait également étudié si les plantes pouvaient « entendre » les sons et avait constaté que les oenothères (Oenothera drummondii) libéraient un nectar plus sucré lorsqu’elles étaient exposées au bruit d’une abeille en vol.

Les bruits des plantes sont-ils donc une caractéristique importante des écosystèmes, influençant le comportement des plantes et des animaux ? Selon Graham Pyke, biologiste retraité de l’université Macquarie de Sydney, en Australie, spécialisé dans les sciences de l’environnement, les preuves ne sont pas encore claires.

Il n’est pas convaincu que les animaux écoutent les gémissements des plantes stressées. « Il est peu probable que ces animaux soient réellement capables d’entendre le son à de telles distances », déclare-t-il. Il pense que les sons sont trop faibles. D’autres recherches devraient permettre d’en savoir plus. Mais Pyke se dit tout à fait prêt à accepter que les plantes « couinent » lorsqu’elles sont stressées.

Etonnant, non ?

Les navigateurs de l’extrême !

Les Bernaches cravant s’installent sur les côtes de Bretagne de septembre à avril avant de s’en aller nicher dans la toundra arctique (les ventres pâles au Groënland, les ventres sombres en Sibérie).

Les Tadornes de Belon quittent nos côtes bretonnes entre juin et août, et s’envolent en direction de la mer des Wadden en Allemagne.

Les Hirondelles rustiques, ubiquitaires en France, s’en vont passer l’hiver en Afrique équatoriale, où elles trouveront les insectes leur servant de pitance. 

Ces oiseaux, et bien d’autres encore, volent sur de bien grandes distances, qui se comptent en milliers de kilomètres. Mais vous êtes vous jamais demandé quelles espèces d’oiseaux parcouraient les plus longues distances, chaque année, lors de leurs migrations ? 

Le site Statista donne une réponse claire à cette question, sous la forme d’une infographie, et le moins que l’on puisse dire est que les chiffres donnent le vertige : les Sternes arctiques sont championnes du monde, qui accomplissent l’incroyable exploit de parcourir, en une année, pas moins de 96 000 km, loin devant Le Manchot d’Adélie qui ne parcourt « que 18.000 km » par an, mais… en marchant, car s’il est oiseau, il ne vole point.

Actualités ornithologiques

What’s up, Birder ?

Vous trouverez, ci après, quelques articles d’ornithologie glanés sur mes sites préférés !

  1. L’empoisonnement au plomb menace les rapaces d’Europe. (Louernos nature) Septembre 2022. Quels sont les impacts des plombs de chasse sur les super-prédateurs aviaires au sommet des réseaux trophiques ? 
  2. Trois nouvelles espèces d’oiseaux nichent en Bretagne. (Bretagne vivante). Décembre 2022. Je divulgâche le contenu de l’article: il s’agit du Tarin des Aulnes, du Balbuzard pêcheur, et de l’Élanion blanc ! 
  3. Des Effraies des clochers et des Craves à bec rouge utilisent les mêmes nichoirs en Espagne. (Ornithomedia). Février 2023. Il s’agirait des premiers cas documentés d’associations de nidification entre des corvidés et des rapaces nocturnes, qui sont généralement considérés comme étant des « ennemis ».
  4. La Loft story des Faucons pèlerins ! Des couples de faucons pèlerins sont suivis sur le terrain par deux caméras dont les images sont retransmises en direct sur YouTube, 24h/24h et 7j/7j ! (LPO)
  5. Des nouvelles des oiseaux marins nicheurs de Bretagne en 2021 (Bretagne vivante) Mars 2023. Coordonnée par Bretagne Vivante dans le cadre de l’Observatoire régional de l’avifaune (ORA), ce rapport dresse le bilan de la saison de reproduction 2021 de 17 espèces d’oiseaux marins nicheurs de Bretagne. Espèce par espèce, le rapport revient notamment sur les effectifs observés et leur répartition sur nos côtes.
  6. Premier cas documenté de prédation d’un Moineau domestique sur un autre oiseau (Ornithomédia) Mars 2023. Un Moineau domestique mâle a été vu attaquant puis emportant un poussin de Gravelot à collier interrompu en Catalogne espagnole en mai 2021
  7. Les oiseaux peuvent faire preuve d’empathie et d’altruisme (Ornithomédia) Mars 2023. L’altruisme et l’empathie, que l’on croyait autrefois être des spécificités humaines, ne sont pas rares chez les oiseaux, les exemples étant nombreux et parfois surprenants entre individus ayant ou non un lien de parenté.
  8. Les tas de fumier sont utiles pour les oiseaux, notamment en hiver (Ornithomédia) Mars 2023. Alors qu’un Plectrophane des neiges a séjourné en janvier et en février 2023 sur un tas de fumier dans la commune de Ham-sur-Heure-Nalinnes (Belgique), nous rappelons le rôle important de ces amas de matières organiques pour l’alimentation des oiseaux dans les régions agricoles.
  9. Bilan 2022 des centres de soins LPO : la faune sauvage victime du climat (LPO) Mars 2023. Les sept hôpitaux pour la faune sauvage ont à nouveau accueilli plus de 20000 animaux en détresse au cours de l’année passée, avec notamment une forte augmentation des admissions liées à la crise climatique.
  10. Grippe aviaire en Bretagne : 20 000 Fous de Bassan sont morts aux Sept-Îles durant l’été 2022 (Ouest-France) Mars 2023
  11. Entre mars et juillet, protégeons nos haies ! (Bretagne vivante) Mars 2023. À partir du 15 mars, ne taillez plus vos haies ! Autrefois courantes dans le paysage et le bocage breton, les haies sont utiles pour l’agriculture et sources de vie et de biodiversité. Il est important de les préserver, surtout au printemps et en été, car elles servent d’abris, de garde-manger et de maison pour de nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes ou de plantes. 

Les infographies du GIEC

Les rapports du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat (GIEC) sont très volumineux et volontiers indigestes pour le grand public. Le rapport suivant ne fait pas exception à la règle !

Changement climatique 2022 : ce rapport du groupe de travail III fournit une évaluation mondiale actualisée des progrès et des engagements en matière d’atténuation du changement climatique et examine les sources d’émissions mondiales. Il explique l’évolution des efforts de réduction et d’atténuation des émissions et évalue l’impact des engagements nationaux en matière de climat par rapport aux objectifs d’émissions à long terme.

Heureusement, le GIEC publie, en parallèle de ses rapports, des fiches de synthèse thématiques donnant un aperçu des principales conclusions tirées de chaque chapitre de ce rapport.

Cette page fournit  ainsi 9 fiches thématiques, faciles à lire et très informatives.

  1. Agriculture, sylviculture et autres utilisations du sol. Voir l’infographie. Les sols constituent actuellement un puits de carbone, absorbant environ un tiers des émissions d’origine humaine. De nombreuses options d’atténuation sont disponibles et prêtes à être mises en œuvre, mais un effort concerté, rapide et soutenu de la part de toutes les parties prenantes est indispensable pour atteindre des niveaux élevés d’atténuation. L’atténuation dans ce secteur ne peut pas compenser l’inaction dans d’autres secteurs.
  2. Bâtiments. Voir l’infographie. Il est essentiel d’agir en 2020-2030 pour exploiter pleinement le potentiel d’atténuation des bâtiments existants et nouveaux. Dans les pays en développement, le potentiel le plus important se trouve dans les nouveaux bâtiments, tandis que dans les pays développés, le potentiel le plus élevé se trouve dans la rénovation des bâtiments existants.
  3. Elimination du dioxyde de carbone. Voir l’infographie. L’EDC fait référence aux technologies, pratiques et approches qui éliminent et stockent durablement le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère. La RDC est nécessaire pour atteindre les objectifs mondiaux et nationaux d’émissions nettes nulles de CO2 et de gaz à effet de serre (GES). La CDR ne peut se substituer à des réductions immédiates et profondes des émissions, mais elle fait partie de tous les scénarios modélisés qui limitent le réchauffement de la planète à 2° ou moins d’ici 2100. La mise en œuvre nécessitera des décisions concernant les méthodes CDR, l’échelle et le calendrier de déploiement, ainsi que la gestion des contraintes de durabilité et de faisabilité.
  4. Besoins et aspects sociétauxVoir l’infographie. Les réponses centrées sur la demande sont compatibles avec l’amélioration du bien-être de base pour tous. Une combinaison de politiques efficaces, d’accès à des infrastructures améliorées et à des technologies conduisant à un changement de comportement peut contribuer à la réduction des émissions.
  5. Energie. Voir l’infographie Le réchauffement ne peut être limité à un niveau nettement inférieur à 2°C sans une réduction rapide et importante des émissions du système énergétique et des changements substantiels au cours des 30 prochaines années. Cela impliquera une réduction significative de l’utilisation globale des combustibles fossiles, le recours au piégeage et au stockage du carbone,  des systèmes énergétiques à faible teneur en carbone ou sans carbone, l’électrification à grande échelle, l’utilisation de carburants alternatifs tels que l’hydrogène et les biocarburants durables et l’amélioration de l’efficacité énergétique.
  6. Finance et investissements. Voir l’infographie  Les progrès en matière d’alignement des flux financiers sur les filières à faibles émissions de gaz à effet de serre restent lents. Il existe un déficit de financement climatique qui reflète une mauvaise répartition persistante du capital mondial. Le volontarisme et l’intervention politiques restent essentiels pour lever l’incertitude, obstacle fondamental à la réorientation des flux financiers.
  7. Industrie. Voir l’infographie Il existe de nombreuses options pour réduire les émissions dans l’industrie, mais certaines pratiques et technologies sont très nouvelles, sous-utilisées ou nécessitent une attention politique pour atteindre leur plein potentiel.
  8. Transports. Voir l’infographie L’électrification jouera un rôle clé dans la réduction des émissions des transports terrestres, mais les biocarburants et l’hydrogène pourraient jouer un rôle dans la décarbonisation du transport de marchandises, en particulier dans les secteurs du transport maritime et aérien.
  9. Réseaux urbains. Voir l’infographie Tous les types de villes – qu’elles soient construites, en croissance rapide ou émergentes – peuvent contribuer à atténuer le changement climatique par une production et une consommation durables, des changements dans la demande, l’électrification, et en améliorant l’absorption et le stockage du carbone en milieu urbain.

Plant atlas 2020 : L’inventaire qui décoiffe !

Au Royaume-uni 🇬🇧, la nouvelle version — datée de 2020 — du « Plant Atlas » (Atlas botanique) vient de sortir, inventaire exhaustif de la flore britannique, dressé grâce à 26 millions de données patiemment et savamment collectées pendant 20 ans par 8500 naturalistes bénévoles.

Le document est en anglais: voici la traduction en français (réalisée par mes soins) du résumé de ce travail colossal et fort instructif tant pas les données collectées que par l’évolution de ces dernières depuis 1950.


Les plantes sont essentielles à la survie de l’homme, mais nous les considérons souvent comme banales. Heureusement, en Grande-Bretagne, nous avons une communauté florissante de botanistes qui ne se contentent pas d’apprécier les fleurs sauvages, mais passent du temps à inventorier les endroits où elles poussent.  Cette tradition remonte au XVIe siècle et, grâce aux efforts de ces botanistes, la Grande-Bretagne possède l’une des flores les mieux étudiées au monde.

Depuis les années 1950, la Botanical Society of Britain and Ireland (BSBI) est le moteur de la botanique dans la région. Elle a été la première à utiliser la « cartographie à densité de points » et a coordonné des enquêtes nationales extrêmement marquantes sur les plantes à fleurs et les fougères dans les années 1950 et 1990. 

Le travail de terrain nécessaire pour la rédaction del’Atlas des plantes 2020, la troisième enquête de ce type, s’est déroulé entre 2000 et 2019 et est le plus complet jamais entrepris, impliquant plus de 8 500 bénévoles qui sont sortis par tous les temps pour inventorier les plantes à fleurs, les fougères et les charophytes présentes dans la quasi-totalité des 3 893 mailles de 10 × 10 km qui couvrent la Grande-Bretagne et l’Irlande. Les résultats ont été publiés sur un site web et dans un livre en deux volumes.

Le présent rapport fournit un résumé de l’étude Plant Atlas 2020 pour la Grande-Bretagne ; un rapport séparé est disponible pour l’Irlande. Au cours de cette enquête, les volontaires ont effectué 178 000 journées d’enregistrement et soumis plus de 26 millions d’enregistrements. Ce faisant, ils ont enregistré 3 445 espèces végétales différentes, dont 1692 sont indigènes à la Grande-Bretagne et, surtout, 1753 non-indigènes qui ont été délibérément ou accidentellement introduites dans la nature par l’homme. Cette découverte surprenante signifie qu’il y a aujourd’hui plus de plantes introduites qui poussent dans la nature en Grande-Bretagne que de plantes indigènes, dont beaucoup proviennent de jardins et se répandent ensuite pour établir des populations autonomes.

La comparaison des résultats de l’Atlas des plantes 2020 avec ceux de ses prédécesseurs montre que la répartition des espèces a changé depuis les années 1950 ; le plus frappant est que l’on estime que les aires de répartition connues de 53% de toutes les plantes indigènes et de 62 % des introductions anciennes (connues sous le nom d’archéophytes) ont diminué, tandis que les aires de répartition connues de 58% des introductions modernes (connues sous le nom de néophytes) ont diminué. Les raisons de ces changements sont complexes, mais le facteur le plus important pour les espèces dont on estime qu’elles ont décliné depuis les années 1950 a été la perte et la conversion d’habitats semi-naturels causées par des changements dans l’utilisation des sols. L’intensification des cultures arables, qui a conduit à un déclin substantiel de nombreuses plantes associées à l’agriculture, est la principale cause de ces changements.

 De même, les plantes des prairies et des landes qui poussent sur des sols infertiles ont subi un déclin marqué en raison de la conversion de leurs habitats en terres arables ou en prairies agricoles plus productives, et nombre d’entre elles ont également disparu à la suite de la réduction ou de l’élimination du bétail et de la succession subséquente de prairies hautes, de broussailles ou de zones boisées. Le drainage des habitats humides, tels que les prairies de fauche humides et les marais de pâturage, les tourbières et les marais, a également eu un impact sur de nombreuses espèces, en particulier dans les basses terres où les pressions exercées par l’agriculture et une population humaine croissante ont été les plus fortes. De nombreuses plantes des plans d’eau, des rivières et des canaux ont également régressé, principalement en raison de l’eutrophisation causée par le ruissellement des nutriments provenant des terres agricoles, mais aussi en raison des perturbations accrues causées par les activités humaines.

En comparaison, la répartition des plantes associées aux zones boisées est restée relativement inchangée, bien que certains spécialistes des zones plus ouvertes aient régressé en raison de l’arrêt de la gestion traditionnelle telle que le taillis. Les espèces des forêts de conifères ont augmenté en raison de l’expansion considérable de la sylviculture commerciale, ce qui a entraîné le déclin des plantes spécialistes des landes et des tourbières, en particulier dans les régions montagneuses du nord et de l’ouest de la Grande-Bretagne.

D’une manière générale, les plantes des habitats des hautes terres ont connu des changements de répartition moins graves que celles des basses terres, bien que de nombreux spécialistes des landes et des tourbières aient décliné en raison du brûlage, du drainage, du surpâturage et de la déforestation. Les espèces qui poussent à haute altitude dans les montagnes ont pour la plupart conservé leur répartition, bien que le surpâturage par les moutons et les cerfs ait restreint de nombreuses plantes arctiques-alpines à des corniches inaccessibles ; le déclin de certaines plantes montagnardes associées à des plaques de neige suggère que certaines espèces réagissent également aux changements écologiques provoqués par le changement climatique, plus particulièrement à la réduction de la couverture neigeuse et à l’augmentation de la concurrence.

Dans l’ensemble, trois grandes tendances se dégagent des changements décrits ci-dessus :

  • Les plantes indigènes adaptées à des conditions infertiles et à une faible concurrence, ainsi que les introductions anciennes (connues sous le nom d’archéophytes) associées aux terres cultivées, ont connu les déclins les plus importants depuis les années 1950. Cela est dû en grande partie aux modifications des pratiques agricoles, même si l’eutrophisation due à d’autres sources humaines, telles que la pollution atmosphérique, a dû également jouer un rôle.
  • Certaines espèces méridionales ont étendu leur aire de répartition vers le nord au cours des dernières décennies, tandis que certaines espèces septentrionales à la limite méridionale de leur aire de répartition en Grande-Bretagne ont reculé. Ces deux tendances sont en corrélation avec le réchauffement de notre climat, et plus particulièrement avec des hivers plus doux ; les plantes distribuées au sud survivent plus au nord en raison de la réduction de la fréquence et de la sévérité des gelées hivernales, tandis que certaines plantes distribuées au nord se retirent vers des terrains plus élevés en raison de la réduction de la couverture neigeuse et de la concurrence accrue avec des plantes aimant davantage la chaleur à des altitudes plus basses.
  • Un nombre croissant d’introductions modernes (connues sous le nom de néophytes) s’établissent dans la nature en Grande-Bretagne, dans certains cas avec l’aide du changement climatique. Bien que la majorité d’entre elles soient des ajouts bénins aux flores locales, un petit nombre d’entre elles sont devenues envahissantes, perturbant le fonctionnement des écosystèmes et supplantant les espèces indigènes.

Si les tendances générales pour la Grande-Bretagne sont claires, il existe de nettes différences dans la manière dont la répartition des plantes a évolué en Angleterre, au Pays de Galles et en Écosse. Sans surprise, les changements les plus marqués ont eu lieu en Angleterre, où les pressions exercées par les activités humaines ont été les plus fortes, en particulier dans les régions de plaine. 

  • Ces pressions ont été moins ressenties au Pays de Galles en raison de la plus grande étendue relative des habitats de montagne gérés de manière extensive. Par conséquent, de nombreux déclins sont moins prononcés et, dans certains cas, des augmentations de la répartition des espèces ont été observées, ce qui va à l’encontre des tendances observées dans d’autres parties de la Grande-Bretagne. 
  • En Écosse, les résultats sont plus mitigés

L’Atlas des plantes 2020 est une réalisation étonnante qui met en évidence le rôle crucial des bénévoles dans l’approfondissement des connaissances et de la compréhension de la flore britannique. Le message général est clair : notre flore indigène a beaucoup diminué par rapport à la situation enregistrée par nos prédécesseurs dans les années 1950.

Il est besoin d’un plan d’action holistique pour inverser ce déclin afin que la flore puisse être restaurée et s’épanouir au profit de la génération actuelle et des générations futures. Les éléments présentés ici seront essentiels pour contribuer à l’élaboration de ce plan de conservation des plantes, qui devrait se concentrer sur le renforcement de la protection des zones riches en espèces, l’extension de la zone d’habitat de haute qualité disponible pour les plantes et les autres espèces sauvages, et la réduction des pratiques néfastes d’utilisation des sols. Mais le plus important est de mettre les plantes au cœur des initiatives de conservation.

Planifier et gérer toutes les mesures de conservation en gardant les plantes à l’esprit permettra non seulement d’inverser les déclins, mais aussi d’apporter des avantages plus larges à d’autres espèces sauvages et à la reconstitution de la nature en général. Ces mesures doivent s’accompagner d’une surveillance et d’une recherche plus efficaces et, surtout, d’un travail de sensibilisation au rôle vital que jouent les plantes dans notre vie quotidienne.

Voici les rapports résumés sur l’Angleterre et sur l’Irlande.
Les cartes interactives du site valent également le détour !
Bonne lecture !

Puffins et typhons


Les cyclones peuvent entraîner une mortalité massive des oiseaux de mer, notamment par le naufrage à la côte de milliers d’individus. Les quelques études qui avaient étudié les oiseaux marins pélagiques pendant les cyclones montraient qu’ils ont tendance à contourner les vents les plus forts.  Une étude d’Emmanouil Lempidakiset al, publiée en octobre 2022, apporte de nouvelles informations, pour le moins étonnantes ! À l’approche d’un typhon, certains oiseaux de mer réduisent les risques de collision avec la terre en se dirigeant vers l’œil de la tempête !

Les auteurs ont suivi des puffins adultes dans la mer du Japon pendant 11 ans et  constaté que la réponse aux typhons variait en fonction de la vitesse et de la direction du vent. En cas de vents puissants, les oiseaux qui étaient pris en sandwich entre la tempête et le Japon continental s’éloignaient de la terre et se dirigeaient droit vers l’œil de la tempête, volant à moins de 30 km de celui-ci puis le contournant. Cette manœuvre exposait les puffins aux vitesses de vent les plus élevées près du mur de l’œil (21 m/s soit plus de 200 km/ ), mais leur permettait d’éviter les forts vents côtiers dans le sillage de la tempête. 

Les vents extrêmes peuvent devenir une menace lorsque les oiseaux n’ont plus la capacité de compenser la dérive qu’ils occasionnent, ce qui peut entraîner des atterrissages forcés et leurs lots de collisions. Les oiseaux ont besoin de savoir où se trouve la terre pour l’éviter. Ce qui semble rconstitue une pression sélective supplémentaire pour le sens de l’orientation et pourrait expliquer pourquoi les puffins juvéniles, qui n’ont pas le sens de l’orientation aussi développé que celui des adultes sont susceptibles de faire davantage naufrage. 

Les auteurs suggèrent que la capacité à réagir aux tempêtes est influencée à la fois par les capacités de vol et par les capacités de navigation. Cela pourrait devenir de plus en plus pertinent en raison des changements dans les modèles météorologiques extrêmes.

Source

  • « Pelagic seabirds reduce risk by flying into the eye of the storm », Proc Natl Acad Sci USA – 2022 Oct 11;119(41):e2212925119. doi: 10.1073/pnas.2212925119. Epub 2022 Oct 4.

Le crépuscule des petites bêtes ?

La presse grand public publie régulièrement d’inquiétants articles sur la disparition imminente des insectes au sens large, ou des pollinisateurs, ou des papillons. Et d’insister sur les graves retentissements que cela aurait sur l’avifaune, sur l’agriculture, et bien d’autres calamités !  Les sources scientifiques de ces articles, quand elle existent, sont souvent de faible niveau de preuve.
Les insectes sont-ils vraiment menacés ? 
Le sont-ils tous ? 
Dans l’affirmative, quelle sont la nature et l’intensité de ces menaces sur l’entomofaune ?
Verrons-nous bientôt la 11e plaie d’Egypte ?


Une amusante étude anglaise a tenté de répondre à cette question. 
La méthode est analogue au « phénomène du pare-brise », terme donné à l’observation anecdotique selon laquelle les gens ont tendance à trouver moins d’impacts d’insectes sur le pare-brise de leur voiture aujourd’hui que par le passé. L’enquête se déroule chaque été et implique des investigateurs bénévoles du Royaume-Uni qui enregistrent le nombre de traces d’insectes sur la plaque d’immatriculation de leur véhicule après un trajet,  une fois enlevés les insectes résiduels des trajets précédents.
Dans ce rapport, le nombre d’insectes échantillonnés sur les plaques d’immatriculation des véhicules en 2019 (n = 519 trajets dans le Kent), en 2021 (n = 3212 trajets dans tout le pays), et en 2006 (n = 3 000 trajets dans tout le pays). = 3212 trajets dans tout le pays) et 2022 (n = 4140 trajets dans tout le pays) sont comparés aux résultats d’une enquête nationale utilisant cette méthodologie et menée par la RSPB (« Big Bug Count ») en 2004 (n = 14320 trajets).
La conclusion de l’étude semble sans appel : par rapport à 2004, les résultats montrent une diminution du nombre d’éclaboussures d’insectes au Royaume-Uni de 63,7%, soit 5,3% de plus qu’en 2021 (58,4%).

Néanmoins, les auteurs mettent en garde  les lecteurs contre des biais potentiels à leur travail mais la tendance semble réelle !
« Ces résultats sont cohérents avec les tendances à la baisse des populations d’insectes largement rapportées par d’autres, et pointent un besoin persistant de recherche, de politique et de pratique de préservation ciblées sur les insectes au Royaume-Uni. Cependant, cette étude est basée sur des données de moyenne qualité, et par conséquent, nous interprétons ces changements avec prudence. La variation inter-annuelle d’une série de facteurs non mesurés qui pourraient influencer l’activité ou l’abondance des des insectes volants, comme les records de 2022, pourraient influencer de manière significative les observations. Pour tirer des conclusions solides sur les tendances à long terme des populations d’insectes au Royaume-Uni, les scientifiques doivent recueillir des  données sur plusieurs années, sur de longues périodes et sur de grandes échelles spatiales. 


Les naturalistes semblent d’accord sur un point : les fluctuations du nombre d’insectes sont souvent importantes d’une année sur l’autre, en fonction des épisodes de sécheresse ou d’inondations, de la durée de l’ensoleillement, du gel, etc. Beaucoup d’études sur l’évolution dans le temps de l’avifaune sont controversées, produites par des associations et pas des universités, reposant sur des données fragiles et des méthodologies peu robustes…

Désireux d’en apprendre davantage, j’ai fait une petite recherche documentaire  et j’en ai retenu 2 articles


1er article(en 🇬🇧) de la revue Nature (dont on ne peut nier le sérieux) est le suivant : Robust evidence of declines in insect abundance and biodiversity .

Les résultats montrent clairement un déclin substantiel de l’abondance des arthropodes et de la biodiversité.  Les prairies ont été particulièrement touchées : la richesse en espèces  d’arthropodes a chuté de 34 % au cours de la période de suivi, et la biomasse et le nombre d’arthropodes enregistrés ont chuté de 67% et 78% respectivement. Ces déclins ont été particulièrement importants dans les paysages où prédominent les terres agricoles, suggérant que la gestion des cultures pourrait être à l’origine de cette baisse. Les pertes parmi les les arthropodes vivant dans les forêts étaient moins marqués en comparaison, avec une baisse de 36 % de la richesse en espèces, une perte de 41 % de la biomasse et aucun aucun déclin de population statistiquement significatif. 


Voici la conclusion du 2e article (toujours en 🇬🇧) : Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers.

La biodiversité des insectes est menacée dans le monde entier. Nous présentons ici un examen complet de 73 rapports historiques sur le déclin des insectes dans le monde entier, et nous évaluons systématiquement les facteurs sous-jacents. Notre travail révèle des taux de déclin dramatiques qui pourraient conduire à l’extinction de 40% des espèces d’insectes dans le monde au cours des prochaines décennies. Dans les écosystèmes terrestres, les lépidoptères, les hyménoptères et les bousiers (Coleoptera) semblent être les taxons les plus touchés, tandis que quatre grands taxons aquatiques (Odonata, Plecoptera, Trichoptera et Ephemeroptera) ont déjà perdu une proportion considérable d’espèces. Les groupes d’insectes touchés comprennent non seulement des spécialistes qui occupent des niches écologiques particulières, mais aussi de nombreuses espèces communes et généralistes. Parallèlement, l’abondance d’un petit nombre d’espèces augmente ; il s’agit d’espèces généralistes adaptables qui occupent les niches laissées vacantes par les espèces en déclin. Parmi les insectes aquatiques, les généralistes de l’habitat et du régime alimentaire, ainsi que les espèces tolérantes aux polluants, remplacent les importantes pertes de biodiversité enregistrées dans les eaux des zones agricoles et urbaines. Les principaux facteurs de déclin des espèces semblent être, par ordre d’importance : 1. la perte d’habitat et la conversion à l’agriculture intensive et à l’urbanisation ; 2. la pollution, principalement celle causée par les pesticides et les engrais de synthèse ; 3.  les facteurs biologiques, notamment les agents pathogènes et les espèces introduites ; et 4.  le changement climatique. Ce dernier facteur est particulièrement important dans les régions tropicales, mais n’affecte qu’une minorité d’espèces dans les climats plus froids et les milieux montagneux des zones tempérées. Il est urgent de repenser les pratiques agricoles actuelles, notamment en réduisant fortement l’utilisation des pesticides et en les remplaçant par des pratiques plus durables et écologiques, afin de ralentir ou d’inverser les tendances actuelles, de permettre le rétablissement des populations d’insectes en déclin et de sauvegarder les services écosystémiques vitaux qu’ils fournissent. En outre, des technologies d’assainissement efficaces devraient être appliquées pour nettoyer les eaux polluées dans les environnements agricoles et urbains.

Mais ce travail lui-même est remis en question par d’autres chercheurs (en 🇬🇧): 
Insect decline and its drivers: Unsupported conclusions in a poorly performed meta-analysis on trends—A critique of Sánchez-Bayo and Wyckhuys (2019)


Ma conclusion est la suivante : des faisceaux d’indices concordants laissent à penser que les populations d’insectes sont en déclin dans le monde entier, mais la nature et l’intensité de ce déclin restent à évaluer ! Ce qui ne dispense pas d’agir dès à présent, au contraire !

BIBLIOGRAPHIE

  1. Y-a-t-il une crise des insectes, notamment pollinisateurs ? Pr Emmanuelle Porcher, 18 avril 2023
  2. The bugs matter.
  3. Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers. Francisco Sánchez-Bayo a, Kris A.G. Wyckhuys
  4. Insect decline and its drivers: Unsupported conclusions in a poorly performed meta-analysis on trends—A critique of Sánchez-Bayo and Wyckhuys (2019)

Chapeau, les champignons !

Le 9 février, à Saint-Lunaire, une conférence fort intéressante fut proposée au grand public par la Communauté de Communes Côte d’Émeraude, qui avait pour thème : « Découverte des champignons et de leurs écosystèmes. » avec M. Pascal PEUCH, président de la Société Mycologique de Rennes.
Le sous-titre en était alléchant : « À la fin de cette présentation, vous ne direz plus « la faune et la flore », vous ajouterez en bonne place: « la fonge ».

Voici ce que j’ai retenu de cet exposé, didactique et humoristique !

L’être vivant le plus grand du monde est un champignon : Armillaria solidipes. Le spécimen le plus grand découvert mesurait 8,9 km2 et était situé dans l’Oregon aux États-Unis. Il a été estimé qu’il était vieux de 2400 ans. L’être vivant le plus lourd du monde est Pando : une colonie d’arbres située dans l’Utah, aux États-Unis. Elle est considérée comme l’organisme vivant le plus lourd et le plus âgé de la planète, avec un poids estimé à 6 000 tonnes et un âge de 80 000 ans.

Règnes animal, végétal… et fongique

Les champignons, ne sont ni des animaux, ni des végétaux !

  • La paroi des champignons est constituée de chitine, molécule que l’on retrouve chez les insectes et les crustacés (constituant essentiel de leur carapace),  quand la paroi des végétaux est constituée de cellulose.
  • Les champignons stockent leur énergie sous forme de glycogène, comme les animaux (chez l’homme par exemple, le glycogène est la réserve de sucre « prête à l’emploi » de l’organisme, il est stocké dans le foie et les muscles squelettiques) ; les végétaux, quant à eux, stockent leur énergie sous forme d’amidon)
  • Les champignons sont des organismes hétérotrophes pour le carbone, c’est-à-dire qu’ils doivent se nourrir de matière organique puisée dans leur milieu, car ils ne savent pas la fabriquer eux-mêmes, contrairement aux végétaux qui, grâce à la photosynthèse, élaborent leur propre matière organique (sucres) à partir du dioxyde de carbone de l’air et de l’eau du sol.
  • Les champignons sont capables de dégrader des molécules complexes pour en tirer du carbone et de l’énergie, alors que les végétaux ne savent utiliser que des molécules simples.

Les champignons sont, en quelque sorte,  des tunneliers: leurs hyphes se développent, se multiplient et, ainsi leurs filaments microscopiques se développent en longueur, fusionnent avec d’autres entités de même espèce pour créer un réseau sous terrain très étendu. Ce qu’on appelle couramment « champignon » n’est en fait que la « fructification » temporaire et visible, le sporophore d’un organisme à caractère plus durable et plus discret, le macromycète, dont la structure habituellement filamenteuse constitue le mycélium, formé de filaments invisibles à l’œil nu lorsqu’ils sont isolés. 

Les champignons sont des chimistes très compétents, producteurs d’enzymes permettant de casser les molécules complexes (cellulose, lignite, etc) pour en extraire les sucres (hydrates de carbone), sources d’énergie. Ils sont également producteurs d’antibiotiques les protégeant ainsi que leurs hôtes symbiotiques des attaques bactériennes.

Ils peuvent être autonomes, parasites ou symbiotes.

Les champignons ne possèdent pas la capacité qu’ont les plantes de synthétiser leur propre nourriture grâce à l’énergie solaire. Ils sont dépourvus de cette chlorophylle, qui permet aux végétaux de capter l’énergie lumineuse produite par le soleil et de fabriquer des sucres à partir du carbone présent dans l’air (photosynthèse). Pour cette raison, les champignons ont dû développer des modes de vie particuliers : la symbiose, le saprophytisme et le parasitisme. 

  • La symbiose : Un grand nombre de champignons qui croissent sur le sol en forêt sont intimement liés aux arbres par symbiose. Cette association, nommée mycorhize, se fait entre les extrémités des racines d’un arbre et l’appareil végétatif d’un champignon. La mycorhize bénéficie aux deux organismes en cause : il s’agit d’un échange d’éléments nutritifs, l’un fournissant à l’autre ceux qu’il ne peut synthétiser ou extraire du sol par ses propres moyens. De façon générale, le champignon aide l’arbre à puiser des éléments minéraux et de l’eau dans le sol; en échange, l’arbre fournit des sucres au champignon.
  • Le saprophytisme : est un autre mode de vie important chez les champignons. C’est le cas des espèces qui croissent sur les pelouses, le bois pourri, les excréments, etc. Dans ce cas, le rôle joué par le champignon est la décomposition. Il digère la matière organique et permet ainsi aux éléments nutritifs de retourner à la terre.
  • Le parasitisme des champignons peut être de plusieurs types, allant de l’espèce qui attaque un hôte (arbre, plante, insecte…) en pleine santé, puis vit à ses dépens sans le tuer, jusqu’à celle qui ne cause du tort qu’à un hôte déjà malade et qui par conséquent, hâte la mort de ce dernier. Les espèces parasites sont surtout des champignons microscopiques.

Deux types de symbiose existent entre les champignons et les végétaux : 

  • Ectomycorhize : Symbiose de type mutualiste entre la racine d’une plante et une colonie de champignons, les hyphes de ces derniers s’infiltrant entre les cellules racinaires.
  • Endomycorhize : Symbiose entre la racine d’une plante et une colonie de champignons, les hyphes de ces dernierss’infiltrant à l’intérieur de la cellule végétale.

90% des végétaux ne pourraient se nourrir sans les champignons  qui donnent de l’eau, des sels minéraux et des nutriments aux végétaux, en échange de quoi les végétaux  fournissent des sucres aux champignons des sucres. Seuls les Brassicaceae (famille des choux) ont perdu cette capacité symbiotique et s’alimentent seuls dans un sol riche. 

Les champignons au service de l’Homme 

Le formidable équipement enzymatique des champignons les rend très importants pour l’homme qui  valorise ces organismes dans des domaines très variés : 

  • biodépollution, recyclage (matières plastiques,  colorants  industriels,  pesticides,  toxines, métaux lourds, hydrocarbures…),  
  • production  industrielle : biocatalyse de polymères, blanchiment non polluant de la pâte à papier, production de biocarburants, produits alimentaires comme les arômes, produits fermentés, métabolites primaires ou secondaires et médicaments (Cordoba & Rios, 2012 ; Hofrichter, 2010 ; Golan-Rozen et al., 2011 ; Prasad et al., 2010 ; Zhang et al., 2015). 
  • Dans l’alimentation, il ne faut pas oublier que sans champignon, on ne pourrait pas  consommer d’alcool et de bière (Chebli, 2016), de pain, de fromage  (Saccharomyces cerevisiae, Penicillium roqueforti, Aspergillus oryzae, Mucor fuscus…).  
  • Pour les médicaments,  de nombreux  principes actifs sont  issus des  champignons ou obtenus grâce à leur intervention sur un précurseur. Citons par exemple des antibiotiques (pénicilline G issue  de Penicillium notatum, céphalosporines issues de Cephalosporium acremonium, acide fusidique issu de Fusidium coccineum),  des antifongiques  (griséofulvine issue  de P.  griseofulvum),  des hypocholestérolémiants (simvastatine  issue d’Aspergillus terreus),  des immunosuppresseurs  (ciclosporine  issue de Tolypocladium inflatum), des anticancéreux (paclitaxel issu de l’association de l’if et d’un champignon endophyte), des alcaloïdes ergoliniques dérivés  de l’ergot de seigle (Claviceps purpurea), des stéroïdes dont l’ergostérol,  précurseur  de la  vitamine D2  (Bakhtiari  et al., 2003 ;  Barreira et al.,  2014 ; Demain  & Zhang,  1998  ;    Heinig et al., 2013).

Quelques champignons célèbres : 

  • Sir Alexander Fleming fut le premier à démontrer que la moisissure Penicillium notatum synthétisait une substance antibactérienne ; il fut le premier à concentrer cette substance qu’il appela « pénicilline ». Il ne fut pourtant pas celui qui conduisit le développement de la pénicilline, ni le premier à utiliser ses propriétés chez l’être humain. C’est un cas emblématique de découverte faite par sérendipité. Source wikipédia
  • Penicillium roqueforti est une espèce de champignons ascomycètes saprophytes, très répandue dans la nature. Son principal usage fermier, artisanal ou industriel est la transformation laitière attachée aux fromages à pâte persillée comme le roquefort, la fourme d’Ambert, la fourme de Montbrison, le bleu d’Auvergne, le bleu des Causses, le bleu du Vercors-Sassenage, le bleu d’Élisabeth, le Blue Stilton, etc.  Source wikipédia
  • Penicillium camemberti est une espèce de champignons ascomycètes. Il est utilisé pour la fabrication du camembert et du brie. C’est lui qui produit la croûte du fromage faite de filaments blancs (moisissure). Ce champignon est également utilisé pour la préparation de camembert végétal (végane). Il peut également produire de l’acide cyclopiazonique, une mycotoxine dangereuse pour la consommation humaine et animale. Source wikipédia
  • Saccharomyces cerevisiae est une espèce de levures employée notamment dans la fermentation de la bière. Elle occupe une place particulière parmi les ferments, levains et levures utilisés depuis la Haute Antiquité : de nombreux peuples, tels que les Égyptiens, Babyloniens ou Celtes, l’utilisaient pour la fabrication de boissons fermentées, du pain, du kéfir, du vin et de la bière de fermentation haute. Cette espèce a été découverte, isolée et identifiée au milieu du xixe siècle par des brasseurs hollandais à la demande de la corporation des boulangers parisiens qui commençaient à industrialiser leur production et cherchaient pour leur pain un procédé de fermentation plus fiable et plus rapide que leur levain traditionnel. Ainsi dans ces domaines, certains mélanges de ses différentes souches sont appelés « levure de boulanger » et « levure de bière ». Source wikipédia 

Et les lichens ?

Les lichens, également appelés champignons lichénisés ou champignons lichénisants, résultent d’une symbiose permanente entre au moins un champignon hétérotrophe appelé mycobionte, et des cellules microscopiques photoautotrophes, possédant de la chlorophylle, nommées photobiontes. Ce sont des organismes composites. Le mycobionte est prépondérant dans la plupart des genres. Le photobionte s’appelle phycobionte lorsque le partenaire est une algue verte, cyanobionte ou bactériobionte lorsqu’il est une cyanobactérie. Les lichens sont classés dans le phylum des Fungi. La symbiose résulte d’une association, appelée lichénification ou lichénisation. L’inverse, c’est-à-dire une algue macroscopique hébergeant un champignon microscopique, est une mycophycobiose.

Les lichens vitvent souvent dans des endroits extrêmes : en haut des montagnes, sur les rochers du bord de mer, sur la lave refroidie, sur les toits brûlants…Les lichens sont aplatis ou barbus, jaunes, oranges, ou noirs ! On en connaît plus de  20 000 espèces. Le champignon protège l’algue. Il lui donne de l’eau et des sels minéraux. L’algue fabrique, par photosynthèse des sucres et d’autres produits, qu’elle partage avec le champignon. C’est une symbiose.


Bibliographie

  1. Biodiversité et évolution du monde fongique – Jean-Christophe Guéguen et David Garon
  2. Les champignons redécouverts – Fabienne Malagnac, Philippe Silar
  3. Les goûts et les couleurs du monde – Marc-André Selosse
  4. Jamais seul – Marc-André Selosse
  5. L’origine du monde – Marc-André Selosse
  6. Positive citation bias and overinterpreted results lead to misinformation on common mycorrhizal networks in forests.

Patagium et respiration

J’apprends, émerveillé, que le patagium d’une chauve-souris participe à la respiration de l’animal  : en effet, certaines parties de ce patagium, dépourvues de pores et de poils, ont un flux sanguin accru majorant les échanges gazeux lorsque la chauve-souris bat des ailes, ce qui augmenterait de plus de 10 % l’apport total en O2 !  Pour un amniote, ce niveau d’échange de gaz à travers la peau est sans précédent et contribue probablement à alimenter ses puissants muscles de vol.

L’article source, en anglais est là, la traduction du résumé est proposée ci-après :

La structure de la peau des ailes et du tronc d’Epomophorus wahlbergi a été étudiée en vue de comprendre les adaptations possibles des échanges gazeux et  de la thermorégulation. La peau du corps comporte un épiderme, un derme avec des follicules pileux et des glandes sudoripares et un hypoderme chargé de graisse. En revanche, la peau des ailes est constituée d’un mince épiderme bicouche séparé par du tissu conjonctif et dépourvue de follicules pileux et de glandes sudoripares. Les ailes mesuraient de 18 à 24 cm chacune, avec environ 753 cm2 de surface exposée à l’air. L’épiderme de la peau du corps était épais (61 ± 3 µm, SEM), le stratum corneum en occupant à lui seul un tiers (21 ± 3 µm). En revanche, l’épiderme du patagium était plus fin (9,8 ± 0,7 µm), avec un stratum corneum mesurant 4,1 ± 0,3 µm (41 %). Les capillaires de la peau en réseau couraient au milieu du noyau de tissu conjonctif, avec une distance de diffusion surface-capillaire résultante de 26,8 ± 3,2 µm. Le taux de consommation d’oxygène (V̇O2) des ailes seules et de l’animal entier, mesuré sous anesthésie légère à des températures ambiantes de 24 ºC et 33 ºC, était en moyenne de 6 % et 10 % du total, respectivement. Le taux de production de dioxyde de carbone présentait des valeurs similaires. La capacité de diffusion de la membrane du patagium a été estimée à 0,019 ml O2 min-1 mmHg-.
Nous concluons que chez Epomophorus wahlbergi, le patagium présente des modifications structurelles autorisant une contribution substantielle à l’échange gazeux total.

Pour ce qui me concerne, j’en suis tout ébaubi  ! 

Démographie ornithologique

«  Ma pov’ Raymonde, on ne voit plus de moineaux, il y en avait tant dans ma jeunesse, et je n’en vois quasiment plus aujourd’hui, c’est bien malheureux ! Avec leurs satellites et leurs insecticides, ils nous les ont tous occis! » s’exclama Ginette avec des sanglots dans la voix. A l’instar des assertions de Ginette, que n’avons nous pas lu ou entendu au sujet de la disparition imminente ou récente de telle ou telle espèce d’oiseau ! 

« Without data, you’re just another person with an opinion » écrivit en anglais (car il était américain, tout s’explique) le statisticien W. Edwards Deming ; ce qui peut se traduire en français par : «  Sans données, vous n’êtes qu’une personne de plus donnant son opinion.» Or, et c’est une bonne nouvelle, à l’heure de l’internet et des sciences participatives, il est des moyens de s’assurer de données, plus ou moins solides, pour argumenter sur l’évolution d’une population d’oiseaux d’espèce donnée, sur un territoire établi. 

La question que nous pose implicitement Ginette est la suivante : comment la population des Moineaux domestiques a-t-elle évolué en Europe ces 40 dernières années ?

Un des maîtres chargés de m’initier à la science ornithologique m’a vigoureusement mis en garde: les données disponibles avant l’an 2000 sont sans aucune valeur scientifique pour évaluer l’évolution des populations d’oiseaux (Nombre insuffisant d’observateurs, nombre et lieux de recueils aléatoires, nombreux biais, etc.); il faudra donc, pour réponde à Ginette, se contenter des données des 20 dernières années, ce qui n’est déjà pas si mal, car c’est du boulot les comptages (voir le post-scriptum en bas de page) !

Les sites internet européens qui permettront de répondre à la question sont en anglais. Néanmoins, même si on maîtrise aussi bien la langue de Shakespeare que le pilotage d’un avion Rafale, rassurons-nous, la réponse à la question nous viendra quand même, sous forme de cartes et de courbes. L’image, le long discours, tout ça… Et puis, comme je suis sympa, je traduirai la conclusion de cette recherche pour vous.

Première étape : déterminons le nom scientifique de l’oiseau que l’on projette d’étudier pour interroger cette base de données européenne qui, je le répète ne sait pas le français, mais comprend le latin (quelle époque épique !) Nous consulterons pour ce faire notre « Guide ornitho » ou, à défaut, nous irons sur le site oiseaux.net où nous taperons, fébrilement, dans la zone de recherche « Moineau domestique » (Attention, il existe de nombreuses autres espèces de Moineaux (friquet, à gorge jaune, cisalpin,  blanc, soulcie, gris, mélanure, rutilant…), ne commettons pas de bévue. La réponse nous sera donnée, sans tambours ni trompettes : « Passer domesticus » est le nom scientifique du Moineau domestique. Ça déchire grave, et ça fait savant !

Deuxième étape : connectons-nous sur le site EBBA2 (European Breeding Bird Atlas) et saisissons fièrement, en latin s’il vous plaît, « Passer domesticus » dans le champ « Search species » de la colonne de gauche. Dans cette même colonne de gauche, cliquons sur EBBA2 pour découvrir, les yeux embués par la plus intense émotion : 

  1. La population de Moineaux domestiques en Europe : voir ici
  2. L’importance de la nidification des Moineaux domestiques en Europe  Voir ici

Un peu plus bas sur la page, cliquons sur les différents menus de l’onglet « Links »

  1. EBP species info montrera l’ Evolution sur un an de la population de Moineaux domestiques : ça clignote de partout, c’est joli mais c’est peu informatif, ai-je l’outrecuidance de penser.
  2. PECBMS speechs info tracera la courbe d’évolution de la population de nos moineaux, dont nous ne retiendrons que la partie sise entre 2000 et 2021 (relire le paragraphe 3 de cet article si nécessaire), montrant une baisse très modérée de nombre de volatiles. Nous voilà presque rassurés !
  3. BirdLife European’s Red List proposera une fiche très détaillée sur le sujet  qui nous occupe : voir ici
  4. BirdLife Data Zone indiquera le niveau de la menace pesant sur l’espèce avec une échelle à 8 barreaux : Données insuffisantes (DD), Préoccupation mineure (LC), Quasi-menacée (NT), Vulnérable (VU), En danger (EN), En danger critique d’extinction (CR), Éteinte à l’état sauvage (EW), Éteinte (EX) 

Nous aurons donc appris qu’en Europe, le Moineau domestique a une aire de répartition extrêmement étendue et ne s’approche donc pas des seuils de vulnérabilité selon le critère de la taille de l’aire de répartition (étendue de l’occurrence de 10 % en dix ans ou trois générations, ou avec une structure de population spécifique). Bien que la tendance de la population semble être à la baisse, le déclin n’est pas considéré comme suffisamment rapide pour approcher les seuils de vulnérabilité selon le critère de la tendance de la population (déclin de 30 % sur dix ans ou trois générations). Pour ces raisons, l’espèce est évaluée comme étant de préoccupation mineure en Europe. Au sein de l’UE27, cette espèce a une aire de répartition extrêmement étendue et ne se rapproche donc pas des seuils de vulnérabilité selon le critère de la taille de l’aire de répartition (étendue de l’occurrence de 10 % en dix ans ou trois générations, ou avec une structure de population spécifique). La tendance de la population semble être stable, et l’espèce ne se rapproche donc pas des seuils de vulnérabilité selon le critère de la tendance de la population (déclin de 30 % sur dix ans ou trois générations). Pour ces raisons, l’espèce est évaluée comme étant de préoccupation mineure dans l’Union Européenne.

Pour répondre à l’inquiétude de Ginette, le site internet de l’Inventaire National du Patrimoine naturel est une autre ressource documentaire possible, et en français s’il vous plaît ! La requête est aisée : sur la page d’accueil du site, dans le champ de recherche, tapons «  Moineau domestique » et sélectionnons la première ligne des résultats, ce qui nous amènera à cette page, affichant de nombreuses ressources concernant notre Moineau domestique : Présentation, Portrait, Taxonomie, Statuts, Cartes, Références, Jeux de données, Habitats, Valorisation. Au bas de la page, l’information que nous recherchons est là, claire et concise : Population nicheuse de Passer domesticus : 4.100.000 – 8.200.000 couples / Stable (qualité de l’estimation : Bonne).

Nous remarquerons, un peu déçus, d’une part, que l’estimation de la population de nos moineaux est très imprécise (du simple au double) et que les chiffres ne nous donnent, comme souvent, qu’un ordre de grandeur, et d’autre part que les données datent de 2013 (il y a 10 ans) ! Le clic sur l’onglet « Valorisation » affiche un graphique dont la légende explique benoitement que les données sont insuffisantes pour réaliser un graphique !

Enfin, pour nous mettre à l’abri de toute critique de la part Ginette, nous consulterons les informations données par le site des Oiseaux de Jardin, qui présente les données recueillies par des milliers de bénévoles chaque année dans les jardins (publics et privés) de France : le Moineau domestique est à la 1re place du classement des espèces les plus abondantes dans les jardins

Il est grand temps de rassurer Ginette avec des données consolidées à défaut d’être entièrement solides ! Les Moineaux domestiques ne courent pas, en l’état actuel des connaissances, de danger d’extinction. Si les Moineaux domestiques sont rares dans son jardin, il sont peut être nombreux dans le jardin de son voisin pour des raisons d’habitat plus adapté ou de nourriture disponible. Qui sait ?

The answer my friend is blowin’ in the wind !


Rencontres inattendues en baie du Mont

© Michel Arnould

La nuit est encore bien noire. La mélodie fringante du réveil nous tire cruellement d’un profond sommeil. Il est temps de se lever, et de se préparer pour une journée fort inhabituelle : nous sommes en effet conviés à accompagner un ornithologue de renom dans la baie du Mont Saint-Michel, où la matinée sera consacrée au comptage des oiseaux d’eau dans le cadre des Wetlands International, opération coordonnée par l’ONG éponyme, qui se déroule, depuis plus de 30 ans, simultanément dans cinq régions du monde (Afrique-Eurasie, Asie-Pacifique, Caraïbes, Amérique centrale et Néotropique) à la mi-janvier. La LPO explique bien le cadre et les enjeux de ce projet de science participative.

Nous retrouvons nos guides sur la digue de la Duchesse Anne.

Premier émerveillement de la journée : tandis que caquètent les Bernaches cravant, nous regardons l’aurore éclairer le Mont Saint-Michel et sa baie. Le soleil levant semble, comme Johnny, y allumer le feu ! Ces herbus ou prés salés sont les plus grands d’Europe, ils s’étendent sur 4000 hectares, d’un seul tenant, et leur réputation est internationale : c’est en effet un site à haute valeur paysagère et écologique.

On nous a prévenus : il ne saurait être question de s’aventurer sur ces herbus sans un accompagnateur avisé, les pièges y abondent, surtout lors des grandes marées susceptibles de submerger le terrain. Pas question non plus de partir sans de bonnes bottes, bien hautes si on veut garder les pieds au sec.

Bottes, jumelles, yeux aux aguets, nous sommes parés, et partons pour une marche de 30 mn, vers notre point d’observation. Nous marchons sur le schorre, recouvert de cette végétation halophile si particulière (salicornes, spartines, plantain maritime, chiendent des vases salées, troscart maritime, atropis, lavandes de mers, armoise.). Nous comprenons bien vite que nous ne cheminerons pas en ligne droite; nous enjambons, contournons ou sautons, avec plus ou moins d’élégance ces fameuses « criches », mot local désignant les petits canaux naturellement créés sur les herbus où s’écoule préférentiellement l’eau lors de la montée et de la descente des marées. De nombreux poissons profitent de la marée montante pour venir s’y nourrir ; les criches en effet, abritent Orchestia, un petit crustacé se nourrissant de la matière en décomposition provenant essentiellement de l’Obione faux-pourpier. Orchestia est la source d’alimentation principale des poissons tels que les mulets et des gobies, ainsi que les juvéniles de bars pour lesquels cette source de nourriture contribue à 90% de la croissance de leur première année de vie. (On en apprend tous les jours !)

Des chasseurs à l’affût dans leurs gabions nous observent. Nous marchons d’un bon pas et nous les oublions. Nous n’entendrons pas un seul coup de feu. Les seuls chasseurs qui nous gêneront sont les 4 Rafale de l’armée qui nous survolerons à 2 reprises.

Première rencontre avec un petit « campagnol» dont nous ne saurons jamais s’il s’agissait d’un Rat des moissons, d’une musaraigne ou d’une des 5 espèces de campagnols vivant dans la baie (Campagnol des champs, Campagnol agreste, Campagnol souterrain, Campagnol roussâtre, ou Campagnol amphibie). Paniqué, le petit mammifère ne nous a pas laissé de carte de visite.

Deuxième rencontre, fugace : un Hibou des marais vient de passer, identifié par notre expert sur son vol et son allure, nous l’avons vu sans avoir eu le temps, enfer et damnation, d’ajuster nos jumelles pour l’admirer plus en détail. C’est la première fois que j’entraperçois un hibou !

Troisième rencontre : une nuée de plus de 500 Linottes mélodieuses nous survole à belle allure ! Quel étonnant spectacle !

C’est alors que nous faisons notre 4e étonnante rencontre : deux hardes de sangliers, une dizaine d’individus, trottinent allègrement entre nous et les oiseaux, innombrables. Les ornithologues en sont fort marris pour ne pas dire affligés, car les ongulés courent sur la plage, entrent et sortent de l’eau, et effraient, maintes fois, les milliers d’oiseaux présents sur les plages qui s’envolent et se reposent, rendant leur comptage des plus délicats !

Sous les yeux émerveillés des observateurs, cependant, par milliers, Bernaches cravant, Tadornes de Belon, Courlis cendrés, Bécasseaux variables, Bécasseaux maubèches, Barges rousses, Huîtriers pie, Bécasseaux sanderling, Pluviers argentés dansent d’improbables sarabandes et illuminent le ciel de leurs féériques ballets ! C’est un ravissement pour les yeux comme pour l’esprit !

Les oiseaux ont été comptés, les fiches ont été remplies, la mission est accomplie. Sur le chemin du retour, nous avons le plaisir de croiser un Busard des roseaux puis un Busard Saint-Martin, au vol élégant et à l’allure majestueuse (panique dans les herbiers …) Nous écoutons le chant joyeux des Alouettes des champs, qui semblent nous dire au revoir, et, avant de retirer nos bottes et ranger nos jumelles, sur la haie, derrière les voitures, des Bruants zizi achèvent la représentation de cette matinée. Rideau, le spectacle est terminé. Terminé ? Mais non, pas du tout !

Les Bruants zizi n’étaient pas les acteurs du dernier acte de cette pièce mémorable. Il nous restait à faire une autre rencontre inattendue, ultime certes, mais exceptionnelle ! Une sorte de rappel comme l’aiment les acteurs ! Au cours du déjeuner, en effet, nous apprenons que des compteurs ont rencontré des Hiboux des marais, et qu’ils en ont recensé pas moins de 13 sur le même site. Sitôt réchauffés et rassasiés, nous retournons donc, le cœur battant la chamade, à l’endroit indiqué, pour assister non pas à un spectacle mais à un festival ! Le festival des Hiboux des marais, qui passent et repassent devant jumelles et lunettes, une fois de face, une autre de profil, et je me pose au sol, je décolle, je me pose sur un piquet, je vire, je plane, je plonge, je remonte. De véritables cabotins, mais élégants et majestueux. Nous les avons observés plus d’une heure, ces hiboux des marais. Il furent le clou de la journée. Voici un film de cet oiseau, dont je ne suis pas l’auteur hélas !

Quelle belle journée !

Bibliographie

  1. Pour en savoir plus sur les habitats de la Baie du Mont Saint-Michel
  2. Les hiboux des marais
  3. Le Bruant zizi

Les oiseaux seraient bons pour le moral des humains !

Un Fou de Bassan

Faudra-t-il que les sorties ornithologiques soient remboursées par la Sécurité Sociale en cas d’épisode dépressif ? C’est ce que semble suggérer — très implicitement je vous l’accorde — une étude, dont je vous livre le résumé (en français 🇫🇷) :

Les avantages de la fréquentation quotidienne des oiseaux sur la santé mentale des êtres humains sont mal connus. Les études disponibles s’appuient généralement sur des questionnaires rétrospectifs ou des montages artificiels de faible niveau de preuve.

Dans cette étude, l’application pour smartphone « Urban Mind » a été utilisée afin d’examiner le retentissement de l’observation ou de l’audition de chants d’oiseaux sur le bien-être mental autodéclaré dans des conditions de vie réelles. Un échantillon de 1292 participants a complété un total de 26 856 évaluations auto-administrées, entre avril 2018 et octobre 2021. Les rencontres quotidiennes avec des oiseaux étaient associées à des améliorations durables du bien-être mental ressenti. Ces améliorations étaient évidentes non seulement chez les personnes en bonne santé, mais aussi chez celles souffrant de dépression, la maladie mentale la plus courante au monde.

Ces résultats ont des implications potentielles tant pour la protection de l’environnement et de la faune sauvage que pour les politiques de santé mentale. Des mesures spécifiques, visant à préserver et à augmenter les rencontres quotidiennes avec l’avifaune dans les zones urbaines, pourraient être mises en œuvre.

Pour lire l’étude complète (en anglais 🇬🇧…) c’est là qu’il vous faudra cliquer. Les conclusions, évidemment, sont à prendre avec des pincettes, compte-tenu de la méthodologie de l’étude, mais finalement, on n’a jamais vu que l’observation ou l’écoute des oiseaux puisse être source d’effets indésirables.

Certains vont plus loin encore et décrivent un « Syndrome de manque de nature » sur lequel je serai amené à revenir…

Types d’alimentation en zoologie

Après avoir vu, dans un précédent article, les adjectifs permettant de décrire les différents habitats en zoologie, je vous propose de découvrir, aujourd’hui, comment qualifier les différents régimes alimentaires des animaux.

On dit d’un animal qu’il est  : 

  • apivore :  s’il se nourrit d’abeilles
  • carnivore : s’il se nourrit de viande
  • coprophage ou scatophage : s’il se nourrit des excréments d’autres espèces
  • détritivore : s’il se nourrit de détritus
  • endophage : s’il se nourrit des substances ou tissus de l’organisme pénétré
  • entomophage ou insectivore : s’il se nourrit d’insectes
  • euryphage : si son régime alimentaire est large et variée
  • frugivore : s’il se nourrit de fruits
  • géophage : s’il se nourrit de terre
  • granivore : s’il se nourrit de grains et de graminées
  • hématophage : s’il se nourrit du sang d’autres animaux
  • herbivore : s’il se nourrit de végétaux
  • ichtyophage ou piscivore  : s’il se nourrit de poissons
  • insectivore ou entomophage : s’il se nourrit d’insectes
  • lignivore ou xylophage : s’il se nourrit de bois 
  • limivore ou pélophage  : s’il se nourrit des matières organiques contenues dans la vase
  • mélophage : s’il se nourrit de la laine du mouton vivant
  • microphage : s’il se nourrit de proies minuscules
  • mycophage : s’il se nourrit de champignons
  • nécrophage : s’il se nourrit de cadavres
  • omnivore : s’il se nourrit d’aliments de toutes espèces, animales et végétales
  • ophiophage : s’il se nourrit de serpents
  • pélophage ou limivore : s’il se nourrit des matières organiques contenues dans la vase
  • phytophage : s’il se nourrit de matières végétales
  • piscivore ou ichtyophage : s’il se nourrit de poissons
  • planctonivore ou planctophage : s’il se nourrit de plancton 
  • rhizophage : s’il se nourrit de racines
  • saprophage : s’il se nourrit de matières végétales ou animales transformées ou en voie de décomposition
  • scatophage ou coprophage : s’il se nourrit des excréments d’autres espèces
  • vermivore : s’il se nourrit de vers
  • xylophage ou lignivore : s’il se nourrit de bois
  • zoophage : s’il se nourrit de la chair des autres animaux, vivants ou morts.

Vous avez dit biodiversité ?

Les adjectifs des habitats en zoologie

La langue française est riche et précise quand il s’agit de décrire, en un seul adjectif, différents types d’habitat en zoologie. En voici quelques exemples : 

  • Amnicole : qui vit au bord des cours d’eau.
  • Aquicole : qui vit dans l’eau
  • Arboricole : qui vit dans les arbres
  • Arénicole : qui vit dans le sable
  • Arvicole : qui vit dans les champs
  • Benthique :  qui vit au fond des espaces aquatiques (mers, lacs, océans)
  • Calcicole : qui vit en terrain calcaire
  • Cavernicole : qui vit dans l’obscurité des cavernes et des grottes
  • Cavicole : Qui vit dans les cavités ménagées ou occupées par d’autres animaux : terriers, excavations, grottes, etc
  • Dulçaquicole ou dulcicole  : Qui vit en eau douce.
  • Démersal : qui vit sur le fond des mers et des océans pour y trouver sa nourriture et remonte ponctuellement vers la surface
  • Floricole : qui vit sur les fleurs
  • Fumicole : qui vit dans le fumier
  • Herbicole : qui vit dans les herbes
  • Humicole : qui vit dans l’humus
  • Lignicole : qui vit dans les bois
  • Limicole ou vasicole : Famille de petits échassiers vivant dans des endroits humides (marais, abords des lacs et des plages, etc.)
  • Madicole : Qui vit sur une pierre située juste au niveau de la surface d’une rivière
  • Merdicole : qui vit dans les excréments
  • Monticole : Type de passereau de taille moyenne vivant dans les montagnes
  • Muscicole : qui vit dans les mousses
  • Nidicole : Se dit d’une espèce dont le petit, en naissant, est incapable de se nourrir et de se déplacer seul et de ce fait reste au nid tant qu’il est dépendant
  • Nivicole : qui vit dans les névés ou dans les glaciers
  • Orbicole : Se dit particulièrement d’une plante, éventuellement d’un animal pouvant se développer et s’adapter à n’importe quel milieu à la surface du globe
  • Paludicole : qui vit dans les marais et les étangs
  • Pélagique : qui vit proche de la surface des espaces aquatiques (mers, lacs, océans)
  • Pétricole : qui vit dans les rochers, dans les anfractuosités de roche ou creusant des trous ou galeries pour s’y loger
  • Ripicole : Se dit d’espèces animales ou végétales qui vivent ou qui se développent sur les rives immergées des eaux courantes, des étangs, des lacs
  • Saxicole ou saxatile : Qui vit parmi les roches ou les substrats rocheux
  • Sylvicole : qui vit dans les forêts 
  • Terricole : qui vit ou se développe dans la terre
  • Torrenticole : qui vit dans les torrents (poissons torrenticoles)
  • Tubicole :  qui vit dans un tube qu’il sécrète lui-même
  • Vasicole : voir limicole

Quand le JIZZ est là…

Des scientifiques se sont appliqués à estimer la population d’oiseaux sauvages existant à travers le monde. D’après leurs calculs, les 9.700 espèces d’oiseaux recensés réuniraient au moins 50 milliards d’individus. Source.

La France possède une richesse importante en nombre d’espèce d’oiseaux, en particulier nicheurs (le plus élevé en Europe après l’Espagne), la dernière évaluation est de 412 espèces pouvant être observées en France.

Le nombre d’espèces d’oiseaux peut sembler rebutant pour le néophyte désireux d’apprendre à les gouverner observer tous !

En classe d’ornithologie, il nous est expliqué que la méthode la plus utile pour identifier visuellement un oiseau de nous inconnu est celle que les Anglo-Saxons nomment le GISS (ou JIZZ) : General Impression, Size, and Shape : elle requiert d’analyser : 

  1. L’allure générale de cet oiseau 
  2. Sa taille
  3. Et, enfin, sa forme

Wikipedia nous explique le concept ici : « Le JIZZ ou GISS est l’impression générale ou l’apparence d’un oiseau recueillie à partir de caractéristiques telles que la forme, la posture, le style de vol ou d’autres mouvements habituels, la taille et la coloration combinées à la voix, l’habitat et l’emplacement. »

Personnellement, j’aurais bien ajouté la date de l’observation, utile pour inclure ou exclure les migrateurs.

« Le concept a été popularisé dans le cadre de l’observation des oiseaux, mais il est si utile qu’il a depuis été adopté de plus en plus largement par les biologistes de terrain pour désigner l’impression des caractéristiques générales d’autres animaux. Il apparaît également dans des domaines de la biologie d’observation comme la microscopie. Les écologistes et les botanistes peuvent parler du « jizz de l’habitat » ou du jizz d’une plante.»

Sean Dooley décrit le jizz comme  » la qualité indéfinissable d’une espèce particulière, la « vibration » qu’elle dégage  » et note que bien qu’il soit  » rejeté par beaucoup comme une sorte d’alchimie ornithologique, il existe une base physique à l’idée de jizz « [6].

Les ornithologues expérimentés peuvent souvent faire des identifications fiables sur le terrain en un clin d’œil en utilisant le jizz pour identifier la famille ou le genre, plus rarement l’espèce.

L’idée semble être d’apprendre à reconnaître les oiseaux les plus communs pour, sur une toile de fond, voir ensuite se détacher les spécimens les plus rares que les guides ornithologiques modernes auront tôt fait de nous aider à identifier !

Un bien beau plumage, sans aucun ramage, hélas.

Le jour n’était pas levé depuis une heure, en ce froid matin de décembre; un pâle soleil peinait à chasser les lambeaux de brouillard s’accrochant gaillardement aux prairies et aux bois du parc de la Briantais, à Saint-Malo. Il était tôt, il faisait froid, mais nous partions, gaillards, à la chasse aux oiseaux dont on nous avait dit qu’ils seraient nombreux en ces lieux.

Point de fusil, fût-il à lunette, non plus que de gibecière. Nous n’étions armés, en sus de nos yeux encore embrumés de sommeil, que d’une paire de puissantes jumelles, car c’est une chasse aux images que nous avions organisée. Et notre butin fut mémorable.

Nous fûmes accueillis, en fanfare, par le chant de la Sitelle torchepot, qui nous accompagna souvent, mais que jamais nous n’eûmes l’heur d’apercevoir. Les Merles noirs sautillaient, sifflaient, et se gavaient goulûment de lombrics dodus. Après avoir admiré les Mésanges charbonnières et les Mésanges bleues, les Rouge-gorge familiers et les Pies bavardes, nous vîmes, pour la première fois, béotiens avides de merveilles, plein écran dans nos jumelles 16x, celles qui furent les héroïnes de notre matinée.

Laissez-moi vous présenter les Grives mauvis  (Tordus iliacus) ! 

Elles sont bien plus belles dans la nature que sur le papier

Silhouette de Merle noir, ou de Grive musicienne, même démarche, même comportement (en tout cas pour le béotien) c’est le plumage magnifique de l’oiseau qui nous arracha un cri d’admiration (intérieur, le cri, nous savons nous tenir sur le terrain) tant il nous submergea d’émotion. Rien de mieux que d’en lire la description détaillée et d’en regarder les images sur oiseaux.net ! Quelles merveilles que ce sourcil crème, ce plastron tacheté de fauve et ces flancs roux ! Toute la matinée elle nous régala de sa présence, même après l’avoir abandonnée pour cheminer en bord de mer, en compagnie des Goélands argentés, huîtriers pie, Aigrettes garzette, et autres Grands cormorans : elle était toujours là à notre retour, malicieuse, sur les chemins, et les pelouses, au grand dam des vers de terre dont j’imagine l’effroi.

S’il fut ici question de plumages munificents, il ne fut jamais question du moindre ramage. Jamais les grives, ni les musiciennes ni les mauvis, ne nous gratifièrent d’un quelconque chant. Seuls les merles, les mésanges et les sittelles s’essayèrent à de mélodieuses vocalises. Il faisait froid, il faisait faim, les grives n’étaient apparemment pas d’humeur. Une prochaine fois sans doute. Le film fut en couleurs, mais muet. Il nous a vraiment plu, vous l’avez compris !

Des oiseaux, des données, des cartes et des courbes

L’intérêt que l’on porte aux oiseaux commence souvent, pour ne pas dire toujours, par leur observation attentive sur le terrain, puis par leur identification. La tâche est loin d’être facile  !  

On peut ensuite s’intéresser à la vie des oiseaux : où vivent-ils ? (distribution géographique, habitat), comment vivent-ils ? (comportement, alimentation, reproduction, migration). Un ouvrage, complétant les outils d’identification, devient alors nécessaire pour accéder aux informations pertinentes comme «Le comportement des oiseaux d’Europe» publié aux éditions Salamandre.

J’aimerais signaler à l’attention de mes lecteurs trois sites fort intéressants, permettant d’analyser la distribution des populations d’oiseaux nicheurs en Europe, ses variations, ainsi que les migrations de ces oiseaux. Je n’ose imaginer la quantité de données ayant permis l’établissement des ces cartes et de ces courbes, fruit du travail de nombreux observateurs sur le terrain et d’informaticiens «qui assurent». 


1 –  EUROPEAN BREEDING BIRD ATLAS

La 1re version de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Europe (EBBA1), a été publiée par le Conseil européen de recensement des oiseaux (EBCC) en 1997. Cet ouvrage fut un apport considérable à l’ornithologie européenne.

Les paysages et le climat européens ont toutefois connu des changements marqués depuis les années 1980, époque à laquelle la plupart des données de l’EBBA1 ont été recueillies. Une 2e version de cet atlas a donc été décidée par l’EBCC en 2010 dans le but de fournir des informations actualisées sur la distribution et l’importance des populations des oiseaux en Europe ainsi que de documenter les changements intervenus depuis EBBA1.

Au total, 596 espèces d’oiseaux nicheurs ont été étudiées.  L’atlas propose des cartes pour savoir où elles se reproduisent, combien de couples ont été recensés et comment leur répartition a changé en 4 décennies.  De nombreuses espèces ont vu leur distribution notablement modifiée entre les deux périodes de l’atlas, ce qui a été soigneusement analysé dans EBBA2 en ne considérant que les zones ayant une intensité de couverture similaire. 

Les changements ont été évalués pour 407 espèces indigènes :

  • 87 ont connu une augmentation de leur distribution, 135 une diminution, et 85 espèces n’ont connu aucun changement ou une tendance incertaine. Les schémas de changement varient selon les régions.
  • Les deux régions les plus froides, l’Arctique et les Alpes, ont gagné le plus grand nombre d’espèces en 30 ans, tandis que la région méditerranéenne a enregistré une perte nette d’espèces.

Le site est en anglais, mais l’interrogation, très simple, peut se faire avec le nom scientifique de l’espèce, facilement retrouvée sur tous les sites, ouvrages et logiciels d’identification. Et les cartes parlent alors d’elles-mêmes !
➜ Voir les cartes : EUROPEAN BREEDING BIRD ATLAS


2 – PECBMS

L’objectif principal du programme paneuropéen de surveillance des oiseaux communs (PECBMS) est d’utiliser les oiseaux communs comme indicateurs de l’état général de la biodiversité en utilisant des données de surveillance à grande échelle et à long terme sur les changements dans les populations d’oiseaux nicheurs d’Europe. 

Ont été étudiées 168 espèces, sur 30 pays, pendant 42 ans  (1980–2021).  

Les dernières données sur les oiseaux communs européens montrent un déclin continu des oiseaux des terres agricoles européennes, tandis que les oiseaux communs des forêts sont plus ou moins stables au cours des 10 à 15 dernières années.

Le site a été mis à jour en novembre 2022 avec de nombreuses nouveautés fonctionnelles et factuelles. On apprend ainsi, que la population d’alouettes des champs (Alauda arvensis) est menacée par l’agriculture intensive. Cette espèce fait partie de celles dont les populations sont le plus en déclin en raison de la diminution des sources de nourriture et de la détérioration des possibilités de nidification pendant la saison de reproduction. 

➜ Voir les courbes, avec par exemple l’évolution des populations des oiseaux de grandes cultures  : PCEBMS


3 – EURO BIRD PORTAL

Le portail des oiseaux d’Europe  est une base de données conséquente, alimentée par 15 portails nationaux de saisie (120000 saisies quotidiennes, 45 millions d’observations annuelles), en provenance de 29 pays européens.

Sur le site internet adossé à ces données, on peut suivre le déplacement saisonnier des oiseaux en temps réel, avec une précision géographique inédite et combiner 9 types de cartes animées mêlant répartition des espèces et variables météorologiques par exemple. Au total, plus de 50 millions de combinaisons de cartes comparées sont disponibles !

Comme l’explique Faune-France « au-delà de mieux comprendre les mouvements migratoires des oiseaux à l’échelle européenne, l’EBP offre une opportunité unique de travailler sur de nouvelles thématiques en faveur de la protection des espèces et de leurs habitats : identification de sites majeurs de halte migratoire, détermination des périodes de risque accru de collision aérienne, adaptation des périodes de chasse, suivi des pandémies aviaires… »

➜ Voir les cartes  : EURO BIRD PORTAL


Après avoir admiré les oiseaux, on ne peut qu’admirer le travail des observateurs de terrain qui collectent les informations, puis le travail des informaticiens qui les mettent en forme dans des bases de données avant de développer les requêtes et le code permettant de les afficher sur les sites internet pour leur donner de la pertinence !

Merlin, l’enchanteur ornithologue

Il existe de nombreuses applications pour aider les néophytes à identifier les oiseaux sauvages sur le terrain. Après en avoir testé plusieurs, MERLIN me semble être l’application idéale pour cette tâche ardue. Elle présente en effet de nombreux avantages : 

  • Elle est totalement gratuite
  • Elle est très ergonomique
  • Elle est disponible en français (avec les noms scientifiques) parmi d’autres langues
  • Elle est très riche (plus de 7500 espèces)
  • L’iconographie et les textes sont de qualité et didactiques
  • Elle est contextuelle et tient compte du lieu et de la date de l’observation pour faire ses propositions.

Ce n’est pas une encyclopédie. L’observateur qui souhaiterait aller plus avant dans la connaissance de « son oiseau » consultera avantageusement des guides plus étoffés comme le guide Ornitho, ou d’autres ouvrage proposés sur la page documentation de ce site.


IDENTIFICATION PAR QUESTIONNAIRE EN 3 ÉTAPES

Cette application, gratuite et en français (youpi tralala !) — je le répète, car c’est important — installera un assistant d’identification des oiseaux dans votre poche, qui procédera par étapes. Il suffira de répondre à trois questions simples concernant cet oiseau que vous essayez d’identifier pour que vous soit présentée, en un éclaire, une liste de candidats potentiels. Ces propositions tiennent compte de l’endroit où vous observez ainsi que de la saison. Il ne proposera pas, en décembre, oiseau migrateur absent depuis juillet, non plus que cet oiseau australien.


LES OISEAUX DU MONDE ENTIER

Si vous connaissez par cœur tous les oiseaux de votre pays, ou si vous partez en voyage aux Galapagos, en Chine ou en Australie, il suffira de télécharger les « packs d’oiseaux » ad hoc  (toujours gratuitement). Chaque pack d’oiseaux fournit un guide de terrain sur les oiseaux « de la région » (Amérique, d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Océanie) avec des photos, des sons et un texte d’identification appropriés.


IDENTIFIER L’OISEAU CHANTEUR INVISIBLE

L’application permet également d’Identifier les oiseaux, volontiers timides et souvent volubiles, selon leurs chants et leurs cris. le module « Sound ID » écoute les oiseaux qui vous entourent et fait des suggestions en temps réel pour découvrir quel oiseau chante, la haut dans la canopée sans montrer la moindre plume ni le bout de son bec. Il est alors possible de comparer cet enregistrement pris sur le vif, aux chants et aux cris référencés dans l’application pour confirmer ou infirmer le diagnostic. Les premiers essais que j’ai effectués sur le terrain, sont étonnants ! Chaque fois, la suggestion d’oiseau faite par Merlin à la simple écoute du chant de l’oiseau a été confirmée par l’observation visuelle à la lunette ! Pour en savoir plus


IDENTIFIER LES OISEAUX « STARS » DE VOTRE PELLICULE

L’application permet d’identifier un oiseau sur une photographie, prise sur le vif, ou stockée dans sa pellicule; il suffit de choisir la photo, de la soumettre à Merlin et le module « Photo ID » vous proposera une courte liste de candidats possibles. Photo ID fonctionne entièrement hors ligne, ce qui vous permet d’identifier les oiseaux sur les photos où que vous soyez. Pour en savoir plus


LISTER VOS OBSERVATIONS

Enregistrez des oiseaux que vous avez identifiés dans votre « liste de vie ». Créez un album numérique de vos souvenirs d’ornithologie avec « Save My Bird ». Tapez sur « C’est mon oiseau ! » chaque fois que vous identifiez un oiseau, et Merlin l’ajoutera à votre liste. Voir ici comment faire

Merlin est alimenté par eBird, ce qui vous permet de créer des listes personnalisées d’oiseaux que vous êtes susceptible d’observer, où que vous soyez. Utilisez les options de filtrage pour explorer les oiseaux dans différents lieux ou à différentes périodes de l’année, ou pour afficher toutes les espèces des packs d’oiseaux téléchargés. 

Merlin affiche également les cartes de répartition de Birds of the World, le tout alimenté par des milliards d’observations d’oiseaux soumises à eBird.


QUI EST DONC L’EDITEUR DE CE LOGICIEL ?

Voici ce qui est dit sur son site (en anglais) :
Une partie de la mission du Cornell Lab of Ornithology est d’aider les gens à trouver la réponse à la question « Quel est cet oiseau ? ». Nous savons que la consultation d’un guide de terrain volumineux ou l’utilisation de moteurs de recherche et d’autres ressources peuvent rendre très difficile l’appréhension de ce que vous venez de voir – notre objectif est d’aider à relever ce défi.

Merlin est conçu pour être un coach ornithologique pour les observateurs d’oiseaux de tous niveaux. Il pose les questions qu’un ornithologue expert poserait pour vous aider à résoudre une observation d’oiseau mystérieuse. Notez que la date et le lieu sont les premières et les plus importantes questions de Merlin. Il faut des années d’expérience sur le terrain pour savoir quelles espèces sont attendues à un endroit et à une date donnés. Merlin partage avec vous ces connaissances basées sur plus de 800 millions d’observations soumises à eBird par des ornithologues du monde entier.

Quand la nature inspire la science

À la suite de la présentation, à Bretagne vivante, d’un exposé fort intéressant de quelques exemples de « biomimétisme subaquatique » , j’ai eu envie de reprendre ce qui a été exposé, et de le présenter dans cet article de blogue.


« Quand la nature inspire la science » Mat Fournier. 2016.
« Saviez-vous que le Velcro est le résultat de l’observation d’une plante « accrocheuse », la bardane ? Que la première montre réveil est due au grillon? Que la coquille Saint-Jacques est à l’origine de l’invention de la tôle ondulée? Que les yeux antireflet des mouches ont permis la création de panneaux photovoltaïques ? Que le toit de Waterloo Station, à Londres, a été bâti sur le modèle des écailles du pangolin ? Que la cigogne, la chauve-souris, le canard et même le thon ont inspiré autant de modèles d’avions ? Depuis des centaines d’années, les animaux et les plantes ont soufflé leurs idées simples et naturelles aux ingénieurs, aux architectes et aux scientifiques qui ont su les observer. »

Nous traitons donc, céans, de biomimétisme, un terme que Wikipédia expliquera, bien mieux que je ne saurais le faire : Le biomimétisme désigne un processus d’innovation et une ingénierie. Il s’inspire des formes, matières, propriétés, processus et fonctions du vivant. Il peut concerner des échelles nanométriques et biomoléculaires avec par exemple l’ADN et l’ARN, et jusqu’à des échelles macroscopiques et écosystémiques, incluant donc les services écosystémiques. Il cherche ainsi des solutions soutenables produites par la nature, sélectionnées par de nombreuses espèces, éprouvées par l’évolution au sein de la biosphère sur plus de 3,8 milliards d’années. La biomimétique est un processus créatif interdisciplinaire entre la biologie et la technique, dont le but est de résoudre des problèmes anthropocentriques par l’abstraction, le transfert et l’application de connaissances issues de modèles biologiques. Mettant au point des procédés et des organisations permettant un développement durable des sociétés, le biomimétisme et la biomimétique sont parfois confondus avec la bioinspiration, cette dernière étant un concept plus générique puisqu’elle se définit comme « une approche créative reposant sur l’observation des systèmes biologiques ». Le biomimétisme est un domaine encore émergent de la recherche et des domaines techniques, médicaux, industriels et de la bioéconomie, incluant des sous-domaines tels que la bionique, la bioassistance et l’architecture biomimétique.


4 exemples de biomimétisme nous ont été exposés au cours de cette soirée, dont l’holothurie, la moule, l’éponge de mer et la méduse furent les héros, à leur corps défendant. Rendez-vous compte !

  • Les holothuries pourraient aider à améliorer le quotidien des patients atteints de démence d’alzheimer.
  • Les moules simplifient le travail des chirurgiens
  • Des éponges de mer aident à la conception de gratte-ciel aux dessins audacieux ou à la fabrication de fibres optiques.
  • Des méduses aident les biologistes et les médecins au laboratoire.
  • Les poissons inspirent la fabrication de nouveaux types de moteurs de bateaux !

HOLOTHURIE THERAPEUTIQUE
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Les holothuries, comme d’autres échinodermes, ont la capacité de modifier rapidement et de manière réversible la rigidité de leur derme interne. Des chercheurs de la Case Western Reserve University de Cleveland ont reconstitué un tel système. Pour cela, ils ont mélangé des nanofibres de cellulose, issues d’un autre animal marin, le tunicier, à un mélange de copolymères caoutchouteux. Le matériau obtenu est rigide. Lorsqu’on l’« arrose » avec un solvant, il devient souple. Lorsque le solvant s’évapore, le matériau redevient dur.

Les auteurs de ce travail suggèrent qu’un tel matériau pourrait être utilisé dans des applications biomédicales. Par exemple, pour des implants comme des micro-électrodes cérébrales dans le traitement de maladies comme celle d’Alzheimer. Elles seraient rigides au moment de leur implantation, ce qui faciliterait leur manipulation, puis deviendraient flexibles pour mieux se « fondre » dans leur environnement. Mais tout cela n’est encore qu’expérimental.


MOULE COLLANTE
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En 2015 l’équipe du Dr Alison Butler (Université de Santa Barbara) a créé une molécule permettant de reproduire les propriétés adhésives de la moule qui sait adhérer à tous les supports en milieu aqueux, quand l’eau agit habituellement sur les colles comme un solvant, rendant ainsi impossible dans la durée l’adhérence aux matériaux. Ceci a révolutionné, en médecine, la problématique de la suture qui ne pouvait se faire qu’avec du fil ou des agrafes.

L’explication tient à la synergie entre deux familles de composés chimiques, la lysine (un acide aminé) et les catéchols. Ils interagissent en se liant l’un à l’autre : la molécule formée acquiert alors des propriétés adhésives étonnantes. Le mécanisme chimique est complexe (source). Depuis 2015, date de la publication dans le magazine scientifique « Sciences » de la découverte de cette molécule, d’autres chercheurs se sont intéressés à cette propriété adhésive en milieu humide, notamment une équipe d’ingénieurs biomédicaux qui a créé une bio-colle permettant de fermer les plaies opératoires en 60 secondes, sans agrafes ni fils, sur le cœur, le poumon ou les artères.


ÉPONGES DE MER AUDACIEUSES

Des scientifiques ont découvert que les éponges marines possèdent des propriétés structurales de rigidité mécanique et de stabilité, en dépit de leur composition intrinsèquement fragile. Un chercheur de Lucent Technologies Bell Labs indique qu’une éponge tropicale des profondeurs océaniques pourrait en apprendre beaucoup aux ingénieurs et aux architectes sur la construction de structures solides à partir de matériaux extrêmement fragiles. Découverte et présentation d’Euplecella aspergillum qui pourrait permettre de construire des gratte-ciel

L’éponge Monorhaphis chuni, découverte à la fin du XIXe siècle à plus de 1 500 mètres de profondeur sur les fonds marins de l’Est de l’Afrique, fabrique un spicule de quelques millimètres de diamètre pouvant atteindre 3 mètres de longueur grâce à laquelle elle peut s’ancrer sur les fonds sableux. Cette fibre est constituée de couches de silice concentriques qui se déposent autour d’une trame protéique extrêmement fine. Cette structure possède de remarquables propriétés mécaniques assurant à la fois résistance et flexibilité hors du commun ainsi qu’une transparence bien supérieure à nos meilleures fibres optiques utilisées dans les télécommunications. Une autre caractéristique de cette espèce d’éponge : elle peut vivre jusqu’à plus de 11000 ans ! cette longévité exceptionnelle conférerait à ces éponges le statut « d’archives paléoclimatiques » selon certains chercheurs. Nous avons beaucoup à apprendre d’autres éponges qui, avec un minimum de matière et à une température généralement comprise entre 0 à 30 °C fabriquent un verre doté d’une résistance mécanique très élevée tout en gardant une exceptionnelle flexibilité. source


MÉDUSES BRILLANTES
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De nombreux organismes vivants sont bioluminescents, c’est-à-dire capables d’émettre de la lumière (bactéries, champignons, vers, crustacés marins, champignons, plancton, poissons, calmars, méduses, …). la lumière émise repose sur la présence, dans les organismes bioluminescents, de deux molécules solubles dans l’eau : 1. une enzyme, la luciférase, et 2. son substrat, la luciférine. En présence d’oxygène, la complexe luciférine + luciférase émet de la lumière.

Les recherches sur la bioluminescence de la méduse ont conduit а l’identification de deux protéines d’intérêt majeur au plan scientifique. La première, l’aéquorine, est une luciférase qui tire son nom de la méduse dont on l’a extraite, Aequorea victoria. L’aéquorine se lie à « sa » luciférine (appelée dans ce cas la coelanthérazine) en présence d’oxygène mais aucune lumière n’est émise sauf en présence d’ions calcium. D’autres enzymes fonctionnant comme l’aéquorine ont été découvertes et constituent la famille des photoprotéines. Les biologistes cellulaires les utilisent pour étudier les activités cellulaires liées au calcium. Contrairement а ce qui se passe dans un tube а essai oщ l’aéquorine activée émet une lumière bleue, in vivo, dans la méduse, la lumière émise est verte. C’est le chimiste et biologiste japonais Osamu Shimomura (1928-) qui en découvrit la cause en 1969. En fait, cette méduse contient une autre protéine que Simomura isola et nomma  GFP pour « green fluorescent protein ». Elle absorbe par transfert d’énergie  l’énergie émise par l’aéquorine et émet alors en vert. Ses découvertes ont révolutionné la biologie et ont valu а Shimomura, Martin Chalfie et Roger Tsien le prix Nobel de chimie en 2008 pour leurs travaux sur la GFP et leurs très nombreuses applications. La GFP estutilisée pour visualiser а l’aide d’un microscope à fluorescence de nombreux phénomènes biologiques dans l’organisme de manière non invasive et en temps réel. Les applications en biologie et en médecine sont très nombreuses !  


POISSONS A MOTEUR
Source

Les ingénieurs de la société FinX se sont inspirés des mouvements des nageoires des poissons pour inventer un nouveau type de moteur de bateau sans hélice, propre, silencieux et surtout performant. Les premiers essais en laboratoire indiquent une économie d’énergie de 30% par rapport aux autres solutions du marché. 

Comme disait Pierre Desproges : « Etonnant, non ? »

Le photographe « ornitho » de l’année 2022

Rock Ptarmigan at Tysfjord, Norway © Erlend Haarberg

Le photographe norvégien Erlend Haarberg a reçu cette année le grand prix du concours international « Bird Photographer of the Year » (BPOTY) pour cette image d’un Lagopède alpin (Lagopus muta) prenant son envol au-dessus des montagnes de Tysfjorden, en Norvège. Cette photo a également remporté la médaille d’or dans la catégorie «  Oiseaux dans leur environnement ». 

« En haut des montagnes, le vent, la neige et le froid nous écrasent d’une main de fer pendant de nombreux mois. C’est là que les Lagopèdes alpins prospèrent dans un paysage d’un blanc infini », explique M. Haarberg. « Ce jour-là, je marchais vers le sommet d’une montagne. J’avais presque atteint ce sommet lorsque j’ai repéré des traces de lagopèdes dans la neige. Rapidement, un oiseau a pris son envol; la toile de fond spectaculaire du paysage montre à quel point l’environnement est rude pour cet oiseau. »

Pour voir d’autres images, étonnantes, voire spectaculaires, réalisées et récompensées par ce concours, c’est ici qu’il faut cliquer.

Ne ratez, sous aucun prétexte, l’incroyable photo du Cormoran à aigrettes (Nannopterum auritum) prise à Espíritu Santo, Baja California Sur, Mexique par Henley Spiers.

Initiation à l’ornithologie

Baie du Mont Saint-Michel (photo personnelle)

Samedi 5 novembre 2022 a eu lieu la 1re journée du cycle 2022 d’initiation à l’ornithologie, journée organisée par l’association Bretagne Vivante, et intitulée
«  Reconnaître les oiseaux d’Ille-et-Vilaine ».
L’animation et l’expertise étaient assurées par deux naturalistes aussi sympathiques que compétents : Manon SIMONNEAU et Matthieu BEAUFILS. 


MATINEE

La matinée s’est déroulée dans le parc des Gayeulles, à Rennes. Il faisait beau mais frisquet. Nous avons déambulé dans le parc, dûment équipés de jumelles.

  1. Les participants ont appris à se repérer sur une carte :
    • Pour bien utiliser une carte sur le terrain, on cherchera d’abord à l’orienter. En pratique, c’est assez simple puisque, sur une carte IGN, le Nord correspond aux bords droit ou gauche de la carte. Deux options ensuite : On dispose d’une boussole : on peut alors aligner un méridien (ligne noire sur la carte) avec l’aiguille de la boussole. 
    • Si on connaît sa position : il suffit alors de repérer sur la carte un point facilement identifiable du terrain (clocher, château d’eau, sommet…. On fait ensuite pivoter la carte en visant ce point. Si possible, on pense à contrôler l’orientation en visant au moins un autre point remarquable.  source IGN
  2. Les participants ont compris la notion de strates végétales (seules les 3 premières strates citées étant intéressantes en ornithologie)
    • strate arborée
    • strate arbustive
    • strate herbacée
    • strate bryo-lichénique, muscino-lichénique ou cryptogamique
    • strate hypogée ou infracryptogamique
  3. Les participants ont repéré les différents biotopes avec, l’instruction était claire, les yeux d’un oiseau. En appréhendant l’espace dans lequel il se trouve, et en tenant compte de la saison, l’observateur peut prévoir quelles espèces d’oiseaux il sera susceptible d’observer. En pratique nous avons évolué devant les espaces suivants :
    • Prairie (espace ouvert)
    • Plan d’eau (espace ouvert)
    • Forêt 
    • Haie
    • Taillis
    • Chemin creux
    • Route

      ➜ Pour les oiseaux d’Europe, l’habitat principal de nidification peut se ranger dans 6 domaines :
      • Agricole ou rural (cultures, plaine, montagne) ;
      • Eau douce (étang, lac, marais non salé, rivière) ;
      • Forestier (forêt) ;
      • Maritime (mer, rivage, marais salé) 
      • Rocheux non maritime (rocher, falaise) ;
      • Urbain (ville, village, parc, jardin). source wikipedia
  4. Quelques notions naturalistes ont été abordées au fil des discussions :
    • Le climax
    • La notion absurde de reforestation (Voir l’excellent article du n°2 de la revue Epsiloon sur le sujet). Laissons pousser les arbres et les haies, ne les plantons jamais, la nature est plus efficace que l’homme pour construire. Pour détruire, en revanche…
  5. Au cours de cette exploration, de nombreux oiseaux ont été entendus et observés, à la grande joie des apprentis ornithologues ! Figurez vous que les ornithologues compétents savent identifier les oiseaux sans les voir, mais en écoutant leur chant. Certains logiciels se prévalent de cette compétence, avec un talent, cependant, qui laisse à désirer ! Bref, nous avons croisé la route des oiseaux suivants :

Après-midi en classe

Bien au chaud, les présentations magistrales, rares et synthétiques, ont été précédées de jeux didactiques et instructifs.

  1. La place des oiseaux dans la classification phylogénétique du vivant a été expliquée. Ce domaine est manifestement aussi complexe que mouvant. Les apports de la génétique bouleversent les notions classiques et les classifications. Dans bien des champs, le consensus scientifique semble hors de portée.
    • L’ouvrage de référence sur le sujet, daté de 2017, en deux tomes, est disponible ici
    • On trouve une synthèse intéressante de la classification phylogénétique des êtres vivants sur Internet : Voir ici
    • Nous avons appris
      • que les crocodiles sont les animaux les plus proches des oiseaux (leurs ancêtres communs étaient les dinosaures), et que les reptiles n’existent plus. 
      • Que la mésange à longue queue (Aegithalos caudatus) n’est plus une vraie mésange.
    • Que les oiseaux sont identifiés par leur nom vernaculaire, parfois variable selon les régions, quand, pour les publications et travaux scientifiques ils sont identifiés par un nom scientifique en latin, avec le Genre (Capitale à la première lettre) et l’espèce (en lettres minuscules)
      • Exemple : la bergeronnette des ruisseaux (fort élégante avec son plastron jaune) se nomme Certhia brachydactyla, famille des Certhiidae, ordre des Passeriformes. Fort heureusement, les ouvrages d’aide à l’identification des oiseaux, dans leur grande bienveillance, donnent pour chaque espèce les deux noms, vernaculaire et scientifique.
  2. Puis, nous sommes entrés dans le vif du sujet  avec quelques exercices qui nous ont appris les critères d’identification des oiseaux

DOCUMENTATION

Pour découvrir les sites, les logiciels et les livres qui pourraient s’avérer utiles pendant cette formation, je vous propose de consulter la page dédiée de ce site. Les informations seront enrichies ou amendées au fur et à mesure de la formation.


Les oiseaux des jardins bretons

Après un an de travail, les équipes de Bretagne Vivante et du Géoca sont fières de vous présenter le site dédié aux résultats des comptages des oiseaux des jardins en Bretagne.

Cette plateforme, financée par l’Observatoire régional de l’avifaune (ORA), rassemble plus de 10 ans de données collectées grâce à vous, les milliers de participants de cette opération de science participative ! 

Le site vous permet de : 

  • Connaître en un coup d’oeil les résultats du comptage de l’année.
  • Visualiser les données régionales et départementales de la participation.
  • Connaître les résultats à l’échelle de votre commune.
  • Obtenir les bilans annuels des derniers comptages.
  • Visualiser les tendances évolutives d’une espèce ou de toutes les espèces confondues.
  • Découvrir les fiches espèces des oiseaux des jardins.

L’ Arche de Joel

Tout le monde a entendu parler de l’arche de Noé. D’après la Bible, un navire fut construit par Noé, sur ordre de Dieu, afin de le sauver du Déluge sur le point d’advenir, lui, sa femme, ses trois fils et leurs épouses, ainsi qu’un couple de toutes les espèces animales. L’histoire figure dans le livre de la Genèse, dans la Parasha Noah et dans le Coran. Source Wikipedia

Joel SARTORE est un photographe animalier aussi talentueux qu’original. Il travaille pour le National Geographic. A l’occasion d’une expérience familiale douloureuse, qu’il raconte sur son site, il prend conscience, à 42 ans, de la fragilité de l’existence. Tel un Noé moderne, ll entreprend de photographier l’ensemble des espèces animales de la planète et d’héberger ces images dans une arche numérique, qu’il nomme PhotoArk : « La quête d’un homme pour documenter les animaux du monde entier » écrit-il à propos de son projet.

Après 25 ans de travail, son Arche abrite les photographies de plus de 13400 espèces. Ces clichés, comme les vidéos, sont exceptionnels, et témoignent, à l’évidence, d’une très grande compétence naturaliste, comme de l’empathie de l’artiste pour ses sujets.

Pour voir cette PhotoArk, cliquez ici et admirez !

Les cycles de l’eau

Avez-vous entendu parler de pompe biotique, de rivière volante, de champignons qui font tomber la pluie, d’arbres fontaines, de plantes condensatrices ou, plus étonnant encore, saviez-vous que l’on peut cultiver l’eau ?

Je conseille chaleureusement la lecture de deux publications ayant trait au cycle de l’eau ou plutôt aux cycles de l’eau (au pluriel). La presse se fait l’écho d’épisodes climatiques aussi spectaculaires que dramatiques (cyclones, inondations, sécheresses et pénuries d’eau) et la guerre de l’eau pourrait même avoir commencé, chez nous en France.

1ere PUBLICATION 🇫🇷

Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau pour restaurer la fécondité des sols et prendre soin du climat. Voir ici

Dans ce passionnant document nous apprendrons :

1. Qu’il n’existe pas un, mais de multiples cycles de l’eau jusque là trop peu étudiés, que les cycles du carbone et de l’eau sont liés, et que la connaissance de ces cycles permettrait de cultiver l’eau.

2. Que les sols peuvent être des éponges pour peu qu’y soit cultivée la vie dans sa diversité.

3. Que les forêts génèrent de la pluie sur les terres émergées et que le végétal crée de l’eau nouvelle.

4. Que le principal gaz à effet de serre n’est pas le CO2, mais la vapeur d’eau, et que restaurer les cycles de l’eau perturbés pourrait être un outil majeur à la portée de l’humanité pour lutter contre le réchauffement climatique.

5. Qu’il est possible de transformer des déserts en édens fertiles et féconds.


2e PUBLICATION 🇬🇧

Not Your Childhood Water Cycle. Voir ici

La plupart des gens se souviennent d’une scène de leur enfance : un dessin montrant le parcours de l’eau, des océans aux nuages en passant par les rivières. Des mots longs et délicieux comme « évapotranspiration » et « précipitation » viennent probablement à l’esprit à cette seule évocation..

Le diagramme du cycle de l’eau de l’U.S. Geological Survey (USGS) est toujours utilisé par des centaines de milliers d’élèves aux États-Unis et dans le monde entier. Il est également à l’origine de très nombreux diagrammes dérivés.

Aujourd’hui, l’agence a publié un nouveau diagramme pour la première fois en plus de 20 ans, cette fois avec les humains comme scénaristes. Ce changement reflète les 20 dernières années de recherche qui ont permis de découvrir le rôle central de l’humanité dans le cycle et la manière de le communiquer visuellement. « Nous devons changer notre façon de penser à ces choses pour pouvoir vivre et utiliser l’eau de manière durable pour notre avenir », a déclaré Cee Nell, spécialiste de la visualisation des données au VizLab de l’USGS, qui a conçu le diagramme.

Outre les processus naturels tels que l’évaporation des océans, les précipitations sur terre et le ruissellement, le nouveau diagramme présente le pâturage, le ruissellement urbain, l’utilisation domestique et industrielle de l’eau et d’autres activités humaines. Chaque étiquette du diagramme provient de données retraçant les chemins et les bassins d’eau importants dans le monde.

Espèces exotiques envahissantes

De récentes lectures m’ont fait appréhender une des conséquences néfastes de la mondialisation sur la biodiversité : les espèces exotiques envahissantes. Ces espèces peuvent être animales ou végétales.

Voir cet article : Quelle est la pire des menaces qui pèse sur la biodiversité ?

Qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante ?
Une espèce exotique envahissante (EEE) est une espèce introduite par l’homme volontairement ou involontairement sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle, et qui menace les écosystèmes, les habitats naturels ou les espèces locales.  
Toutes les espèces introduites ne sont pas envahissantes, schématiquement 1 espèce sur 1000 le devient.


Quatre étapes décrivent le processus invasif :

  1. L’introduction : une espèce arrive sur un territoire dont elle n’est pas originaire
  2. L’acclimatation : l’espèce survit sur son nouveau territoire
  3. La naturalisation : l’espèce se reproduit sur son nouveau territoire
  4. L’expansion : l’espèce colonise ce territoire et s’étend, au détriment d’espèces locales qu’elle va supplanter voire totalement éradiquer.

Ces étapes peuvent se dérouler sur un temps assez long, l’espèce restant « discrète » pendant une période donnée, puis connaître une phase rapide d’expansion à la faveur de modifications diverses (climat, ressources, etc.).
source


En Bretagne, la récente conférence d’un expert de FREDON, nous a appris que 6 espèces végétales exotiques peuvent être considérées comme envahissantes :

  1. Le séneçon en arbre (Baccharis halimifolia) : son pollen peut entraîner des symptômes allergiques (en septembre-octobre) et notamment une aggravation du rhume des foins. Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique a classé son pollen dans la catégorie « modéré » ce qui signifie que cette espèce ne doit pas être présente en trop grand nombre. Par ailleurs, Baccharis halimifolia augmente le risque d’incendie dans les friches car c’est un bon combustible. En effet, ses feuilles et son bois sécrètent une résine facilement inflammable.
  2. La berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) : La berce du Caucase comporte un risque sanitaire grave. En effet, sa sève contient des substances photosensibles (appelées furanocoumarines) qui, quand elles entrent en contact avec la peau et que la personne atteinte s’expose au soleil, provoquent des brûlures pouvant être très conséquentes (jusqu’au troisième degré).
  3. Le datura stramoine (Datura stramonium) : Le datura stramoine pose d’importants problèmes sanitaires, car chaque partie de la plante (tige, feuille, fruit, graines, racine) est toxique. Poussant dans les cultures, il peut induire une baisse des rendements ainsi qu’une contamination des récoltes. Une fois ingéré, il peut provoquer une confusion mentale, des effets hallucinogènes, des amnésies… Les doses létales chez l’enfant de 2 à 5 g de graines et une dose létale chez l’adulte de 10 à 12 g de graines (1g ≈ 100 graines).
  4. Le raisin d’Amérique (Phytolacca americanum) : La plante est intégralement toxique. A partir d’une tasse d’infusion des feuilles ou de 10 baies ingérées (pour un adulte) les premiers symptômes apparaissent (diarrhée aiguë, vomissements, douleurs abdominales, tachycardie, vertiges).
    Sa toxicité est avérée pour les bovins, les porcs, les chevaux, les moutons, certains mollusques et certaines volailles (dinde notamment). Des cas d’empoisonnement ont été recensés pour des chevaux en forêt de Fontainebleau conduisant à la mort des animaux. Le pâturage est donc à proscrire comme moyen de gestion du phytolaque.
  5. Les grandes renouées asiatiques : Ces plantes sont une menace pour la faune et la flore. Il est très difficile de lutter contre elles et finissent par fermer le milieu et recouvrir intégralement des zones entières : la flore initialement présente, riche de sa diversité, disparait sous l’effet de l’ombrage créé. Les grandes renouées asiatiques sont des compétitrices redoutables notamment grâce à leurs propriétés allélopathiques : elles sont capables de produire des composés chimiques toxiques qui gardent à distance toutes les autres plantes et donc les animaux associés.  Il existe quatre renouées asiatiques invasives identifiées par le Conservatoire Botanique Nationale de Brest.
    1. La renouée du Japon (Reynoutria japonica)
    2. La renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis)
    3. La renouée de Bohême (Reynoutria bohemica) qui est un croisement des deux premières 
    4. La renouée à nombreux épis Polygonum polystachyum)
  6. L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) : Son pollen, responsable de nombreuses allergies respiratoires, pose un sérieux problème de santé publique.

S’agissant de la faune, de récentes lectures, m’ont fait découvrir quelques espèces exotiques envahissantes dans le règne animal. Il en est bien d’autres que celles que je cite.

  1. Le frelon asiatique : (Vespa velutina) :  Vespa velutina capture des abeilles domestiques (38,1 %), des mouches (29,9 %) et des guêpes sociales (19,7 %), ainsi qu’un large spectre d’autres arthropodes (au moins 159 espèces). Les proies varient également selon l’environnement du nid : les colonies urbaines chassent plus d’abeilles domestiques, tandis que les forestières attaquent davantage de guêpes sociales. Vespa velutina est un prédateur généraliste et opportuniste qui cible surtout les proies localement abondantes. Son impact sur la plupart des espèces sauvages resterait donc limité. source. Un apiculteur breton a inventé un piège à frelons asiatiques, tellement sélectif et efficace, qu’il a gagné une médaille d’or au Concours Lépine 2022.
  2. La fourmi électrique (Wasmannia auropunctata) :  C’est une espèce de fourmis invasives pouvant former des supercolonies, grâce à un mode de reproduction très particulier. (sexué et par clonage !).  Originaire de l’Amérique du sud, elle se trouve aujourd’hui sur la majorité des continents. Elle a été observé à Toulon en 2006. Sa piqûre est très douloureuse et elle menace la biodiversité. Cette espèce de fourmis est considérée comme l’une des plus envahissantes au monde. Et elle a été récemment placée sur la liste des espèces préoccupantes pour l’Union européenne. Parce que ses impacts écologiques et économiques sont majeurs.  source
  3. Humbertium covidum  : La science participative a permis de découvrir un ver plat déjà présent en Europe. Aperçu dans les Pyrennées-Atlantique et en Italie, Humbertium covidum est une nouvelle espèce exotique invasive dont les caractéristiques du génome ont pu être différenciées grâce aux techniques modernes de la biologie moléculaire. Cette découverte est une nouvelle illustration du phénomène moderne de mondialisation… Depuis une dizaine d’années, nous savons que d’autres vers plats ont envahi les jardins de France :  le ver plat de Nouvelle-Guinée (Platydemus manokwari), les vers géants à tête en forme de marteau (surtout Bipalium kewense) et le bizarrement nommé Obama nungara, qui, à lui tout seul a envahi plus de 70 départements métropolitains. Source

Le CENTRE DE RESSOURCES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES permettra aux lecteurs curieux d’en apprendre davantage sur les espèces exotiques envahissantes, nombreuses, végétales et animales qui menacent la biodiversité. 

Etonnements naturalistes

Bizarre ? Vous avez dit bizarre ? La nature dans son incommensurable diversité, réserve bien des surprises et suscite bien des étonnements. Je vous propose de découvrir ou redécouvrir quelques faits étonnants.

L’ACCOUCHEMENT DES HIPPOCAMPES MÂLES
Les Hippocampes (Hippocampus) sont un genre de poissons à nageoires rayonnées de la famille des Syngnathidae. Une cinquantaine d’espèces se répartissent dans les eaux tempérées et tropicales partout dans le monde. Leur reproduction est tout à fait étonnante. C’est en effet un des rares poissons à s’accoupler. Après la parade nuptiale, la femelle dépose ses ovocytes au fond de la poche ventrale du mâle grâce à un appendice abdominal appelé ovipositeur. La fécondation a lieu au sein du système génital masculin et l’incubation, de 3 à 4 semaines environ, se déroule donc dans le corps du mâle. Le mâle hippocampe donne naissance à plusieurs centaines de petits hippocampes, qui  s’accrochent aux algues en groupes grâce à leur queue préhensile. Bien peu survivront, environ 1‰. Vidéo


LA REPRODUCTION PROTOGYNIQUE DE CERTAINES GIRELLES
L’article de Wikipédia, explique le sujet à la perfection  : La girelle est le nom vernaculaire donné à certains poissons osseux de petite taille de la famille des Labridae. Ils sont inclus dans le groupe des Acanthoptères. De forme élégante, aux couleurs vives et brillantes, ils sont abondants dans les mers chaudes, communs en Méditerranée et entrent notamment dans la préparation de la bouillabaisse. Comme le mérou, la girelle peut changer de sexe, une fois au cours de sa vie, de femelle à mâle. On parle alors d’un mode de reproduction protogynique, ou d’hermaphrodisme séquentiel. Ce changement de sexe se fait lorsqu’il n’y a plus de mâle dominant. Pendant la phase de mutation, qui peut durer plusieurs semaines, la girelle semble très affaiblie, elle perd de sa vivacité, se montre peu et peut même rester enfouie plusieurs jours. Elle se nourrit moins, voire pas du tout, et sa peau perd de son éclat. Vidéo


LA POLLINISATION SOUS-MARINE PAR L’IDOTEE
Un petit crustacé bouleverse l’histoire de la pollinisation. Une équipe française, de la station biologique de Roscoff vient de montrer que l’idotée assure la fertilisation des gracilaires, des algues rouges apparues des centaines de millions d’années avant les plantes à fleurs.  En se déplaçant parmi les algues pour se nourrir, les idotées disséminent les cellules reproductrices mâles d’une algue à l’autre. Ces résultats suggèrent que les interactions de pollinisation animaux/végétaux seraient bien plus anciennes que nous le pensions. Cet article du CNRS nous explique tout ! Il y a même une vidéo sur le sujet 


LES ODONATES : PREDATEURS SUBAQUATIQUES D’ABORD, AÉRIENS ENSUITE.
Les odonates (Odonata) sont un ordre d’insectes à corps allongé, dotés de deux paires d’ailes membraneuses généralement transparentes, et dont les yeux composés et généralement volumineux leur permettent de chasser efficacement leurs proies. Ils sont aquatiques à l’état larvaire (parfois plusieurs années), et terrestres à l’état adulte (quelques semaines). Ce sont de redoutables prédateurs, d’abord subaquatiques puis aériens. On peut rencontrer occasionnellement dans tout type de milieu naturel, mais ils se retrouvent plus fréquemment aux abords des zones d’eau douce à saumâtre, stagnante à courante, dont ils ont besoin pour se reproduire. On les connait sous le nom de libellules ou de demoiselles. Vidéo


ILS BRILLENT LA NUIT
L’article de Wikipédia explique parfaitement ce qu’est la bioluminescence. La bioluminescence est la production et l’émission de lumière par un organisme vivant via une réaction chimique au cours de laquelle l’énergie chimique est convertie en énergie lumineuse. Le phénomène de la bioluminescence est un cas particulier de chimioluminescence. Il s’accomplit au cours d’une réaction chimique d’oxydation. Chaque être vivant produit de la lumière de manière différente, mais ils suivent tous une trame commune : l’oxydation de composés organiques induit une émission de photons. Vidéo
Les animaux capables de bioluminescence le font avec 5 objectifs possibles : camouflage, attraction, répulsion, communication, éclairage. On connaît notamment les « vers » luisants et les lucioles, La luminescence n’est pas la seule affaire des « vies » luisants ou des lucioles, elle est aussi observée chez 90 % des espèces peuplant les profondeurs abyssales, sur certains organismes vivant dans des grottes et dans une multitude de bactéries. Des chercheurs ont identifié 180 espèces de poissons capables d’émettre une lumière fluorescente, montrant ainsi que le phénomène était plus répandu que l’on pouvait le supposer.  

L’Homme, a la recherche de sources d’énergie nouvelles, tente de copier les capacités des animaux bioluminescence, notamment pour éclairer l’espace public. Vidéo

La grippe aviaire fait des ravages sur l’avifaune bretonne

Baie du Mont Saint-Michel

L’article a été rédigé par Bernard Cadiou, de l’association Bretagne Vivante, le 3 octobre 2022.

Durant la saison de reproduction 2022, une souche d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a touché les colonies d’oiseaux marins en Europe et en Amérique du Nord : en Écosse notamment de nombreuses colonies ont été touchées (fou de Bassan, labbes, goélands, sternes, etc.)

Les oiseaux sauvages, comme les oiseaux marins sont des réservoirs naturels des souches d’influenza aviaire faiblement pathogènes À l’origine l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 est apparue dans un élevage d’oies en Chine en 1996 Depuis le début de l’année 2021, l’influenza aviaire hautement pathogène se propage chez les oiseaux, tant dans les élevages que dans la faune sauvage Fin 2021, une mortalité massive de grues cendrées a été constatée dans la réserve naturelle du lac Hula en Israël, lors de leur halte migratoire, avec plus de 5 000 cadavres dénombrés Toujours fin 2021, une mortalité massive de bernaches nonettes a été constatée dans la région de Solway Firth en Écosse, avec une estimation de 5 000 oiseaux morts En février 2022, une mortalité massive de pélicans frisés a été constatée dans le parc national de Prespa en Grèce, avec plus d’un millier de cadavres collectés, et seulement 32 nids dénombrés contre 1 370 nids à la même période en 2021 Au printemps 2022, les foyers se multiplient dans les colonies d’oiseaux marins en Europe, notamment en Écosse Comment s’est faite la contamination initiale des oiseaux marins ? Nous n’avons pas la réponse à l’heure actuelle… Ensuite la contamination se fait par contact entre les oiseaux et aussi par les fientes Cette épizootie est mondiale, et touche notamment l’Europe et l’Amérique du Nord, avec un nombre de foyers du virus variable selon les pays et les régions Cette vague d’IAHP H5N1 (2021-2022) est sans précédent de par sa propagation rapide et de la fréquence élevée des foyers à la fois chez les oiseaux domestiques et sauvages

Certaines espèces d’oiseaux marins ont été plus fortement touchées que d’autres : c’est notamment le cas des fous de Bassan La colonie des 7îles dans les Côtes d’Armor a été touchée à partir de début juillet ; c’est LA colonie française, avec 19 000 couples en 2021 (en 2012 c’était environ 3 % des effectifs européens), et des milliers d’oiseaux sont morts cet été C’est aussi le cas pour la colonie de fous de Bassan de Bass Rock, en Écosse (la plus importante colonie de l’espèce) qui comptait de l’ordre 150 000 adultes reproducteurs, et qui a été gravement décimée Les goélands ont eux aussi été fortement touchés, notamment le goéland argenté Mais des colonies d’autres espèces ont aussi été sérieusement impactées comme la colonie de sternes caugek du platier d’Oye dans le Pas-de-Calais : 7 000 adultes présents au printemps, puis forte mortalité, et seulement 500 adultes et 200 jeunes en fin de saison de reproduction Sue l’île de Texel au Pays-Bas 3 500 cadavres de sternes caugek ont été dénombrés sur la colonie en juin, soit environ 40 % des adultes nicheurs sur l’île, bilan minimum car des oiseaux sont très probablement morts en mer ou ailleurs que dans les principales zones de reproduction Les adultes meurent sur la colonie ou en mer, et leurs poussins meurent de faim ensuite…

Le bilan actuel fait état de plusieurs centaines d’oiseaux marins morts dénombrés en Bretagne, mais ce bilan est sous-estimé et la mortalité se compte en milliers d’oiseaux à l’échelle de la Bretagne, et en dizaines de milliers à l’échelle européenne L’ampleur de l’épizootie est dramatique pour les oiseaux, notamment marins dont le fou de Bassan et le goéland argenté, les deux espèces les plus touchées par la maladie en Europe Selon l’ONG Birdlife, près de 400 000 oiseaux sauvages en seraient morts dans le monde, un chiffre certainement sous-estimé.

Le réseau Sagir de l’OFB (Office français de la biodiversité), réseau de surveillance des maladies infectieuses des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres en France, via le laboratoire de référence qui identifie les souches qui circulent, a mis en évidence des particularités : si toutes les souches qui circulent sont des H5N1, une souche s’est particulièrement adaptée aux laridés, une autre est exclusivement trouvée chez les fous de Bassan

Nous arrivons maintenant en période de migration et d’hivernage, avec l’arrivée d’oiseaux en provenance d’autres pays plus nordiques, et des cas de mortalité d’autres espèces touchées par la grippe aviaire ont été identifiés (anatidés et ardéidés par exemple… des rapaces sont également touchés, tout comme des faisans)

Et en hivernage, les oiseaux d’eau (canards, oies, limicoles) se regroupent et forment des grandes concentrations qui sont donc potentiellement plus à risque en termes de transmission, comme sur les colonies d’oiseaux marins.

C’est la première fois qu’une telle mortalité massive est enregistrée à une échelle géographique aussi vaste.

Une évaluation précise de la mortalité des oiseaux marins est pour le moment difficile Il faudra attendre la saison de reproduction pour mieux évaluer les impacts : les colonies sont recensées annuellement pour plusieurs espèces d’oiseaux marins, l’état des populations est connu, et les comptages au printemps 2023 permettront de mieux connaître le niveau de la mortalité et déterminer l’impact de l’épizootie

Tous les oiseaux survivants ne se reproduiront sans doute pas en 2023 car chez les oiseaux marins la formation des couples peut prendre quelques années et les oiseaux dont le partenaire est mort de la grippe aviaire devront trouver un nouveau partenaire et dans certains cas aussi un nouveau territoire pour y construire leur nid

Et certaines espèces d’oiseaux marins ont un statut de conservation défavorable, lié à divers impacts humains comme la surpêche et les changements climatiques qui affectent la disponibilité de leurs proies, ou encore les captures accidentelles dans les engins de pêche, le dérangement des colonies, les pollutions diverses, la prédation par des mammifères introduits, etc.

C’est donc sans précédent, et inquiétant, avec des craintes pour l’avenir des colonies bretonnes de certaines espèces d’oiseaux marins !

Il ne faut pas oublier que la cause d’origine est liée aux élevages intensifs, et que ce ne sont pas les oiseaux marins qui constituent une menace !


Bibliographie

  1. Agir pour la faune en détresse
  2. Bulletins hebdomadaires de veille sanitaire internationale Ici
  3. IAHP en France : une situation alarmante ! ici
  4. Influenza aviaire en France ici
  5. Réseau SAGIR
  6. Les oiseaux marin victimes d’une épidémie d’influenza inédite. Science et avenir
  7. An unprecedented wave of avian flu has been devastating bird populations across the northern hemisphere Ici
  8. Surveillance and monitoring responses to Highly Pathogenic Avian Influenza, a workshop at Cork Seabird Conference, August 2022  ici

A quoi pourrait ressembler la fin de l’abondance ?

Hausses vertigineuses des prix de l’électricité et du gaz, sécheresse et pénuries d’eau annoncées dans certaines régions, le grand public s’inquiète : pourra-t-on encore se chauffer, se déplacer, s’éclairer ? Et les hommes politiques,  président de la République en tête, majorent cette anxiété. Ce dernier a pris la parole, mercredi 24 août, en ouverture du Conseil des ministres pour expliquer que la France vit une grande bascule, marquée par « la fin de l’abondance »

4 émissions de baladodiffusion (terme canadien que j’ai la faiblesse de préférer au vilain podcast anglo-saxon) diffusées sur France Culture, dans le cadre des émissions « Avec Philosophie », brillamment animées par Géraldine Muhlmann, permettent de réfléchir à cet intéressant sujet: « A quoi pourrait bien ressembler la fin de l’abondance ? » 

1er épisode : Que faire face à la finitude de nos ressources ? 
La réduction de la production marchande est-elle suffisante ? Ne faut-il pas repenser en profondeur nos façons de vivre pour qu’elles soient plus respectueuses du vivant ? 
Invités : 

  • Jacques Attali économiste et écrivain; 
  • Dominique Bourg Philosophe

2e épisodeLe plaisir peut-il ne pas être prédateur ?
Comment le plaisir se manifeste-t-il dans le capitalisme ? Peut-on penser le plaisir hors des dualismes induits par rationalité moderne ? Suffit-il alors de se “soucier des autres” pour repenser le plaisir en dehors d’un cadre de domination ?
Invités : 

  • Estelle Ferrarese (professeure de philosophie morale et politique à l’Université de Picardie Jules Verne), 
  • Jeanne Burgart Goutal (professeure de philosophie au lycée à Marseille).

3e épisode : La peur de la fin du monde est-elle utile pour réfléchir ?
Comment imaginer la fin du monde ? La peur est-elle un moteur nécessaire à la réflexion ? Comment repenser l’histoire en prenant en compte la finitude humaine et l’amenuisement des ressources ? 
Invités

  • Perrine Simon-Nahum (philosophe, directrice de recherches au CNRS, professeure attachée au département de philosophie de l’Ecole normale supérieure (ENS), directrice de collection aux éditions Odile Jacob), 
  • Bruno Villalba (Sociologue, maître de conférences en science politique à AgroParisTech, spécialiste des politiques publiques environnementales).

4e épisode : Privation, abstinence, ascèse… est-ce l’avenir ?
Que pouvons-nous faire face au réchauffement climatique et à l’accroissement des inégalités ? Un changement de système est-il suffisant pour mettre fin à notre mode de consommation démesuré ? De quelle façon peut-on limiter certaines pratiques qui pourtant nous procurent du plaisir ?
Invités : 

  • Etienne Helmer (Philosophe, spécialiste de philosophie ancienne.)
  • Isabelle Kalinowski (Germaniste, directeur de recherche au CNRS).

4 épisodes très intéressants dont je conseille vivement l’écoute. 

1er atlas des cartes de l’anthropocène

L’information vient de tomber : l’IGN publie, en septembre 2022, son 1er atlas des cartes de l’anthropocène. Les randonneurs sont habitués aux cartes IGN, qu’elles soient dans leurs sac à dosen format papier, mais aussi et surtout, dans leur GPS ou leur téléphones, en format électronique. Que diable sont donc ces cartes de l’anthropocène, et quelles informations nous apportent-elles ?

L’anthropocène
Qu’est-ce donc que l’anthropocène, me demanderez-vous, cher lecteur ? 
Comme à l’accoutumée, Wikipédia répondra avec aisance à cette pertinente question :  L’Anthropocène est une proposition d’époque géologique qui aurait débuté quand l’influence de l’être humain sur la géologie et les écosystèmes est devenue significative à l’échelle de l’histoire de la Terre.
Le terme Anthropocène, qui signifie « l’Ère de l’humain », a été popularisé à la fin du xxe siècle par le météorologue et chimiste de l’atmosphère Paul Josef Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995 et par Eugene Stoermer, biologiste, pour désigner une nouvelle époque géologique, qui aurait débuté selon eux à la fin du xviiie siècle avec la révolution industrielle, et succéderait ainsi à l’Holocène. L’Anthropocène est toujours discuté par la communauté scientifique géologique – spécifiquement au sein de la commission internationale de stratigraphie (ICS) de l’Union internationale des sciences géologiques (UISG) – qui détermine les subdivisions de l’échelle des temps géologiques. Ce concept est de plus en plus utilisé dans les médias et la littérature scientifique et a provoqué de nombreux débats et recherches dans différents champs scientifiques

Le contexte
Comme nous l’explique le site de l’IGN, l’été 2022 a été marqué par l’intensité et la succession de records de chaleur, sécheresse, méga-feux de forêts, inondations et épisodes de vent violents. Face à ces bouleversements, l’IGN, dans sa mission d’appui aux politiques publiques, s’est engagé en 2021 à développer une capacité d’observation en continu. L’enjeu : produire des cartes thématiques sur un nombre limité d’enjeux écologiques majeurs qui rendent compte des changements rapides du territoire et des conséquences sur l’environnement. La carte, sous toutes ses formes, est un extraordinaire outil de médiation et de compréhension du monde. 

Les cartes de l’anthropocène permettront ainsi d’établir des diagnostics partagés et d’offrir des outils mobilisables par les acteurs pour parler un langage commun et relever les défis environnementaux. Par ce premier Atlas, qui a vocation à devenir un rendez-vous annuel, l’IGN présente ses cartes de l’anthropocène et décrit les enjeux technologiques pour les produire et cartographier les changements.

L’atlas de l’IGN
La première partie de cet Atlas présente 5 grandes thématiques : 

  1. l’évolution de l’artificialisation des sols 
  2. le suivi de l’état des forêts
  3. l’observation de l’érosion des reliefs et en particulier du trait de côte
  4. la cartographie prédictive des zones de biodiversité à protéger
  5. les épisodes naturels extrêmes où l’Institut peut jouer un rôle de vigie

La seconde partie de l’Atlas met en lumière les défis technologiques actuels et à venir qu’implique pour l’IGN l’observation en continu du territoire. Pour surveiller de façon plus fréquente l’évolution du territoire, pour obtenir des cartes dynamiques qui répondent aux nouveaux besoins de pilotage des politiques publiques, l’IGN investit pour réussir des virages technologiques majeurs dans l’acquisition, le traitement et la restitution des données (intelligence artificielle, LiDAR HD, croisement des sources, informatique en nuage, géovisualisation, jumeaux numériques…). L’Institut met en place un plan de recrutement et de formation inédit de 150 compétences nouvelles, en s’appuyant notamment sur son école d’ingénieurs l’ENSG-géomatique.


Le fichier
En téléchargement, cet atlas fait 9 Mo.
Un document étonnant, passionnant, et un zeste inquiétant !

 

Impacts de l’agriculture sur la biodiversité et les écosystèmes

Le 19 septembre 2022, TEYSSEDRE Anne, Docteure en Biologie évolutive, auteure et médiatrice scientifique interdisciplinaire a publié, sur le site de l’Encyclopédie de l’environnement, un très intéressant article, dont elle propose de retenir 11 messages :

  • Depuis le Néolithique, l’expansion et l’intensification de l’agriculture ont réduit d’environ un tiers la biomasse végétale des habitats terrestres, et de 10% leur productivité primaire (biomasse végétale produite par unité de surface et de temps).
  • La transformation des habitats pour l’agriculture réduit l’abondance et modifie la composition des communautés d’espèces sauvages : la proportion d’espèces généralistes augmente avec la perturbation des habitats.
  • Par ses effets directs et indirects, l’élevage exerce un fort impact sur la biodiversité et les écosystèmes. Ainsi, seuls 3% en biomasse des mammifères sont aujourd’hui sauvages.
  • Dans un agrosystème, la diversité des interactions entre espèces diminue avec l’intensité croissante des pratiques agricoles.
  • La résistance des agrosystèmes aux perturbations augmente avec la diversité et l’ancienneté des interactions entre espèces et diminue avec l’intensité des pratiques agricoles.
  • Le bouleversement massif d’écosystèmes par et pour l’agriculture entrave leur fonctionnement et leur productivité à moyen terme, au détriment des sociétés humaines et de nombreuses espèces.
  • Le défi agricole du 21e siècle est immense : atteindre une agriculture durable, de production suffisante, tout en préservant la biodiversité et en atténuant le changement climatique.

Le squalelet féroce

Connaissez-vous Isistius brasiliensis, un squale de petite taille (40 cm) qui vit dans les grands fonds ? J’ai découvert l’existence du squaletet féroce, tel est son nom courant, en lisant la page 75 du numéro 13 de l’excellente revue de vulgarisation scientifique Epsiloon. Les anglais le surnomment  cookiecutter shark (« requin emporte-pièce ») : il a particularité de quitter les grands fonds où il se cache pour « prélever » des rondelles de chair à la surface de grands animaux marins pour se nourrir (Baleines, requins, dauphins, phoques, poissons de toutes tailles, céphalopodes, etc…).

88% des espadons, sur les étals des marchés d’Hawaï, 96% des baleines bleues, observées au large de la Nouvelle-Zélande, portent des traces de ses attaques. Une cinquantaine d’espèces de cétacés, y compris des orques, et des nageurs hawaïens en ont été victimes ; il a même attaqué des sous-marins !

Isistius brasiliensis remonte des profondeurs le soir, il tend des embuscades, fond sur tout ce qui bouge, et découpe ses victimes comme un chirurgien. Heureusement, il est peu probable d’en rencontrer dans les eaux bretonnes !


Pour en savoir plus :
1. Wikipédia
2. Epsiloon, N°13, page 75 (réservé aux abonnés)

Visite guidée sur l’estran

La 1re visite guidée de l’estran, sur la plage du Sillon de Saint-Malo, accompagnée par les naturalistes de Bretagne Vivante, a été à l’origine de multiples découvertes et émerveillements, tant la vie y grouille, que le promeneur, marchant d’un pas rapide, ignorera superbement. 

Qu’est-ce donc que l’estran ? Une bonne présentation en est donnée par l’article de Wikipédia sur le sujet. L’estran, zone de balancement des marées, zone de marnage, zone intertidale ou replat de marée également appelé foreshore en sédimentologie, est la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées. Il constitue un biotope spécifique, qui peut abriter de nombreux sous-habitats naturels.
Il est découpé en trois étages, de haut en bas :
1. l’étage supralittoral
2. l’étage médiolittoral 
3. et enfin l’étage infralittoral.

Source Wikipédia

La laisse de mer se laisse la première découvrir, sur l’estran, au jusant ou à basse mer. Voici ce que nous raconte l’article de Wikipédia à son sujet. 

Le naturaliste débutant découvre, avec un zeste d’appréhension, qu’il lui faudra appréhender la taxonomie et les nombreux embranchements qu’il sera amené à trouver, observer, étudier, et recenser ! Aidé de livres et d’internet, j’en ai fait la liste, (plutôt longue) avec pour les curieux, des hyperliens qui permettront d’en apprendre davantage. 

LES EMBRANCHEMENTS VISIBLES SUR L’ESTRAN

source Guide des bords de mer, Delachaux et Niestlé, 2022 + Wikipédia

  1. Algues marines lien
    1. vertes, classe Chlorophyceae Lien
    2. brunes, classe Phaerophyceae Lien
    3. rouges, classe Rhodophyceae Lien
  2. Lichens Lien
  3. Phanérogames Lien
  4. Spongiaires, Porifera Lien
    1. Classe Calcarea Lien
    2. Classe Demospongiae Lien
  5. Cnidaires, Cnidaria lien
    1. Méduses, classe Scyphozoa Lien
    2. Hydrozoaires, classe Hydrozoa Lien
    3. Classe Alcyonaria (octocorallia) Lien
    4. Classe Zoantharia (Hexacorallia) Lien
      1. Ordre des Actinaria (Anémones) Lien
  6. Cténaires, Ctenophora Lien
  7. Phylum Entoprocta Lien
  8. Plathelminthes, Platihelminthes Lien
  9. Nemertes, Nemertea Lien
  10. Annélides, Annelida Lien
    1. Classe Oligochaeta
    2. Sangsues, classe Hirudinea
    3. Polychètes, classe Polychaeta
  11. Priapuliens, Priapula  Lien
  12. Echiuriens, Echiura Lien
  13. Sipunculides, Sipuncula Lien
  14. Crustacés, Crustacea Lien
    1. Classe Cirripedia Lien
    2. Classe Copepoda Lien
    3. Classe Ostracoda Lien
    4. Classe Malcostraca Lien
  15. Pyctogonides, Pyctogonida lien
    1. Nymphon gracile Lien
  16. Insecta
  17. Mollusques, Mollusca Lien
    1. Classe Polyplacophora Lien
    2. Classe Scahopoda (Dentales) Lien
    3. Classe Gastropoda Lien
      1. Sous-classe Prosobranchia Lien
      2. Sous-classe Opisthobranchia Lien
      3. Sous-classe Pulmonata Lien
    4. Classe Pelecypoda Lien
    5. Classe Cephalopoda Lien
  18. Phoronidiens, Phoronida Lien
  19. Brachiopodes, Brachiopoda Lien
  20. Bryozoaires, Bryozoa ou Ectoprocta Lien
    1. Classe Stenolaemata Lien
    2. Classe Gymnolaemata Lien
  21. Echinodermes, Echinodermata Lien
    1. Crinoïdes, classe Crinoidea  Lien
    2. Astérides (Etoiles de mer), classe Asteroidea Lien
    3. Ophiurides, classe Ophiuroidea Lien
    4. Oursins, classe Echinoidea Lien
    5. Holothurides, classe Holothurioidea Lien
  22. Hemichordata – Lien
    1. Entéropneustes, Classe Enteropneusta Lien
  23. Tuniciers (Urocordate) ou Tunicata Lien
    1. Classe des Ascidiacea (Ascidies) Lien
  24. Poissons côtiers
    1. Famille des Bleniidae (Blennies) Lien
    2. Famille des Gobiidae (Gobies) Lien
    3. Famille des Gobiesocidae Lien
    4. Famille desCallionymidae (Dragonnets) Lien
    5. Famille des Syngnathidae (hippocampes) : Lien
    6. Famille des Cottidae  Lien
    7. Famille des Gadidae Lien

Affaire à suivre !